Niki Mathews, vous connaissez? C’était bien le nom de Niki de Saint-Phalle (1930-2002) durant son premier mariage. De passage à Zurich, un petit tour au Kunsthaus était imparable. Jusqu’au 8 janvier 2023, cette rétrospective présente une centaine d’oeuvres, que ses incontournables Nanas ont souvent éclipsées. Allant de la joie polychrome à une plus sombre gravité, on y peut apprécier ses différentes facettes.

Le Nouveau Réalisme de 1960, dont Niki fait partie dès 1961, est fondé sur des racines politiques. Niki de Saint-Phalle, repérée par Restany lors de ses tirs, en sera la seule branche féminine et féministe. Le Manifeste du mouvement mentionne les « nouvelles approches perceptives du réel « , ce qui laisse place à nombre de pratiques, dont la performance et la vidéo, médias utilisés par l’artiste.

Parmi ses travaux monumentaux et notoires, en 1966 au Musée d’art moderne de Stockholm Niki de Saint-Phalle réalise avec son mari Jean Tinguely, « la plus grande putain du monde« . Mesurant 23m de longueur et pesant 6 tonnes, le public pouvait entrer par son vagin et visiter son riche intérieur (Hon/Elle).

Les crânes sont des motifs récurrents de son travail. Celui, monumental , exposé ici est une chambre de méditation à l’intérieur de laquelle on peut entrer, un genre que l’on peut voir aussi chez Mai-Thu Perret (Little Planetary Harmony en forme de théière) ou le 8 de Sylvie Fleury (en forme de capsule spatiale).

Mais ce sont ces  trois affiches datant de 2001 que j’ai trouvées vraiment symptomatiques de sa perspicacité et de son engagement au sujet de l’avortement, du réchauffement climatique et du port d’armes aux States.

Nous terminons notre pérégrination artistique près de Berne, pour aller voir de plus près les incroyables techniques picturales de Franz Gertsch dans son musée de Burgdorf.

Peintre et graveur sur bois de l’hyperréalisme, immortalisant les sous-bois, les rives du lac, les graminées de son jardin, Patty Smith ou des portraits de jeunes filles, il invente et repousse ses limites techniques avec une exigence infinie.

Les gravures sur bois de Frantz Gertsch alternent avec ses peintures et les motifs de séries peuvent être repris et réinterprétés jusqu’à la quasi abstraction. Dans des formats monumentaux, ses peintures ont leur source dans les clichés qu’il prend lui-même et projette sur la toile. Il esquisse alors les contours du sujet selon une méthode qui lui est particulière. Ses xylographies sont du même acabit. Les reliefs sont marqués par un nombre infini de petites entailles plus ou moins serrées, avant d’être encrées, puis imprimées sur un papier précieux importé du Japon, une sorte de pointillisme sculpté. Les planches de bois de tilleul sont enduites de couleur, puis le papier est posé dessus et pressé à la main.

J’aime particulièrement les gravures bleu outremer, un bleu issu de lapis-lazuli.

Une oeuvre majeure de Franz Gertsch, exposée au musée, est le cycle des quatre saisons, dont la réalisation de chaque tableau (3mx5m) lui a demandé environ un an (2007-2011).

Et voilà. Quatre jours sur les voies ferrées et dans les musées qui nous ont permis une belle traversée de l’art en suisse et la découverte de la superbe région de l’Engadine où nous ne manquerons pas de retourner pour y randonner cette fois-ci! Merci à celles et ceux qui nous ont suivis jusqu’ici…