
Albrecht Dürer (1471-1528), dessinateur, graveur, peintre et théoricien de l’art, naît à Nuremberg d’une famille d’orfèvres. Il est le troisième enfant du couple qui en eût dix-huit. Malgré un mariage durable, même s’il ne fut pas très heureux, il ne laisse aucune descendance.
Plus de soixante-dix tableaux, plus d’une centaine de gravures sur cuivre et environ deux cent cinquante gravures sur bois, plus d’un millier de dessins et trois livres imprimés nous sont parvenus. (wikipedia)
Entre autoportrait spirituel de l’artiste, signification apocalyptique, impossibilité à définir la beauté, ésotérisme chrétien, etc., cette célèbre gravure a inspiré d’inépuisables interprétations:
Qu’est ce polyèdre? Y a-t-il un visage sur une de ses faces? Pourquoi le nombre 34 dans le carré magique? Le château de Chillon est-il représenté dans le paysage? Le lévrier (veltro en italien) est-il celui de la Divine Comédie? La figure principale est-elle féminine, et pourquoi son regard est-il aussi vif? Qu’écrit le putto avec tant de soin? Pourquoi Dürer a-t-il orthographié le titre ainsi? etc.
Une histoire imaginée d’Héloïse Pocry à écouter ICI
Quelques tentatives d’interprétation ici, là et là.

Jheronimus Van Acken, dit Jérôme Bosch (entre 1450/55-1516), peintre néerlandais, est né dans une famille d’artistes et formé dans l’atelier familial. Il prend le pseudonyme de Bosch (Bois-le-Duc, son lieu de naissance) pour se différencier de sa parentèle. Son mariage en 1478 avec une riche aristocrate lui assure l’aisance financière et le statut de notable. Il est membre d’une confrérie vouée au culte de la Vierge, sa pratique religieuse est donc irréprochable.
Une quarantaine de ses oeuvres sont aujourd’hui répertoriées, dont des attributions incertaines. Son univers pictural (tableaux non datés) peuplé de démons et d’êtres improbables semble être sa vision pessimiste d’une humanité corrompue vouée au péché et à la folie.
Le panneau de gauche représente le paradis terrestre habité par les animaux, Adam, Eve et Dieu. A droite c’est l’enfer et ses démons torturant les damnés. Le jardin des délices occupe le centre du triptyque. Refermé, c’est un globe à demi rempli, même si la terre n’était pas forcément ronde pour tout le monde en 1500…Dieu est en haut à gauche, Il en est au troisième jour de la Genèse. Cliquez sur le lien ci-dessous pour en voir les détails :
Le jardin des délices interactif
L’oeuvre est étudiée dans ce documentaire (2016) de José Luis López-Linares qui a organisé des visites commentées par William Christie, Michel Onfray, Orhan Pamuk ou encore Salman Rushdie.
Et pour aller encore plus loin, une analyse détaillée par le blog Le coin de l’énigme.

Cette oeuvre, définitivement inachevée après 8 années d’élaboration de Marcel Duchamp , est le résultat de recherches complexes dont l’artiste a laissé des traces dans plusieurs carnets et notes (la boîte verte). La partie supérieure représente l’élément féminin, la mariée. La partie inférieure est consacrée aux éléments masculins, soit les neufs moules mâliques (les célibataires), la glissière, le moulin à eau, les tamis, le ciseau et la broyeuse de chocolat (les célibataires broient leur chocolat eux-même…), accompagnés des « témoins oculistes » et de la lentille. Ces deux parties sont séparées par le vêtement de la mariée.
Le Grand Verre nous amène à non plus seulement voir une peinture mais à réfléchir sur une oeuvre à la fois visuelle, linguistique et conceptuelle.
Commencée par Marcel Duchamp à l’âge de 28 ans, au début de son installation à New York, cette sculpture/vitrail/peinture est composée de deux plaques de verre de 2m50 de haut entre lesquelles sont peints des éléments à l’huile, des feuilles d’aluminium, de bois, d’acier et des fils de plomb, ainsi que des « accidents » comme de la poussière ou le bris du verre. Elle serait inspirée d’un jeu de fête foraine où les participants devaient déshabiller une effigie de mariée en lançant des projectiles ou encore d’un poème de Mallarmé ou d’un texte de Raymond Roussel. Marcel Duchamp, grand intellectuel, met en place des réflexions sur l’art. Conservant son humour, il désire « tuer l’art », remettre en cause le statut de l’artiste et le rôle de l’oeuvre d’art. Il en est le philosophe selon certains, le sociologue selon d’autres, ou encore le révolutionnaire anarchiste.
Ecoutez les trois extraits sonores de la voix de Duchamp dans ce document France inter.
« Recréer des idées dans la peinture, la mettre au service de l’esprit » (retrouver la Cosa mentale de Vinci), voilà ce qu’a voulu exprimer Duchamp en laissant le regardeur interloqué devant sa fascinante création « anti-rétinienne ».

Ces trois oeuvres, parmi d’autres et au-delà du temps, ont influencé les artistes et la pratique même de l’art. Leur puissance symbolique relate, plus que des interrogations, l’intériorité de leurs auteurs. Elles affirment l’idée que la recherche de l’artiste est le moteur de tout art authentique. Plus qu’une beauté toute subjective, il est nécessaire de s’imprégner de la pensée de l’artiste, de sa motivation, de sa démarche pour entrer (ou poser le bout du pied…?) dans son univers. Le concept dans l’art n’est de loin pas uniquement un sujet contemporain!
Un collectif de journalistes a enquêté sur 36 énigmes de l’art (2011), ces chefs d’oeuvres indéchiffrables qui rendent l’art encore plus passionnant.

De l’importance de la signature de l’artiste, Dürer l’a comprise et utilisée (c’est même lui qui instaure le premier copyright de son oeuvre gravé!), Bosch l’a omise quelquefois (d’où les difficultés actuelles pour reconnaître son travail parmi celui de ses proches), Duchamp a joué et misé sur son influence sur la valeur de son travail, sans pour autant lui donner valeur de propriété de façon commerciale ou juridique (voir ici un article du site Infusion).



que du monde que j’aime, mon amie ! Dürer, j’ai toujours aimé et les peintures à énigmes sont nombreuses je crois. Bon, si on aime les livres parlant de toiles avec énigme : « Le tableau du maître flamand », Arturo Perez-Reverte, par exemple
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oui! encore un que je dois lire…merci!
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Très chouette. Merci et bon dimanche la Culturieuse…
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De Dürer on ne peut faire l’impasse, bien sûr. Mais les deux autres oeuvres, elles reviennent régulièrement raviver leur présence en moi. Ce jardin, comme j’aimerais le voir de mes yeux (il faut que je vois le film), quant à la mariée, j’ai eu la chance de la voir au centre Pompidou, sinon je me contente de rêver devant les petites valises de Duchamp. Votre article est très intéressant. Merci.
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J’ai aussi eu le plaisir de voir le Grand Verre à Paris. Et Les écrits sur Duchamp me fascinent. Entre son humour et son mystère, je ne sais que choisir.
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A reblogué ceci sur VITRINART.et a ajouté:
Albrecht Dürer (1471-1528
12 novembre 2016 · par CultURIEUSE
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Un bel ouvrage à offrir à Noël, et à partager… Merci beaucoup 🙂
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