« 2020: Obscene » Alexandra Bachzetsis

A L’Arsenic-Centre d’art scénique contemporain les 28, 29, 30 janvier 2023

Avec Alexandra Bachzetsis, Owen Ridley-DeMonick, Sotiris Vasiliou, Tamar Kisch.

Alexandra Bachzetsis est chorégraphe et plasticienne. Elle vit et travaille à Zurich. Sa pratique artistique se déploie au carrefour de la danse, de la performance, des arts plastiques et du théâtre. (…) l’influence réciproque entre les médias «populaires commerciaux» (réseaux sociaux, vidéoclips ou télévision) et l’«art» (danse classique, moderne et contemporaine, performance et arts plastiques).

Photo Melanie Hofmann

Sur la photo ci-dessus, la ressemblance avec une poupée Barbie est frappante. Alexandra Bachzetsis possède une plastique (de chair) aussi longiligne que le célèbre jouet datant des années soixante. Vêtue d’un justaucorps long rouge, adhérent tel une seconde peau, elle est chaussée d’escarpins à talons aiguilles. Avec son abondante chevelure noire, elle est impressionnante.

La scène est recouverte d’une sorte de vinyle rouge d’un côté et jaune de l’autre. Deux estrades à trois marches seront déplacées selon les besoins du show. Par moments, deux caméras sur pieds filment l’action, mues par les acteurices.

2020Obscene©MelanieHofmann

Ce qui est mis en scène semble être l’attrait narcissique de l’image personnelle tout autant que l’exacerbation du désir qu’il pourrait susciter chez les regardeurs, que l’on peut dans ce cas nommer voyeurs.

La performance, née durant le premier confinement, est jouée par la créatrice et trois interprètes. Les postures sont très étudiées, souvent outrées, proches du voguing. Comme en permanente et artificielle représentation, les corps, qu’ils soient filmés ou pas, semblent n’exister que sous tension ou alors inanimés.

Le même  dialogue réapparaît, déclaré par d’autres: paroles de rejet de l’un.e, portées en dérision par l’autre, lequel ne semble pas dupe d’un jeu récurrent et dénie une parole factice: « Stop acting! ». Rires, cris et pleurs  explosent pour attirer l’attention: « Where is everybody? », « Pick up the phone! ».

En écho de ces jeux d’apparences, il est difficile de savoir si et quand les chansons qu’iels interprètent (Aquarius, Forever Young…) sont en direct ou en playback.

Cette pièce investi un monde de rêve, où tout est joué, calculé, aucun comportement ne peut être spontané. La musique rend régulièrement l’atmosphère menaçante. La séduction est manipulation. Sous le regard des autres ou sous l’oeil de la caméra, les corps qui miment l’acte sexuel semblent réfréner leurs pulsions affectueuses. Ou est-ce l’inverse? « Jolene don’t take my man » chantait Dolly Parton. Toutes ces stratégies, ces efforts, pour qui alors?

2020Obscene©MelanieHofmann

L’ultra mini jupe plissée, le costume blanc et le parfum, le torse nu d’un homme, les talons aiguilles, le chapeau de cow-boy, la longue chevelure, les sequins clinquants d’une robe… l’usage de la séduction est un art stéréotypé. Et celleux qui regardent permettent à celleux qui sont regardé.es d’exister…

Cette pièce, donnant à voir la facticité des postures, a beaucoup à dire; de notre société, mais aussi de nos narcissismes, de nos forces et de nos fragilités. Son obscénité est plus philosophique que visuelle. La scène et nos sens en sont exaltés!

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