Zanele Muholi (1972), exposition MEP, Paris

Photographe et artiste, Zanele Muholi, née à Durban, Afrique du sud, se définit comme activiste visuel.le non binaire et donc souhaite que l’on utilise à son propos les identifiants iel  et ellui .

Queering Public Space: Faces and Phases, dès 2006 (work in progress)

Son portrait (tout à droite au centre) est ci-dessus parmi les participant.e.s noir.e.s LGBTQIA+ qui font déjà partie de ce projet photographique en cours.

« Nous queerons l’espace afin d’y accéder. Nous présentons notre transition au monde afin de nous assurer que les corps trans noirs fassent également partie de l’espace public. nous le devons à nous-même » Zanele Muholi

Zanele Muholi, Autoportraits

Remarqués à la Biennale de Venise 2019, ses autoportraits saisissants, pour peu que l’on s’y penche, documentent une histoire de l’apartheid (de l’afrikaans « séparé, mis à part ») et de la discrimination LGBTQIA+. L’apartheid est aboli en 1994, et suivi, deux ans plus tard, d’une nouvelle Constitution, la  première au monde à interdire toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle:

L’État ne peut discriminer injustement une personne du fait de « sa race, son genre, son sexe, sa grossesse, son état matrimonial, son origine ethnique ou sociale, sa couleur de peau, son orientation sexuelle, son âge, son handicap, sa religion, sa conscience, ses convictions, sa culture, sa langue et sa naissance ».

Malgré cela, les préjugés et les violences à leur encontre reste de mise.

Arsenale, Biennale de Venise 2019

Par sa démarche militante, Zanele Muholi veut rendre visible la communauté queer et racisée, conjurant les stéréotypes et les représentations de domination. Son travail photographique recense et met en valeur sa singularité et sa dignité. Chaque portrait est en effet comme une signature très personnelle de l’intéressé.e. Iels sont des participant.es actif.ves et non des sujets. Regards, postures, habillements et ornements les affirment et les révèlent, sollicitant également nos propres idées reçues et présupposés.

Pourtant ce sont les autoportraits de Zanele Muholi qui sont les plus connus en Europe, son regard perçant et ses coiffures symboliques: la série Somnyama Ngonyama (Salut à toi, lionne noire!).

« En ce qui concerne les autoportraits, précise ainsi Zanele Muholi, j’ai dû apprendre à m’aimer moi-même, à ne pas m’oublier. En effet, quand on est activiste, c’est beaucoup trop facile d’absorber la douleur des autres.(…)En réalisant ces autoportraits, je voulais me souvenir de moi-même et me remettre au centre. » 

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Dans ses autoportraits, le contraste noir/blanc est accentué, le regard direct. Les titres sont en langue zoulou (parmi les 11 langues officielles d’Afrique du Sud), l’identité même de l’artiste, qu’iel nous incite à lire. Les objets utilisés sont matière à réflexion, ils ne sont jamais là par hasard. Affronter son regard, éprouver sa couleur, ressentir sa fierté.

Ce sont des archives visuelles montrant des personnes noires lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queer, intersexes, non conformes au genre qu’offre Muholi aux spectateur.rices. Ces témoignages visuels proviennent de personnes ayant souvent subi des crimes de haine, des violences dues à l’ignorance. Etre visible, déclare Muhole, signifie courir de grands risques dans une société sud-africaine encore traumatisée par l’apartheid et n’ayant pas encore digéré sa Constitution. Pour l’artiste, la photographie est un outil de militantisme animé par une volonté de transformation sociale.

Miss Gay Afrique du Sud pose entourées de ses ami.e.s sur la plage de Durban interdite aux noir.e.s durant l’apartheid. Melissa Mbambo est une femme transgenre, elle a remporté ce prix en 2017. La voici, en majesté, sur cette magnifique photo:

Dans la série Being, Zanele Muholi photographie des couples dans leur sphère privée. Elle veut montrer une image des hommes et des femmes africain.e.s différente de celles stéréotypées et habituelles liées au patriarcat blanc qui a depuis toujours imposé l’hétérosexualité comme norme.

Le catalogue de l’exposition du MEP ( Musée Européen de la Photographie, Paris) est particulièrement intéressant. Il présente un glossaire des termes appropriés aux différentes communautés (termes non définitifs et encore débattus), des articles de huit autrices et commissaires d’expositions, une conversation avec Zanele Muholi et évidemment des photos des oeuvres exposées.

L’exposition a lieu jusqu’au 21 mai 2023. Courez-y!

Catalogue

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