Au Théâtre de Vidy, Lausanne, du 28 avril au 5 mai 2023
D’après Anton Tchekhov, traduction Olivier Cadiot.
Avec Vincent Berger, Olivia Corsini, Katia Ferreira, Mathias Labelle, Liza Lapert, Xavier Maly, Pierre Timaitre, Gérald Weingand
La Mouette est une comédie. Sa première a eu lieu en 1896. Depuis, elle a été jouée à d’innombrables reprises. C’est aussi une tragédie, révélatrice des tourments humains. La vie est ainsi et le regard des artistes nous invite à en déployer les différentes facettes.
La scène est vide, tout juste voyons-nous un entassement de mobiliers d’un côté et des portants de vêtements de l’autre. En fait, le plateau est resserré par trois parois, à celle du fond sont adossés de grands chassis entoilés. Ils feront figure d’écrans mobiles sur lesquels seront projetées les images filmées en direct et à vue. De plus, on ne le percevra que plus tard, mais ils masquent une ouverture centrale qui débouche sur une chambre adjacente.

Tout l’art de cette mise en scène est d’ouvrir les espaces, qu’ils soient matériels ou mentaux, et donc de développer l’intérieur des lieux et l’intériorité des êtres en allant chercher ce qui est occulté. Les prises de vues sont réalisées par des cameramen et quelquefois par les acteurices. Des cadrages qui ont dû nécessiter un travail de précision considérable. L’extraordinaire inventivité des captations auxquelles on assiste durant tout le spectacle construit une oeuvre plastique d’une esthétique contemporaine spectaculaire.

Quelques mots sur l’histoire. Passions non partagées, destins artistiques bafoués, estimes de soi démesurées ou amoindries, confrontation entre jeunesse/innovation et âge mûr/conformité, besoins d’amour et de reconnaissance, relation filiale, sont les éléments tissant la trame des évènements qui se déroulent lors du séjour d’une famille aux abords d’un lac. La mouette du titre symbolise le destin tragique de Nina, la jeune voisine à vocation de comédienne. Elle est aimée de Constantin Treplev, écrivain en puissance, et jouera dans l’ébauche d’une pièce qu’il a écrite. La mère du jeune homme, Irina Arcadina est une actrice à succès en couple avec Trigorine, un écrivain célèbre. D’autres personnages gravitent autour du récit, soutenant l’intrigue.

Capter des énergies brutes au plateau, être au plus près des acteurs pour filmer des émotions réelles. Ne plus chercher à filmer l’événement mais seulement son impact sur les corps : c’est ce que fera ici notre caméra. Une caméra qui travaillera en complicité avec le théâtre pour saisir l’énergie du geste et la magie de la présence. Cyril Teste
Des musiques assourdies enveloppent l’action des comédien.ne.s. Fascinant.e.s de justesse, leurs visages filmés en gros plan tandis qu’on assiste à leur jeu sur scène, iels sont vêtus de façon ordinaire et nous ressemblent. Face aux émotions intimes des protagonistes, le public est impliqué dans l’essence même de la pièce. Grâce aussi au texte revisité dans le respect de l’esprit de la pièce originale, c’est à une véritable comédie humaine que l’on assiste. Cette mise en scène recrée la pièce de manière captivante, elle en extrait la profonde humanité ainsi que son universalité.
(voir ICI la chronique sur la version de Thomas Ostermeier 2016).

Je ne peux pas voir cette version. Elle a été déprogrammé chez nous pour cause de grève et je ne serai pas à GRE pour sa reprogrammation. Dommage !
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Oh dommage, c’est une oeuvre géniale!
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