« Blast! » Ruth Childs

Arsenic, Lausanne, du 14 au 17 mars 2024

Edvard Munch a su peindre le visage de la violence et de l’effarement à la fois. Cette bouche démesurément ouverte, ces yeux exorbités exprimaient crûment la violence subie. Ruth Childs reprend ce masque effrayé et effrayant pour figurer l’intensité de la violence.

Photographie: Marie Magnin.

Sur une bande son évidemment percussive qui varie de l’impétuosité virulente aux chuintements sournois en passant par les brillantes et piquantes sonorités des cymbales, la danseuse évoque par son corps et son faciès, puis encore par sa voix déformée par un vocodeur, le déchaînement de la violence, de la colère, de la férocité: convulsions, tremblements, catatonie, frénésie. Une brutalité qui submerge sans prévenir. Elle ne s’arrête pas là et incarne aussi la violence insidieuse. Celle qui se calcule. S’adressant au public, elle lui lance « J’avale… l’air… qui nous sépare ».

Oui, c’est exactement cela. La violence étouffe et dévaste. Même  douce, elle tourne au cauchemar. La violence est un champ de bataille.

Le langage chorégraphique saisissant de Ruth Childs emporte dans cet univers malaisant qui est celui d’une humanité hors d’elle, emportée par la sauvagerie. Son allégorie est magistrale.

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