« L’Onde » Nacera Belaza

Au Théâtre de Vidy Lausanne du 2 au 6 février 2022

Pour ma part, je ne recherche ni la maitrise ni la transe mais l’élévation de la conscience en même temps que le lâcher-prise. Le mouvement répétitif n’est que le support d’un puissant désir de liberté. Nacera Belaza

Au lendemain de la représentation de l’Onde de Nacera Belaza, je visite l’exposition du musée Jenisch à Vevey sur « Le dessin en grand » et me retrouve plongée dans son spectacle avec ce « Reflux » d’Alain Huck.

Alain Huck, Reflux VI, 2020

Une onde est un champ, c’est-à-dire une zone de l’espace dont les propriétés sont modifiées. C’est bien à cela que nous invite la chorégraphe.

S’installer dans la salle de spectacle est comme jeter un caillou dans l’eau… pour ensuite assister à la propagation de plusieurs ondes: lumière, son, mouvement. Et peut-être alors accueillir leurs oscillations, de celles qui transportent une énergie immatérielle.

La nuit est totale. Puis quelque chose émerge, un reflet fugace, une tache de clarté mouvante. Nous savons que ces lueurs diffuses sont produites par des corps. Mais ces corps ne sont présents que par l’ardeur de leur gesticulation, ils perdent leur matérialité, sont comme réduits à une essence. Nous pouvons oublier leur réalité et assister à la manifestation abstraite d’une énergie.

Le son, de même, est lancinant. Des choeurs psalmodiques, des motifs répétés dont l’intensité varie de très faible à puissante, rythmés par une pulsation implacable. Ils n’ont plus d’origine tant ils semblent universels. Berbères ou amérindiens mêlés, ne subsiste que le son tribal de pluralités qui s’unissent dans un même chant et s’enfoncent dans d’ancestrales entrailles.

Tels des arbres agités par un vent violent, les danseu.r.se.s, enracinés, laissent s’envoler leurs membres, formant des groupes, ensemble tout en conservant leur unicité. Ce qui nous est donné à voir est une danse rigoureuse qui pourtant donne une impression de souplesse. Un état entre tension et flexibilité qui figure des flammèches vibrantes ou des créatures abyssales…

© Violette Legrand

Déconnexion de rigueur pour apprécier pleinement ce moment de grâce et en savourer l’intensité.

(ICI, précédent spectacle de Nacera Belaza « Le Cercle »)

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