Le Musée d’Art et d’Histoire de Genève, sous l’impulsion de son directeur Marc-Olivier Wahler, continue avec succès d’exposer sa collection mêlée aux oeuvres contemporaines d’un artiste choisi. Cette saison, Wim Delvoye, plasticien belge né en 1965, connu pour sa machine Cloaca reproduisant le mécanisme de la digestion.
L’exposition, une carte blanche à l’artiste, s’intitule « L’ordre des choses ». De salle en salle, les objets exposés sont confrontés aux créations de Wim Delvoye (ou est-ce l’inverse?). Transformés et manipulés, distendus ou troués, remodelés ou détournés, ces objets font écho à l’histoire de l’art, de l’architecture ou même de l’industrie.
Débutant la visite, on comprend mieux pourquoi des bouchons d’oreilles sont mis à disposition à l’entrée! En effet, des circuits de billes parcourent, non seulement les sculptures revisitées, mais aussi les salles du musées et certaines oeuvres exposées. (lien vidéo)
Après Canova twisté, les perforations de Fontana invitent à suivre du regard les sillons que l’on dirait creusés par les billes dans les sculptures et les rails accrochés aux cimaises, conduisant les boules vers des percements d’oeuvres célèbres ou anciennes.
Au détour d’une traversée, rencontre avec un sèche-cheveux etr deux balles de ping-pong aussi surréaliste que celle d’une machine à coudre et d’un parapluie!
Plus loin, une salle tapissée d’étiquettes « Vache qui rit » surprend les visiteur.euse.s. Elle présente la collection personnelle de L’artiste commissaire d’exposition, une accumulation étonnante parmi laquelle les similitudes et les différences se bousculent.
Une autre surprise, les mises en étuis de Wim Delvoye! Introduits par les coffres des violes et luths anciens ainsi qu’un véritable sarcophage, un seau, un vélomoteur, une pelle se sont vus protégés par des étuis à leur silhouette.
La grande salle des armures renferme elle aussi des pelles, celles-ci gravées et ornementées. En référence aux objets tout-faits de Marcel Duchamp, de sa pelle à neige intitulée « In advance of the broken arm ». Malgré son usage initial trivial, le public accepterait-il plus facilement d’y voir une oeuvre d’art à part entière lorsqu’elle est ouvragée? Carrosseries, vaisselle, valises et casques côtoient les armures anciennes du musée. Une interrogation s’installe sur la noblesse ou la vulgarité des objets.
Wim Delvoye exploite ici le style gothique en ornant la tour de Bruxelles d’acier inoxydable ouvragé, tandis qu’une maquette de tombeau des Scaligeri de Vérone, monument qui aurait inspiré celui bâti en 1879 pour Charles II à Genève.
Quelle joie de découvrir la projection « Der Lauf der Dinge (le cours des choses) » dans la salle adjacente! Le film de Fischli & Weiss est non seulement une merveille d’humour, mais il met en avant les effets des réactions en chaîne, ici sur des objets, et, par métaphore, ce que l’on appelle l’effet papillon qui mène à la théorie du chaos. « Un simple battement d’ailes d’un papillon peut-il déclencher une tornade à l’autre bout du monde ? »
En fin de parcours, des croquis, esquisses et plans de machines en créations. De fascinantes et mystérieuse machines semblent pouvoir émerger de ces dessins techniques. Comme Delvoye, ceux de Tinguely, Panamarenko, Stahl (XIXe) et Hourlet (XVIIIe) montrent les détails de leurs élaborations.
La visite demande une certaine patience acoustique. Les oeuvres de la collections sont vraiment mises en valeur par leur confrontation avec l’artiste invité. On appréciera ou pas le travail artistique et les concepts de Wim Delvoye, une oeuvre qui, de toute évidence, questionne l’art et son histoire, et surprend autant qu’elle provoque.
Pfffff…. Vraiment? la charité?
CultURIEUSE 
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