
« Pour ce que j’en vois ici, j’aime bien la dualité qui ressort de ces tableaux. Sérénité côtoyant le chaos, calme lisse et flamboyante intensité. » C’est le commentaire que j’avais laissé sur le blog de La Livrophage après avoir pris connaissance de sa chronique du catalogue « Lacs d’Ecosse » rassemblant les panoramas qu’a peints Rorcha lors de ses séjours dans les Highlands. Et voici qu’après contact, je le reçois!
L’eau et le ciel, tous deux lisses et placides, cependant portant en eux une perpétuelle transition. Le lac d’aujourd’hui est différent d’hier et mutera demain. Il est le miroir entre ciel et terre, à même de partager apaisement ou tourmente, sérénité ou passion. Et c’est bien ça que le peintre transmet au fil de son travail.
Voyez ces deux tableaux. Des lacs tranquilles, une eau étale, et pourtant des ambiances antagonistes, un tout autre sentiment. Celui du haut de page exprime l’éclat, la brillance, la plénitude limpide et paisible. Ci-dessous, l’ombre d’une sombre éminence, une sourde menace planant dans le reflet déposé sur l’eau.

Un lac noir et or, un lac tel une psyché. L’oeuvre est barrée d’une ligne rouge. Ne pas franchir sous peine d’engloutissement? Et pourtant rien de tel que la surface plane d’un lac pour restaurer un équilibre émotionnel.
Les lochs que Rorcha donne à voir, souvent n’en sont plus vraiment. A la limite de l’abstraction lyrique, ils font voyager plus loin et surtout plus profond. A l’image du nom d’artiste qu’il s’est choisi, on dirait que Rorcha fouille les tréfonds de l’âme humaine à coup de métaphores illustrées. D’une esthétique mystérieuse, on peut bien sûr les regarder de façon purement rétinienne. Ils m’évoquent pourtant bien des miroirs de l’âme. Reflets, brillances, contrastes convoquent l’accouplement du haut et du bas, du réel et de l’illusoire, du conscient et de l’inconscient. Un oeil onirique qui révèle d’énigmatiques eaux dormantes.

Dans la réalité, ce rayon vert qui dure quelques secondes, est comme un trait d’union entre ces deux univers, celui de l’air et celui de l’eau. Le court moment où l’éther se mêle à l’onde, créant une discrète mais lumineuse entaille reliant le bas et le haut. Le peintre l’a exprimée ici comme un enchevêtrement des éléments, un riche mélange de couleurs primaires et secondaires, d’horizontalité et de formes aléatoires. L’entièreté glorieuse enfin assemblée, sans distinction.
Une promenade, une rêverie, une contemplation… Merci pour ce lumineux présent.
EXPOSITION « APPARITION DU LAC », du 21 septembre au 6 octobre 2021, à la Galerie du Vert Galant, Paris. (site de l’artiste)
Génial ! Ch’adore !
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pareil !
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Martine, je crois que je n’oserai plus jamais écrire sur un peintre après toi, ni avant d’ailleurs. T’es trop forte !
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C’est vrai que Martine écrit rudement bien à propos de la (ma) peinture et je suis encore « décoiffé » par son superbe texte ! Cela dit Simone, votre chronique m’a beaucoup plu aussi et a été lue et appréciée par de nombreux visiteurs de l’exposition. Ne vous interdisez donc surtout pas d’écrire sur la peinture, celle que vous aimez, vous le faites très bien et ce n’est pas si courant ! Bises, Jérôme
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Mais que dis-tu, Simone!! Je ne « like » pas ton commentaire (pour une fois). Ecrire avec du coeur, ça te connait et tu fais cela à merveille!
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Magnifiques tableaux ! J’adore toutes les lectures possibles.
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Merci, fidèle lectrice!
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J’avais aussi été très émue par l’article de la Livrophage. Aujourd’hui, tes mots me bouleversent à nouveau, ils sont les lacs, les couleurs, les formes, des mots en mouvement, reflets de l’image. Bravo à tous les trois et merci pour partager ainsi avec nous vos émotions et vos univers 🙂
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