Georgia O’Keefe (1887-1986) § bombes à graines

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Georgia O’Keefe, photo Alfred Stieglitz.

Georgia O’Keefe, née dans une ferme du Wisconsin, est la deuxième des sept enfants de la famille. Dès l’âge de onze ans, elle développe un intérêt grandissant pour le dessin, encouragée par une mère qui pousse ses enfants aux apprentissages artistiques.

Elle suit les cours de l’institut d’Art de Chicago, puis ceux de l’Art Student League de New York jusqu’en 1908. Elle abandonne alors la peinture durant quatre ans, doutant de ses capacités figuratives. En 1912, elle est stimulée par les idées de Arthur Dow, philosophe dont elle suit les enseignements à l’Université de Columbia. Il professe en effet un art qui sort de la représentation de la nature et encourage l’expression personnelle à travers la ligne, la composition et la couleur. Elle s’intéresse aussi aux théories de Vassily Kandinsky.

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Georgia O’Keefe, « No 8-Special » (fusain), 1916. Whitney Museum, NYC.

S’ensuit une période solitaire durant laquelle elle enseigne le dessin dans une petite ville du Texas. C’est une de ses amies d’université qui montre sa production de dessins à Alfred Stieglitz (1864-1946), photographe pionnier et galeriste à New York. Il fait découvrir les artistes européens au public américain (Picasso, Cézanne, Matisse,…) et consacre une exposition solo à Georgia O’Keefe en 1917 dans sa galerie 291. Celle-ci, suivie de plusieurs autres, consacre Georgia O’Keefe comme une des  artistes les plus célèbre des années vingt. Elle sera la première femme à exposer au MoMA. Ils unissent leurs destins en 1924.

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Alfred Stieglitz, « Georgia O’Keefe », 1918

Stieglitz fera plus de 350 portraits de Georgia O’Keefe, une des artistes les plus photographiée de cette époque. La confusion publique entre la sensualité des photos que Stieglitz a prises d’elle dénudée et son propre travail artistique, est réductrice et ne doit pas occulter la modernité exceptionnelle de son oeuvre. Artiste femme, de plus avant les années cinquante et le renouveau de la peinture américaine, l’art de Georgia O’Keffe a pâti d’une certaine indifférence en Europe. Elle initialise pourtant une avancée significative en combinant abstraction et figuration, tout en s’ouvrant à une vision photographique de ses modèles. En 2016, sa première exposition personnelle en France a lieu à Grenoble (pdf musée de Grenoble), suivie par celle de la Tate Modern à Londres.

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Georgia O’Keefe, « Blue and green music », 1919-21.

Nobody sees a flower, really, it is so small. We haven’t time – and to see takes time like to have a friend takes time. If I could paint the flower exactly as I see it no one would see what I see because I would paint it small like the flower is small. So I said to myself – I’ll paint what I see – what the flower is to me but I’ll paint it big and they will be surprised into taking time to look at it – I will make even busy New Yorkers take time to see what I see of flowers. I made you take time to look at what I saw and when you took time to really notice my flower you hung all your own associations with flowers on my flower and you write about my flower as if I think and see what you think and see of the flower – and I don’t.

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Georgia O’Keefe, « Red Canna », 1924.

Dès ses débuts et jusqu’à la fin de sa carrière, elle explore avec passion et poésie le monde floral. Au début du XXe siècle, les écrits de Sigmund Freud sont incontournables et les critiques ne se privent pas de commenter le caractère « sexuel » de sa peinture, ce qu’elle a toujours rejeté. Lassée de ces interprétations, entre 1925 et 1930, elle réside à New York et peint des vues de gratte-ciel en contre-plongée. Le seul moment où elle s’inspire du monde urbain, ce qu’elle abandonnera pour développer sa vision de la nature.

