« Mythologies Américaines » I. Mike Kelley

Cette première visite dans l’incroyable lieu d’exposition de la Bourse de Commerce /Collection Pinault m’a beaucoup plu. Non seulement les artistes étaient intéressant.e.s, mais le lieu, dont l’architecture intérieure centrale a été remaniée par Tadao Ando, mérite le détour.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

 

Au vu de l’immense espace et de la richesse des expositions présentées, je n’ai hélas pas eu le temps de voir l’exposition de Myra Schor.

Un premier chapitre sur l’exposition de Mike Kelley sera suivi d’un second sur l’artiste peintre radicale et féministe Lee Lozano.

Mike Kelley (1954-2012) bénéficie d’une retrospective intitulée Ghost and Spirit (jusqu’au 19 février). L’artiste américain, issu d’un milieu prolétaire, passe son enfance et adolescence à Detroit, Michigan, baigné par la musique underground. Il étudie dès 1978 au California Institute of arts de Los Angeles, inspiré par les techniques de la performance et de l’installation. Entre pop et trash, son travail s’investit dans les problèmes de classes sociales et de genres, traversé par diverses techniques comme le dessin, la sculpture, la peinture, le collage, performances et installations. Son oeuvre se déploie autour de son intérêt pour les rituels, les mémoires, les rapports sociaux, la culture populaire.

L’enseignement qui lui est servi au Calarts est celui de l’art conceptuel et minimal. Il va s’en servir de manière ironique pour son travail de diplôme avec ses maisons pour oiseaux (Gothic Birdhouse) « do it yourself « qu’il déforme en y ajoutant des éléments ou en jouant sur leur taille et y juxtaposant les métaphores.

Gothic Birdhouse et Perspectaphone (1977-78) Encadré: dessin et titre assumant le fait que l’oiseau est un symbole de l’âme.

 

Vue de l’exposition 2e étage

Ces quatre noeuds papillons sont des peintures acryliques sur feuilles métalliques. Des deux tableaux à gauche, l’un est peint avec du sperme, l’autre avec de la poudre d’artémies (minuscule crustacés). Le bois peint dans l’angle s’intitule « Fallopian Tube« . Le quadriptyque Shock est peint au mercurochrome. les oeuvres datent du début des années 80.

Les oeuvres exposées ont souvent été créées lors de performance où l’artiste était grimé ou jouait des rôles. Ci-après, une peinture exécutée à la manière de Pollock (Meditation of a can Vernors) où est suggérée une méditation sur le patrimoine américain, la masse noire, duquel émerge un minuscule paysage. AE étant l’inversion de « Early American ».

A.E. Landscape, 1981

Son cycle de la création montre une ironie mordante envers les légendes de la création. Il y subvertit le mythe d’une création pure et réfléchie et décrit une fonction physiologique usuellement vue comme impure.

En écho aux anthropométries d’Yves Klein, Mike Kelley imprime son corps sur un drap à côté d’une sorte de test de Rorschach évoquant l’inconscient psychique, impliquant autant la religion (saint suaire), l’art ou la masculinité. Il s’inspire des productions féministes des années 80 en interrogeant à son tour la masculinité.

Mike Kelley, Red Stain, 1986

Pour l’un de ses projets,  il fait intervenir un philosophe (Platon), un artiste (Rothko) et un homme politique (Lincoln), interrogeant le pouvoir et la transcendance de la masculinité occidentale au travers de figures masculines historiques.

 

Exemple de notes de l’un des multiples projets de Mike Kelley

Pour la série Half a man (à demi-masculin), Mike Kelley s’empare d’objets faisant partie de l’enfance et des questions de genre dans le contexte familial. Il produit tout un cycle d’oeuvres comprenant des bannières à messages, des tricots all-over, des pièces anti-minimales ou des sculptures évicérées, parodiant avec des matériaux domestiques les pratiques masculines des artistes américains.

Durant les années 90, Mike Kelley tente de se remémore les lieux de son éducation, lieux où sa personnalité et son esprit se sont formés. N’y parvenant que partiellement, il exploite la théorie de la mémoire refoulée ou traumatique et élabore une théorie du « complexe éducationnel ». Il reprend une technique populaire et accumule des objets dans le ciment, tentant de reconstituer de mémoire les lieux et situations entourant son enfance.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Mike Kelley, Memory Ware Flat, 2001 (talismans et objets souvenirs)

Les installations du projet Day is Done s’intéressent aux rituels des adolescents et étudiants à partir de photos de Yearbooks et de vidéos de fiction. L’intention de l’artiste était d’en créer une (comédies musicales, oeuvres d’art total) pour chaque jour de l’année à visionner en 24 heures. Il n’a pu en réaliser que 36, ayant mis fin à ses jours en 2012.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Kandor est la ville mythique où est né Superman sur la planète Krypton (BD 1930). « Comme des peintures de Matisse en trois dimensions qui auraient pris des tonalités de science-fiction »(MK citation), l’artiste réalise diverses versions de cette ville imaginaire qu’il met sous cloche. Evoquant le roman autobiographique de Sylvia Plath, il en fait une image du temps qui n’a jamais été, une image utopique d’un futur qui n’est jamais arrivé. dans une vidéo, Superman lui-même est filmé lisant le roman. Cette installation chimérique se trouve dans la salle circulaire située au coeur du bâtiment, lui-même surmonté d’une verrière monumentale. Cette installation, figurant un super héros mélancolique et l’alliant à une romancière mythique s’étant donné la mort, donne une petite idée de l’esprit dans lequel évolue la créativité de Mike Kelley.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Sur le site de l’artiste Mike Kelley, une ribambelle d’oeuvres à visionner (lien ICI).

3 réflexions sur “« Mythologies Américaines » I. Mike Kelley

Laisser un commentaire