« Women in Revolt! » Tate Britain

See Red Women Workshop (collectif 1974-1990), YBA Wife- Is There Life after Marriage?, 1981

Cinquième demande de la conférence du women’s liberation movement en 1974, l’affiche ci-dessus questionne l’acquisition de l’indépendance des femmes mariées légale et financière. Et les célibataires?

L’exposition explore les liens entre l’art et l’activisme au Royaume-Uni dans les années 1970-1990. Women in Revolt!, jusqu’au 7 avril 2024 à la Tate Britain, Londres, expose les travaux d’une centaine de femmes artistes ayant utilisé des idées radicales et des méthodes rebelles, pour alimenter le mouvement de libération des femmes pendant une période de changements sociaux, économiques et politiques importants. Malgré de longues carrières, ces femmes artistes ont été le plus souvent exclues de l’histoire de l’art britanniques (et mondiale!). Cette exposition les affiche pour la première fois depuis les années 70.

Politiquement, le mouvement se situe au coeur de la deuxième vague du féminisme, née durant les Trente Glorieuses (environ 1945-1975). Elle se caractérise par l’entrée massive des femmes dans le marché du travail et les universités, ainsi que par la liberté sexuelle que leur offre l’accès à la pilule contraceptive ou encore la méthode d’avortement Karman. La prise de conscience de ces femmes concerne un système patriarcal insoluble à renverser pour permettre d’instaurer de nouvelles valeurs et relations entre les genres.

Vue partielle de l’exposition

Les sufragettes du Royaume-Uni étaient considérées comme des extrémistes au début du XXe siècle. Après les horreurs qu’elles ont vécues en manifestant pour le droit de vote ( le 18 novembre 1910: un dramatique Black Friday!), une nouvelle génération de  féministes se lève pour ses droits. Le militantisme féministe prend des formes très diverses : création de centres pour femmes, campagnes variées, marches contre les limitations de l’avortement, ouverture de refuges pour les femmes victimes de violences, etc. La légalisation de la contraception a lieu en 1967. Les droits fondamentaux « acquis » durant ces années sont la loi sur la propriété des femmes mariées (1964),  la loi sur l’égalité des salaires (1970), la loi sur la discrimination sexuelle (1975) et la loi sur la violence domestique (1976).

Rose English, Small porcelain pieces et Study for divertissement, 1973

Ci-dessus, Rose English documente sa performance en photographies et expose ses figures en porcelaine, brisées lors de ses danses sur la musique d’Erik Satie.

Durant cette deuxième vague féministe, les femmes noires réagissent, ne se sentant pas incluses dans les revendications des femmes blanches. En 1989, la notion d’intersectionnalité est définie par Kimberlé Crenshaw: outil d’analyse des différents systèmes d’oppression qui s’articulent et se renforcent mutuellement.

Hannah O’Shea, Stills for a Visual Time Span, 1975

La libération des femmes passe par la libération de leur corps. L’art de la performances, celui du « risque immédiat », implique la confrontation avec un public. Les dadaïstes l’inaugure et il sera abondamment utilisé par les artistes femmes, souvent à but politique, revendications sociales ou émancipations.

Judy Clark, Cycle, 1973

Dans son art performatif, Judy Clark utilise ce que rejette le corps, ici le sang menstruel. Pour elle si on comprend le rythme du corps, saisir les rythmes sociaux, cosmiques et historiques devient plus aisé. Elle explore le tabou des règles et de ses traces.

Lubaina Himid, Dog Years, 1981-83

Cette oeuvre, les années chien (Dog Years),  de Lubaina Himid fait partie d’une série de cinq. Elle le considère comme son premier travail féministe au début des années 80: « Je n’ai eu qu’à regarder par la fenêtre et observer les jeunes hommes dans la rue utilisant leur animal comme une arme dans le but d’effrayer. Ils portent des T-shirt du National Front, pissent contre les murs et spraient des graffitis haineux envers les noirs qui selon eux ont envahis leur monde ».

Rose Finn-Kelcey, Divides-self (Speaker Corner), 1974-2011

le photoi-montage de Rose Finn-Kelcey la montre en dialogue avec elle-même. Le titre fait référence à un ouvrage psychiatrique de 1960 qui met en évidence la tension entre les deux personnas: l’authentique et celle que l’on montre en société. Les rôles attendus de la femme dans la société patriarcale reflètent assez peu leurs désirs internes. Ce qui peut amener à des identités divisées.

Erica Rutherford, the Bed, 1973

Erica Rutherford a peint cet acrylique avant l’opération de changement de genre. En 1993, elle publie son livre « les 9 vies d’Erica Rutherford » où elle parle de sa dysphorie de genre. Elle écrit : « passer du masculin au féminin m’a mise face aux humiliations d’être traitée quotidiennement en inférieure« .

En savoir plus (mais en bref tout de même) sur les quatre vagues du féminisme et leurs revendications: cliquer ICI.

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