Anthony Gormley (1950) § le corps dans l’art

Anthony Gormley, L’Ange du Nord, (terminé en 1998), Gateshead, Angleterre.

Anthony Gormley est un sculpteur britannique. Il est diplômé en archéologie, anthropologie et histoire de l’art du Trinity College de Cambridge. Il s’intéresse aussi au bouddhisme. Sa première exposition a lieu à la Whitechapel Gallery de Londres en 1981.

Cliquer ici pour accéder au Site officiel Anthony Gormley et chronologie des oeuvres.

Au travers de ses dessins, sculptures et installations, c’est la place du corps humain dans l’espace qui l’intéresse. La capacité à ressentir l’espace, avec une sorte d’empathie, est le principal but vers lequel tend le travail de Gormley. Son travail a réactivé l’image humaine en sculpture en la prenant comme sujet, outil et matériau.

Il s’intéresse d’abord aux arbres, à leur croissance, leur verticalité, allant jusqu’à les aplatir comme pour reconvertir leur espace.

Anthony Gormley, « Flat Tree », 1978

Les premières sculptures datant de 1973 représentent des formes humaines cachées sous un drap. Puis il montre des formes en évolutions, comme une gestation dont il sculpte toutes les étapes…

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Anthony Gormley, « Natural selection », 1981 (expo Whitechapel)

…et aussi les silhouettes de corps absents. Il continue aussi ses réflexions et « exercices » sur la Nature, les stries, les strates, les cernes

En 1983, il matérialise des corps, personnages qui semblent extérieurement passifs, en attente ou en méditation, contemplant leur monde intérieur. Sculptés en plomb ou en acier, ce sont des moulage du corps de l’artiste. Ils seront plus tard composés de pavés, de boules, de pics, de fils ou encore de galets.

Anthony Gormley, « New Sculptures », 1984

Intégrés à la Nature, sculptés dans le roc ou placés devant un horizon marin, le cou ou les bras allongé jusqu’à devenir lui-même arbre ou la tête enfermée dans une maison de cuir (en 1984. Louise Bourgeois et ses femmes-maisons arrivent dix ans plus tard), Gormley explore et veut pousser le regardeur à ressentir et réfléchir: espace – corps – nature, quelles relations?

Anthony Gormley, « Sculpture », 1985

La tête dans l’oeuvre de Gromley occupent une place importante puisque c’est à la réflexion qu’il invite. L’attitude mentale que l’artiste veut évoquer est signifiée par la position du corps. Les têtes, cachées, soustraites, concentrées, inexpressives, attentives, sont l’épicentre de la rencontre avec le visiteur. Dans ses Fields, les milliers de petits personnages, façonnés grossièrement, possèdent un regard vers l’extérieur que les moulages, tourné vers leur intériorité, n’ont pas. Une foule tassée qui interroge le regardeur.

Anthony Gromley, EUROPEAN FIELD, 1993 Terracotta, variable size: approx. 40 000 elements, each 8-26 cm high Installation view, Kunsthalle zu Kiel, Germany, 1997 Photograph by Helmut Kunde.
Détail

En 1994, le prestigieux Turner Prize est attribué à Anthony Gormley avec l’oeuvre Testing a World View, mettant en scène les points de vue: quatre corps identiques pliés à angle droit à la taille et orientés en différents endroits de la salle d’exposition. Selon l’artiste, cette installation correspond à une sorte de cubisme psychologique.

If Cubism is about taking one object and making multiple views of it in one place, this is a dispersion of one object into several cases for itself. AG

Entre 1996 et 1999, il explore un procédé mathématique pour réduire le corps des deux tiers, pour en révéler le noyau interne, comme un concentré d’humain. En résulte ses « insiders » (initiés).

Anthony Gormley, « Insiders V, VI, VII, VIII, IX », 1998

Dès 1997, Gormley installe des pièces dans des environnements extérieurs de façon permanente. « Another Place »(2005) est constituée de cent figures en fonte grandeur nature réparties sur trois kilomètres sur une plage de Liverpool. Face à l’océan, subissant le flux des marées, ces silhouettes humaines imperturbables se concentrent sur l’horizon liquide…et son envahissement par les navires qui sillonnent la planète? Ou attentifs à la montée des eaux?

Anthony Gormley, « Another Place », 2005

En béton, cuivre et acier, son « Ange du Nord (Angel of the North) » de vingt mètres de haut sur cinquante-quatre mètres de large, surplombe Gateshead (GB) en hommage aux mineurs. (Photo haut de page)

L’artiste diversifie ses réalisations à partir des années 2000. Les nouveaux matériaux qu’il utilise, conservant souvent une silhouette humaine, renouvellent son discours. Assemblés de morceaux de fer, les êtres deviennent légers et presque transparents. En blocs d’acier, ce sont des géants massifs et imposants.

La galerie Thaddaeus Ropac (Paris) a exposé ses dessins en 2008 (cliquer ICI). On y suit les processus de ses compositions ainsi que les choix de ses supports et techniques.

« Le noir de fumée, le noir animal, la caséine, l’huile de lin, le lait, le sperme, le sang, le café, la chicorée, la terre, la laque, le vernis ont tous des propriétés différentes, provenant du corps ou de la terre, d’un organisme végétal ou animal. Leur réactivation ne les rend pas anodines ».

http://www.antonygormley.com/drawing/series

Ses recherches sur le corps et l’espace l’amène à s’intéresser à la danse contemporaine et aux travaux des plus grand.e.s chorégraphes. Il collabore à trois reprises en tant que scénographe avec Sidi Larbi Cherakoui.

Jusqu’au 3 décembre 2019, la Royal Academy of Art de Londres organise une egrande rétrospective de l’oeuvre d’Anthony Gromley: « L’exposition explore les nombreuses utilisations de Gormley au cours de sa carrière des matériaux organiques, industriels et élémentaires, notamment le fer, l’acier, le plomb battu à la main, l’eau de mer et l’argile. Elle met également en lumière des œuvres inédites des années 1970 et 1980, dont certaines ont amené Gormley à utiliser son propre corps comme outil de création, ainsi qu’une sélection de carnets de croquis et de dessins. »

https://www.royalacademy.org.uk/exhibition/antony-gormley
Vue de l’atelier d’Anthony Gormley (cliquer pour plus de vues)

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La représentation du corps dans l’Histoire de l’art tient une place prépondérante. Elle est l’indice de la relation de l’humain avec la société, la vie et l’univers.

En se représentant, l’homme affirme sa place dans le monde et la nature qui l’entoure, et rivalise, en tant que créateur, avec les dieux qu’il tenait jadis pour fondateurs de la nature et de lui-même. Arts Plastiques-Danièle Pérez

Une fiche de médiation pédagogique du MAMAC-Nice sur ce thème ICI

 

© Antony Gormley, « Feeling Material », 2003 – 2008. Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac

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