
Depuis 1999, le site de l’arsenal de la République sérénissime est dévolu à la biennale de Venise. Ce chantier naval entamé au XIIe siècle, dont le bâtiment principal tout en longueur, est la corderie, accueille les sept autres pavillons à thème: dello spazio comune, della terra, delle tradizioni, degli sciamani, Dionisiaco, dei colori et dell’tempo e dell’infinito ainsi qu’une vingtaine de pavillons nationaux avec, tout au nord, les grands espaces de la Chine et de l’Italie.
Le Pavillon de l’Espace Commun présente des artistes qui travaillent sur le concept de collectivité et de partage, des oeuvres qui expriment la ressemblance entre les peuples:
Le travail poétique, tout en liens, attaches et coutures de Maria Lai (1919-2013) donne envie d’aller voir son musée à Ulassai en Sardaigne.
Un aperçu d’une chorégraphe américaine avant-gardiste, Anna Halprin (1920), qui ouvrit la voie à des pratiques dansées totalement innovantes, avec ses Tasks ou ses Rituels, comme danser la maladie et la mort et en faire une thérapie. Anna donne envie de danser.

David Medalla invite chacun à enrichir son pont des petits riens, Martin Cordiano s’intéresse à l’espace partagé et Franz Erhard Walther au corps et à la forme, mais qui osera utiliser sa sculpture de tissu?
Le Pavillon de la Terre regroupe des artistes dont l’oeuvre se préoccupe des relations entre l’Homme et la Nature. Les somptueux levers de soleil du bien nommé Charles Atlas, Shimabuku et la mémoire de la neige des singes japonais déracinés au Texas, les stalagmites des futurs fossiles de Julian Charrière, l’arbre à caoutchouc rouge symbole de colonisation de Thu Van Tran, ce chapitre-là donne envie de respecter notre Terre et sa variété:
Nouveau sujet: les artistes détournent l’héritage de leurs ancêtres. Ils en retirent l’ancienneté tout en préservant l’essence et leur offrent la modernité: c’est le Pavillon des Traditions qui emporte dans un monde de légendes.
Ernesto Neto invite au recentrage et à la méditation dans une gigantesque tente de broderie, tandis que Rina Banerjee mêle amulettes, fétiches et éprouvettes en une ensorcelante sarabande au Pavillon des Chamans.
Les Pavillons Dionysiaque (féminité, sensualité), des Couleurs, du Temps et de l’Infini offrent des voyages bigarrés où l’art invente, comme le dit Christine Macel, « un néo-humanisme ». Liliana Porter et son « homme à la hache et autres brèves situations » m’a raconté plein d’histoires…
Tout au bout de la Corderie, la visite du bâtiment se termine avec le brio d’Alicja Kwadé (1979), une artiste née en Pologne, ayant étudié aux Beaux-Arts de Berlin, où elle est installée. Elle travaille le concept de réalité perçue ou construite, deux facettes d’une vérité qui souvent nous échappe, remarquablement illustrée par son installation de miroirs et de minéraux où l’on se meut avec étonnement et prudence…
Une large et belle part est donnée aux artistes femmes pour cette Biennale et pas seulement les jeunes! Cliquez sur une image pour l’agrandir.
Les pavillons nationaux de l’Arsenal font l’objet de la prochaine publication.
C’est bon tout ça, merci beaucoup ! Les oeuvres de Michel Blazy sont souvent évolutives dans le temps avec des moisissures qui se développent, etc, sais-tu si l’oeuvre que tu as photographiée subira des changements ? On dirait des livres coupés au cutter dans leur épaisseur mais je ne me rends pas bien compte de la matière qui les recouvre.
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c’est l’érosion de l’eau qui goutte continuellement et les ronge.
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Magnifique exposition, de jolies oeuvres. J’apprécie beaucoup Anna Halprin, entre autres. Mais ce bâtiment, la Corderie m’intéresse aussi. Car dans ma région, il existe une Corderie Royale où est installé un musée très intéressant (sur la méthode de fabrication des cordes pour les nombreux navires de la flotte aux 17 et 18ème siècles). Elle mesure plus de 375 m de long.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Corderie_royale
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