Hans Richter, né en Allemagne, étudie à l’académie des Beaux-Arts de Berlin, puis à Weimar en 1909. Il est sculpteur, peintre et cinéaste. Il est considéré comme un pionnier du cinéma d’avant-garde.

Une blessure de lors de la première Guerre le décharge de ses obligations militaires. En 1916, après une première exposition personnelle, il se joint au groupe DADA de Zürich où il peint la série de ce qu’il nomme « Portraits visionnaires » (ses amis dadaïstes), des combinaisons accidentelles de peintures déchirées et collées. Cette technique fait appel à l’inconscient et au hasard. La série des Dada-Kopf , encre sur papier, suit en 1918.


Présenté par Tristan Tzara au peintre suédois Viking Eggeling (1880-1925), il cosigne avec lui « Universelle Sprache », un texte qui tente la définition d’un langage universel basé sur un répertoire de formes abstraites. Hans Richter consacre aussi du temps à l’écriture et à la théorisation, il collabore à diverses publications, dont celles du mouvement De Stilj.

Dans les années vingt, il peint sur rouleau et finit par animer ses créations. « comment réaliser le mouvement sinon par le cinéma ? » dit-il. Il réalise alors un des premiers films abstraits intitulé Rythmus 21, aussi radicalement avant-gardiste que le carré blanc sur fond blanc de Malevitch (avec lequel il collabore dès 1927). Ce film le consacre pour la postérité comme pionnier du cinéma expérimental.

Hans Richter tourne le film « Ghosts before breakfast en 1928, un faux documentaire sur une chasse aux chapeaux. Il y ridiculise la bourgeoisie et désoriente les spectateurs avec des effets spéciaux inusités à l’époque. Ces scènes surréalistes montrent des objets qui prennent vie, ceci grâce à la technique du stop-motion. Son art sera qualifié de dégénéré et interdit par le régime nazi en 1930.

Après s’être exilé aux Pays-Bas, en France et en Suisse (1937) où il tourne des films publicitaires, il se réfugie en URSS, puis s’installe aux Etats-Unis dès 1941. Il prend alors la nationalité américaine. Il enseigne et réalise des films, dont Rêves à vendre, un classique du film expérimental surréaliste (prix biennale de Venise 1947), financé par Peggy Guggenheim. A ce film, contribuent : Max Ernst, Marcel Duchamp, Man Ray, Alexander Calder, Darius Milhaud et Fernand Léger.

Synopsis : Joe/Narcissus (Jack Bittner) est un homme ordinaire qui vient de signer un contrat pour louer une chambre. Alors qu’il se demande comment il va faire pour payer le loyer, il s’aperçoit qu’il peut voir se dérouler le contenu de son propre cerveau en fixant ses yeux dans un miroir. Il se rend compte ensuite qu’il peut appliquer ce don aux autres et crée une entreprise où il va vendre à ses clients (frustrés et névrosés en tout genre) des rêves sur mesure d’après ce qu’il a pu découvrir de leur esprit. La salle d’attente est bondée dès le premier jour de son activité. Chacune des sept séquences oniriques du film est en fait la création d’un artiste d’avant-garde (Ernst, Léger, Ray, Duchamp, Richter, Calder)

Entre 1944 et 1954, son travail est exposé à New York, Chicago, San Francisco, Paris, Bâle, Amsterdam.
« (Hans Richter) a opéré la synthèse de deux ou plusieurs éléments formels traités d’ordinaire séparément ou en opposition, les uns avec les autres : le voulu et l’accidentel, le géométrique et l’amorphe, le conscient et l’inconscient. » Herbert Read (historien de l’art), 196

« (Le point zéro) C’est le moment où Malévitch s’exprima avec son carré blanc sur fond blanc et noir sur fond noir. Ce ne sont plus des peintures ou des œuvres d’art mais des moments de purification, le résultat d’être arrivé au point Zéro, de décider d’oublier le Cubisme, le Futurisme, etc, et d’être sans tradition.
J’ai expérimenté ce point Zéro à plusieurs reprises sans pouvoir le définir aussi radicalement que Malévitch, ou Duchamp avec ses Ready-made. Je suis revenu après chaque Zéro au principe que j’avais tâtonné en 1917 /18, dans mes têtes Dada et mes abstractions, la simple relation entre le positif et le négatif ; conjunction oppositorum. Ceci est toujours aujourd’hui, de plus en plus clairement, mon point Zéro ». Hans Richter, 1971

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Il existe entre 3000 et 7000 langues parlées dans le monde. L’idée d’élaborer un langage universel fait partie des rêves des linguistes. Dans le film « Premier contact« de Denis Villeneuve, l’écriture des extra-terrestres est conçue comme picturale. Un moyen de communication compréhensible par l’ensemble de la population mondiale reste cependant une utopie. Dans le domaine artistique, la musique semble traduire idéalement les émotions humaines. L’Esperanto (1887) en est une tentative linguistique. Le texte Universelle Sprache, de Richter et Eggeling, qui définit l’abstraction comme un langage universel fondé sur les relations de formes élémentaires issues des lois de la perception, a fait long feu…

Hello Martine. Ravie de te retrouver, je ne sais pourquoi, je ne reçois plus tes mails en automatique… Et j’aurais raté cet article ! Merci encore pour la découverte de cet artiste 🙂
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J’ai changé l’habillage du blog. C’est peut-être ça? A bientôt, Elisa!
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Excellent article sur un artiste et un mouvement aussi précurseur que fondamental. Merci !
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Admirable Hans Richter ! Merci de l’invoquer.
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Merci Martine pour cette article. J’aurais aimé vivre cette expérience Dada. A mes yeux, ce courant est un des plus créatifs et celui qui permet d’explorer la part d’enfance en chacun de nous. Je te remercie également pour ton travail toujours aussi complet. Je connaissais un peu Richter, mais je découvre d’autres infos grâce à toi. Bonnes fêtes ! 🙂
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