
Art of this Century, la galerie que Peggy Guggenheim ouvre en 1942 à New York, présentera une cinquantaine d’expositions durant cinq ans. La plus célèbre fut celle qui révéla Jackson Pollock.
Située au 7ème étage du building, la galerie était un chef-d’œuvre moderniste, une œuvre d’art totale conçue par Frederick Kiesler (architecte, designer, sculpteur, théoricien) pour ne laisser place à aucune barrière entre le spectateur et l’art.

Ce fut la première galerie interactive au monde, montrant des surréalistes comme Ernst et Tanguy aux côtés d’abstraits comme Alexander Calder et Mondrian. Lors de l’ouverture (20/10/1942), Peggy Guggenheim portait une boucle d’oreille conçue par Calder et une autre par Tanguy, pour montrer son engagement dans les deux domaines.

Peggy déclara que Marcel Duchamp, grand théoricien de l’art du XXe siècle, lui a appris tout ce qu’elle savait sur l’art. Il semble avoir été plus gentil avec elle que la plupart des hommes qu’elle a rencontré, une figure paternelle et non un amant.

En 1943, sur la suggestion de Marcel Duchamp comme commissaire et conseiller d’artistique, et une sélection de Max Ernst, Peggy Guggenheim organise une exposition exclusivement centrée sur les représentantes de l’avant-garde: « Exhibition by 31 Women ». Elle réitère en 1945 avec « The Women » .

L’exposition de 1943 présentait un éventail de styles esthétiques allant du surréalisme aux peintres abstraits en passant par les influences Dada. Deux sculptures étaient incluses, une colonne démontable de Louise Nevelson et un mobile abstrait de Xenia Cage.

Georgia O’Keefe refusa d’y participer, déniant la catégorisation de FEMME artiste.
Les critiques misogynes et condescendantes ne manquèrent pas. Juste une pour se faire une idée :
Henry McBride in the New York Sun: Women Surrealists were actually better than men, he said, because after all, « Surrealism is about 70% hysterics, 20% literature, 5% good painting and 5% just saying boo to the innocent public. There are, as we all know, plenty of men among the New York neurotics but we also know that there are still more women among them. Considering the statistics the doctors hand out, and considering the percentages listed above, … it is obvious women ought to excel at Surrealism.”

Les artistes de l’exposition de 1943 « 31 women »: Djuna Barnes, Irene Rice Pereira, Hedda Sterne, Sophie Taeuber-Arp, Hazel McKinley, Pegeen Vail, Barbara Reis, Valentine Hugo, Jacqueline Lamba, Suzy Frelinghuysen, Esphyr Slobodkina, Maria Helena Vieira da Silva, Aline Meyer Liebman, Elsa von Freytag-Loringhoven, Julia Thecla, Sonia Secula, Gretchen Schoeninger, Elizabeth Eyre de Lanux, Meraud Guevara, Buffie Johnson, Frida Kahlo, Meret Oppenheim, Dorothea Tanning, Leonore Fini, Kay Sage, Leonora Carrington, Gipsy Rose Lee, Irene Rice Pereira, Anne Harvey, Xenia Cage et Milena Pavlović Barili
Les femmes américaines ont joué un rôle important dans la création de galeries tout au long du XXe siècle : Berthe Weill (1901), Jeanne Bucher (1925), Jacqueline d’Harial (La galerie du Cygne, 1934), évidemment Peggy Guggenheim (1942), Colette Allendy (1946), Iris Clert (1959) et bien d’autres. Lorsque Peggy Guggenheim retourne en Europe, les artistes qu’elle représentait sont accueillis à la Betty Parsons Gallery.

L’exposition « Elles » au Centre Pompidou en 2010 offre une chronologie de la conquête et de l’épanouissement des femmes dans l’art au XXe siècle.
Que de très grands artistes ! J’aurais aimé vivre à cette époque pour visiter cette expo ! Des genres différents mais tout me paraît sublime. Merci pour ton article !
J’aimeAimé par 1 personne