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Georgia O’Keeffe, « New York Street with Moon », 1925 Oil on canvas. 122 x 77 cm, Collection Museo Thyssen-Bornemisza

Les formes naturelles, observées de près, donnent à sa peinture une approche abstraite qui fait le lien avec la figuration et préfigure des recherches artistiques des minimalistes. C’est en 1929, qu’elle découvre les paysages désertiques du Nouveau Mexique. Elle y retourne chaque année pendant vingt ans pour y travailler formes et couleurs, fascinée par les paysages et les ossements qu’elle y trouve. Là, elle se sent à sa place et trouve son foyer spirituel.

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Georgia O’Keefe, « Ram’s Head with Hollyhock », 1935.

La toile énigmatique ci-dessus, réalisée après une dépression d’un an, semble être une sorte de catalogue de ses sujets de prédilection : fleur, crâne, ciel, paysage. En émerge une spiritualité et une nouvelle confiance en ses capacités artistiques. En abandonnant la vie citadine, elle accède à la liberté de créer un art personnel autant qu’universel, sans âge. Pour elle, les ossements et crânes qu’elle peint et qu’elle admire ne sont pas des symboles de mort, mais d’immortalité.

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Georgia O’Keeffe, « My front Yard », Summer », 1941, Georgia O’Keeffe Museum Collection
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Georgia O’Keefe, « Pelvis II », 1944.

Film : About Georgia O’Keefe

A la mort d’Alfred Stieglitz en 1946, c’est Georgia O’Keefe qui s’occupe d’inventorier la production photographique de son époux. Leur influence réciproque ne s’est jamais tarie. Elle-même meurt à 96 ans, son oeuvre peint comptant près de 900 tableaux. Non signés.

232 tableaux à voir sur ce Diaporama sur wikiart (Cliquez sur le premier tableau)

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Georgia O’Keefe, « Sky above Clouds III », 1963
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Photo Christopher Springmann, Georgia O’Keefe âgée de 86 ans à Abiquiu, Nouveau Mexique.

Du 8 septembre au 6 décembre 2021, le Centre Pompidou, Paris, présente la première  rétrospective en France de l’oeuvre de Georgia O’Keefe dans un parcours complet de son travail de peintre.

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Georgia O’Keefe (voir la citation plus haut), en peignant le détail de la fleur vue de près, a voulu rendre attentif à cette beauté simple et compliquée, ordinaire et spéciale, sensuelle et scientifique.

Aujourd’hui, la diversité réduite de nos environnements limite la pollinisation des insectes, raréfie nos rencontres avec la flore.

Il y a déjà quelques années que la révolution des fleurs a commencé … Si vous désirez y participer, confectionnez vous-même des bombes à graines (seed bombs) et balancez-les lors de vos promenades! (Site prisedeterre.net)

  • 1 cuillère à soupe d’argile en poudre (disponible dans les magasins bio ou les pharmacies)
  • 1 cuillère à café de compost (ou de terreau)
  • une (petite) pincée de graines.
  • Mélanger et humidifier jusqu’à former des boulettes d’environ 3 cm.
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12 réflexions sur “Georgia O’Keefe (1887-1986) § bombes à graines

    1. En fait, je n’ai mis que peu d’illustrations. Il faut voir le diaporama joint. Son travail semble décoratif, mais dans son époque, de plus venant d’une femme, il est avant-gardiste. J’aime bien sa personnalité, mystérieuse et sauvage.

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      1. oui, c’ets en ça que c’ets intéressant, je vais t’écouter et aller voir plus d’oeuvres. On est allés voir l’expo Abstractions au Musée Paul Dini à Villefranche ( sur Saône ) , de très belles oeuvres, même s’il y en a peu, dont Eric Roux Fontaine, un diptyque magique, et d’autres encore comme David Wolle. Bien aimé

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  1. Merci pour ce partage ! Je connaissais peu cette artiste et sa démarche me donne envie de mieux la connaitre. J’aime beaucoup ce qu’elle disait au sujet des fleurs, cela pourrait s’appliquer à tant de choses et l’apothéose, ce sont les bombes à graine. Quelle belle idée ! Des bombes comme celles-là, on aimerait en recevoir tous les jours 🙂

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