Biennale de Venise 2024 (Part.III: Mercredi)

Mercredi Arsenale di Venezia!. Un lieu tout en longueur, l’ancienne corderie date de 1104 et il l’un des premiers sites « industriels » apparu en Europe. On reconnait ses murailles de briques rouges formant des créneaux sur 3 km.

Yinka Shonibare, Refugee Astronaut VIII, 2024

Accueillis par une astronaute chargé qui me rappelle le « Our Father » de Grayson Perry, voilà une pièce de bon augure. De plus le tissage garnissant les hauteurs du bâtiment est superbe. L’œuvre du collectif maori Mataaho (Takapau)a d’ailleurs été primée. Elle est composée de sangles de camions réfléchissantes.

Les choix suivants sont souvent des artistes indigènes. Au vu du thème, on peut le comprendre. D’ailleurs ces artistes sont presque toujours exposés pour la première fois à la Biennale. C’est donc un art contemporain émaillé d’artisanat et de folklore qui est présenté. Loin de moi l’idée de le dénigrer, mais personnellement, si je vais à la Biennale de Venise, c’est pour y voir des pièces surprenantes, inédites, modernes.

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La salle suivante présente une quarantaine de vidéos. Explicites, intéressantes, certainement. Impossible de se faire une idée globale parce que pas envie de rester 3 heures à les visionner. Quelques-un.e.s des artistes : Hito Steyerl (Universal Embassy), Ursula Biemann (Sahara Chronicle), Angela Melitopoulos (Passing Drama), Critical Art Ensemble (Gender-Crash), Zanele Muholi (Difficult Love), etc.

Vue d’une partie de la salle
Suite de la visite

Trois oeuvres de Kuluandji Kia Henda (1979): effectuées en 7 ans, The Geometric Ballad of Fear, est une série de photographies qui documente les barrières protectrices blanches des maisons angolaises. Celles en noir et blanc sont des vues des côtes de la Sardaigne.

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Dana Awartani suspend des tissus trempés dans des herbes médicinales, une technique apprise au Kerala. Une sorte de requiem pour tout ce qui a été détruit d’historique et culturel dans le monde arabe.

Dana Awartani (Palestine/Arabie Saoudite), « Come, let me heal your wounds. Let me mend your broken bones », 2024

Le libanais Omar Mismar crée des études de mosaïques simili grecque, dont une à la gloire du baiser!

Omar Mismar, « Two unindentified lovers in a mirror », 2023

Nour Jaouda, Lybie, inspirée par le poète palestinien Mahmoud Darwish, utilise des colorants végétaux pour réinventer les arbres.

Nour Jaouda, Roots in the sky, 2023

Une installation, celle de Lydia Ourahmane (1992), porte parisienne durant l’occupation en Algérie (1901) et porte algérienne durant la guerre civile (1990).

« 21 boulevard Mustapha Benboulaid »

Dalton Paula, Brésil, peint d’historiques personnalités activistes contre l’esclavage.

Dalton paula, Chico Rei, 2024

J’ai apprécié cette salle consacrée à l’artiste Bouchra Khalili : Des vidéos filmant le tracé des parcours de migrants où on les entend décrire leur parcours et ses constellations de 2011.

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Là, je m’abstiens d’ajouter des photos qui reflèteraient malheureusement un certain désintérêt de ma part.

Ce n’est que l’envers du décor

…Et la suite avec quelques belles découvertes et des choses plus conventionnelles, le parti pris des commissaires étant d’exposer des artistes autochtones et queers.

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Le clou, c’était quand même la brochette de soldats en jarretelles… Après, il y a des détails intéressants, des oeuvres qui attirent l’oeil par leur finesse, des compositions intrigantes… Mais, et c’est mon avis, on en rencontre ailleurs. En revanche, les thèmes sur l’homosexualité, la transidentité et la culture queer ont tout à fait leur place. On sait que bien des pays ont une phobie meurtrière envers ces sexualités et genres qui ne correspondent pas à la binarité traditionnelle. L’Europe aussi a des progrès à faire en la matière…

Aravani Art Project, Diaspora, 2024, Inde

Violeta Quispe est une artiste et militante liée aux traditions andines de la culture quechua dans la région d’Ayacucho au Pérou. Les dernières lettres « e » et « x » dans le nom d’Ekeke Sarhuinx soulignent l’aspect neutre du point de vue de la figure de Sarhuina qui combine des éléments mâles, tels que le poncho, le cigare et la moustache, avec des jupes et des sandales typiquement femelles. Le mégaphone, le masque à gaz et le gant de boxe avec l’expression « lutte constante » désignent son activisme politique, tandis que la balle et la petite voiture – les jouets généralement associés aux garçons – interrogent les conventions de genre. De même, les drapeaux, les livres et les slogans défendent la liberté sexuelle et les droits des LGBTQIAP. Le «vin du sang du Christ » est une critique du conservatisme chrétien et la boisson rafraîchissante « Humica-Cola » dénonce l’impérialisme culturel.

Une vidéo impressionnante de Joshua Serafin. Elle décrit une sorte de rituel avec l’eau et la terre accompli par une divinité non binaire imaginant un monde nouveau et le faisant exister en se créant elle-même par le geste, l’expressivité et le mouvement.

Void, 2022 (vidéo)

Une oeuvre que j’ai goûtée avec plaisir, Rember Yahuarcani (Pérou) et acryliques sur toiles.  Délicates, attirantes, narratives, descriptives, plutôt lyriques, ses oeuvres racontent la vie quotidienne des Uitoto afin de voir et de ressentir le monde à partir d’un système de croyance différent. Les animaux, les plantes, les esprits, les humains et les autres êtres de la forêt amazonienne qui peuplent ses peintures sont représentés comme moléculairement connectés les uns aux autres. Elles m’ont emportées et fait rêver…

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Voici le bout du couloir de la Corderie. Il y a d’autres expositions autour, dont des pavillons nationaux.

Un drôle de créateur, Jiannan Wu, ayant bénéficié d’une résidence au Swatch Art Peace Hôtel, présente des oeuvres qui poussent le public à s’approcher.

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Intéressant, le « Travail de confort » de Andrii Dostliev et Lia Dostlieva: après des entretiens menés avec des réfugiés ukrainiens, 10 portraits stéréotypés d’Ukrainiens qui répondent aux attentes (souvent ridicules ou déshumanisantes) de divers groupes de spectateurs européens. Portraits joués par des acteurs de l’UE.

Et le très beau pavillon la République du Bénin, conçu par quatre artistes, dans la tradition Yoruba, il s’intitule « Tout ce qui est précieux est fragile« . Outre de très belles toiles bleues représentant des femmes, une bibliothèque est consacrée à l’héritage colonial, aux savoirs autochtones, à la représentation africaine et à la perte de biodiversité.

Le pavillon italien est traditionnellement situé tout au fond du site. Pour cette 60e biennale, il est acoustique et joue sur les mots (Due Qui, Two Hear). Pas de photos plus ou moins réussies. Un labyrinthe monumental de tuyaux métalliques et des orgues par Massimo Bartolini.

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