Au théâtre de Vidy du 22 septembre au 9 octobre 2022

Autofiction, concert, documentaire, poésie, théâtre, performance, improvisation?

C’est à un ovni scénique que Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre convient le public. Jamais à court d’idées, iels poursuivent leur chemin sinueux explorant le concept de mémoire collective et de récits personnels finement reliés au corps social. Faisant suite à leurs projets sur la philosophie (« Concours européen de la philosophie », « Les Héros de la pensée »), sur la nature (« Dans la forêt », « Avec l’animal »), sur l’émigration (« Hospitalité », « Les Italiens »), la musique, déjà présente dans chacun de leurs spectacles, devient le sujet privilégié de ce rendez-vous.

Un musicien chanteur américain, Napoleon Maddox, prospecteur de multiples genres musicaux, allant du jazz au beatbox, rencontre Miro Caltagirone, musicien, chanteur, acteur, d’origine suisse et sicilienne. Ils partagent ici leurs récits de vie, leurs inspirations, leurs partitions. Chacun livrant son histoire singulière, ils se rejoignent dans leur passion pour la musique, les musiques.
Un compositeur, Aurélien Godderis-Chouzenoux, emballe le tout dans une ambiance sonore envoûtante et mystérieuse ou en lien avec la narration.
L’espace scénique est habillé par un « light show » original d’Etienne Gaches.

Au fil de chacun des récits, des similitudes s’installent: l’importance des grands-parents, l’enfance à la campagne, le contact des animaux. Puis le rythme s’accélère. C’est New York, ils y sont passés tous les deux. Des images de buildings défilent sur l’écran, le flux des paroles s’entremêle. Comme depuis une rame de métro, images et paroles percutent l’oeil et l’oreille

(…)
Brooklyn keep on taking it
Bronx keep making it
Trains I’m riding, one day I’ll be famous kid
I’ma make it like my heroes in the rap game
did
On the 3 train
Or the A express
To the C train
To east from west
Or grab a dollar cab
On Utica Ave
Or to the Heights
(…)

Sur la platine tourne un 33 tour de Coltrane. Napoleon et Miro parlent musique, ils partagent leurs coup de coeur. D’un disque de Takemitsu à une cassette de Take 6, en passant par le Gospel de l’enfance de Napoléon, ils se proposent des extraits qui les ont marqués et les écoutent avec ferveur. Quel.le amoureu.x.se de la musique n’a jamais fouillé sa discothèque pour faire écouter LE morceau qui l’a bouleversé.e?

Au travers du rap et du hip hop, l’évocation de leurs souvenirs devient poésie, la plus banale des déambulations tourne en épopée, et, de ces cultures entrelacées, surgissent les récits de la tragi-comédie humaine.
C’est le pouvoir de la musique de donner corps à une langue chantée et rythmée. C’est le pouvoir de ce spectacle d’offrir au public la sensibilité d’un langage musical universel.