« Dancewalk – Rétroperspectives » de Neopost Foofwa § bipédie

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Photo Grégory Batardon

Dans le cadre des Swiss Dance Days, au théâtre de Vidy, Lausanne, du 7 au 9 février 2019.

Plus qu’une danse, un concept. Plus qu’une marche, une performance artistique. Plus qu’une idée, une philosophie. La dancewalk, telle que l’a conçue le danseur et chorégraphe Foofwa d’Imobilité, est un trait d’union entre différents univers: le sport et l’art, la scène théâtrale et la rue, l’artiste professionnel et l’individu ordinaire, l’acteur et le spectateur.

Placée devant les extraits vidéo des dancewalks cosmopolites, la danseuse Alizée Sourbé commente en direct trois années de marches dansées. Elle est le lien et le contraste entre l’image filmée et la réalité. Devant l’écran vertical et sur l’écran horizontal, elle accompagne d’une harmonieuse chorégraphie de marche sédentaire, le projet nomade international réalisé par Foofwa d’Imobilité.

Débutant dans le Jura suisse, le voyage dansé de l’artiste « prêche la bonne cabriole » autour du monde. Au milieu d’un évènement sportif, il mêle les publics, souvent antinomiques, de l’art et du sport. Lors d’un évènement artistique, c’est nu qu’il interprète sa marche dansée dans la ville de Bienne. Autour de L’Opéra de Paris, l’artiste effectue 62 kilomètres en 12h35 de dancewalk. A Rome, la marche dansée en pleine nature devient Land Art. Ailleurs, des contraintes s’ajoutent à la performance physique, comme siffler ou parler sans arrêt. A Soweto comme à Moscou, le danseur et son groupe sont suivis par des participants enjoués et souriants, alors qu’en Afrique la foule est dense et fougueuse. En Iran, parmi la foule d’un marché, caméra cachée, la danse est clandestine et les mouvements se font discrets sous peine de police des moeurs. A Sarajevo, comme en Chine, le dancewalk engagé par Foofwa fait des émules, rassemble, réjouit, conquiert.

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Photo Gregory Batardon

Le grand changement que propose ce nouvel art se situe dans l’espace et le temps. La chorégraphie contemporaine, confinée aux scènes des théâtre et réservée à ses adeptes, se fait ici populaire et participative. La participation à une dancewalk ouvre à la spontanéité autant qu’à l’épanouissement du corps. Dans une liberté qui touche à celle de l’enfance. Et la technique remarquable du guide formé chez Merce Cunningham n’étouffe en rien l’aisance de ses néophytes partenaires. Comme le signifie son créateur,  » La dancewalk est une activité hybride de deux connus: la danse et la marche. Il en émerge une nouvelle activité qui ‘fait penser à’ tout en demeurant ‘autre chose que’. »

L’admirable mise en scène de ce spectacle-présentation participe de son accueil enthousiaste par un public conquis. Les images vidéos sont formidables (bravo aux technicien.ne.s). Entre performances à l’écran et danse réelle, commentaire direct et sons enregistrés, le spectacle qui nous est offert est total et délectable. De quoi modifier l’histoire de la bipédie ?

Photo Simon Letellier

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La bipédie humaine, un mode de locomotion que nous avons adopté il y a bien longtemps… dans les quatre millions d’années? Issue d’adaptations du squelette, en particulier de la migration du trou occipital dans le prolongement de la colonne vertébrale, sous le crâne (d’où diverses et fréquentes pathologies du dos!), il existerait une douzaine d’hypothèses au développement de la bipédie, l’adaptation à la course s’étant  produite plus tardivement que celle de la marche.

Diaporama

100km.Dancewalk (Fête de la Danse 2015) [en entier – jour 1] from Neopost Foofwa on Vimeo.

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