Au Théâtre de Vidy du 26 juin au 4 juillet et du 4 au 14 décembre 2021
Avec Martin Zeller et Graham F. Valentine

Un palier d’immeuble, des portes en enfilade, une pièce parquetée, une chaise, deux boîtes à lettres et un radiateur… d’importance!
L’univers de Christoph Marthaler s’harmonise particulièrement bien avec la viole de gambe. L’instrument est ancien, mais son charme agit de façon intemporelle, comme le démontrent les compositions jouées par l’excellent Martin Zeller (Jean-Sébastien Bach, Léo Ferré, Antoine Forqueray, Thomas Morley, Camille Saint-Saëns, Franz Schubert, Rev. John Skinner, Richard Wagner, ainsi qu’une chanson populaire irlandaise).
Le musicien et le comédien-chanteur Graham F. Valentine, tous deux élégamment vêtus, habitent cet endroit intermédiaire, un entre-deux quelconque, le monde extérieur étant seulement figuré par d’invisibles présences sonores: un chien, un voisin accommodant ou acerbe suivant les circonstances, un facteur fort généreux dans ses distributions de courrier, l’esprit exaspéré du radiateur rebelle.

Répétitions, dialogues saugrenus, pensées révélées, chants, poèmes, lettre: « what a beauty » que d’entendre ces textes sous la diction impeccable de Graham F. Valentine, cet habile comédien pince-sans-rire. Son élégance transparait dans toutes ses interventions. Quelle classe pour formuler de telles loufoqueries! Et ce qui laisse pantois est sa déclamation du poème composé d’allitérations de l’iconoclaste dada, Kurt Schwitters : good deal… not so easier, mais un com-Merz de très haute qualité! Un véritable feu d’artifice vocal! Jetez un oeil sur le rendu du texte :
Lors de ces explorations du langage et autres citations d’auteurs et autrices proches de l’OuLiPo, l’humour est omniprésent, tout comme la poésie: tant de contrastes entre poèmes et assonances, musiques et textes, dialogues et interpellations, postures et conventions sociales… et ce qui est déversé par la boîte aux lettres dans le but de formater les esprits! C’est le carcan du monde extérieur qui serre aux entournures, pas le gilet. Un humour caustique en diable sous son air innocent où les portes claquent sur un morceau de Bach et où la poésie résonne d’onomatopées.
Créé comme un vêtement sur mesure pour le grand Graham F. Valentine, ce spectacle est le témoin de la complicité de longue date entre Christoph Marthaler et son ami Mr Valentine, comédien écossais. Tels des frères nés le jour de leur rencontre, ils fêtent leur anniversaire avec les bulles pétillantes issues de leur langage poétique et musical.

Graham F Valentine sur sa rencontre avec Christoph et leurs différentes collaborations
Ce texte (pdf ci-dessus) fait partie du livre de Klaus Dermutz, Christoph Marthaler, Die einsamen Menschen sinbd die besonderen Menschen, Salzburg Wien, Residenz Verlag, 2000 (traduction de Camille Logoz)
(Merci à Gilbert B. pour les infos!)
vu il y a qqs semaines. En effet parfois tordant…. un peu inégale toutefois. Mais merci pour ta critique qui m’avait permis de mettre mes amis sur le coup. …. le théâtre était à moitié vide….. (sniff)
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