Au Théâtre de Vidy, Lausanne, du 28 au 30 avril 2023
Deux courtes pièces d’une demie-heure chacune, toutes deux issues de jeunes chorégraphes et dégageant une puissance renversante.

« Workpiece » Anna-Marija Adomaityte (Cie AMA) et Gautier Teuscher pour le son.
Sur un tapis roulant elle marche. Vigoureusement. Elle s’est inspirée de son labeur dans un McDo. Répétitif, éprouvant, écoeurant. La cadence de ses pas sur le tapis. Le tempo de ses gestes automatiques. Ce qu’elle retrace est un ressenti, visage figé, sans expression. Là-bas, elle se devait de sourire. Et puis la tête, gauche, droite, petit soldat mécanisé, un poignet qui visse, un avant-bras qui repousse. Sifflement, accélération, trot, fuite? Le son de ses pas résonne dans nos poitrines. Sursauts, raideurs, tremblements. Temps, contretemps, longtemps. Enfin. S’immobiliser. Que devient l’esprit quand le corps endure? Impressionnant.

« La peau entre les doigts » Catol Teixeira.
Torse nu dévoilant de petits seins féminins, pantalon noir, cheveux très courts, il se déplace dans le silence. Le public entoure le plateau, assis à même le sol. L’artiste sourit, cherche le contact visuel, change d’endroit, s’allonge sur le sol, s’assied…Toujours en silence, il entreprend le même mouvement répétitif, pliant et dépliant son corps pour effleurer le plancher. Soudain, le son débarque avec l’obscurité et trois néons rouges suspendus verticalement. Juste au-dessous, les pieds enracinés, le haut de son corps se meut avec ardeur, si violemment qu’il semble que ses bras se soient multipliés. Les basses frappent lourdement un incessant tempo. La lumière rouge ne laisse apercevoir que ce torse protéiforme. Enfin, la danse se libère, effrénée, fougueuse, impétueuse, le corps entier y participe, tourbillonne, s’arrondit, dans une superbe ébullition. Une beauté tonifiante.