« La Gioia » Pippo Delbono

Avec Dolly Albertin, Gianluca Ballarè, Margherita Clemente, Pippo Delbono, Ilaria Distante, Mario Intruglio, Nelson Lariccia, Gianni Parenti, Pepe Robledo, Grazia Spinella et avec la voix de Bobò.

Bobo et Pippo

Microcéphale et sourd-muet, ayant vécu une grande partie de sa vie en asile psychiatrique, Bobò décède en 2019 à l’âge de 82 ans. Depuis 1996, il participait à tous les spectacles de Pippo Delbono, lequel l’avait libéré de l’asile en 1996.

D’un rectangle de faux gazon, tel une sépulture, que l’on feint d’arroser régulièrement sur l’hymne à l’insouciance de Bobby McFerrin, poussent des fleurs éclatantes de couleur. Voilà peut-être tout le propos de la tendre célébration de Pippo pour Bobò, son incarnation de la joie.

Ensuite les comédiens de sa troupe, dont il a évoqué la rencontre d’un trait, exposent les attributs de leurs folies, postures et costumes felliniens exaltés par la lumière stroboscopique. Iels sont des cabossé.e.s de la vie, repêché.e.s de contrées insalubres, mais iels ouvrent leurs regards vers la joie. Quant à Pippo, il ne danse pas, enfermé qu’il est dans sa douleur et la honte de sa douleur, lui qui a tout pour être heureux. Il est emprisonné par la conscience de la souffrance régnant sur le monde, enserré dans l’affliction de la perte et du deuil. Et, dans son désarroi, il supplie: »Reste avec moi. Reste avec moi« .

Photo© Luca del Pia

Pourquoi appelle-t-on les fous des illuminés?  Le message, constitué de petits cris, que Bobò transmet, affirme que la possibilité de la joie existe dans les plus noirs instants.

Les images poétiques se succèdent, comme ces petits bateaux de papier, alignés sur la scène, fragiles comme de petites joies qui semblent insignifiantes et pourtant sont innombrables. « Mon Dieu, que la mer soit sans fin » a écrit Hanna Szenes. Comme aussi ces vêtements colorés, sortis de sacs poubelle et dont les amas fleurissent le sol. Eparpillés, ils seront vite balayés car la tristesse, la douleur, la peur sont des choses qui passent. La joie également d’ailleurs.

« Sois patient devant ce qui t’arrive, tu dois décider que la joie est la route de ta vie »

C’est un spectacle de contrastes. Intitulé « la joie », il évoque la peine. Il débute par une scène vide et se termine par une explosion de fleurs. Le héros en est absent tout en remplissant l’espace de sa présence. Le Monsieur Loyal incarné par Pippo Delbono ne porte aucun costume, pas du tout théâtral, il est en jeans et chemise. La poésie des scènes allégoriques est envahie par le soliloque quasi continuel du narrateur. Ou vice versa. Pourtant sa voix grave, murmurante ou vociférante et sa langue italienne, celle des grands opéras lyriques, sont des mélodies qui s’ajoutent aux airs populaires et classiques émaillant la pièce.

Le théâtre de Pippo Delbono raconte les histoires de sa vie. Il  a l’art de les transformer en poèmes scéniques qui charrient des moments d’émotions. La lumière qui éclaire le public si fréquemment durant le spectacle témoigne de l’authenticité de sa volonté de partage.

Pippo Delbono  a participé aux productions de Pina Bausch, Pasolini, Greenaway, Yolande Moreau, Amos Gitaï, etc. Il a créé plus d’une vingtaine de pièce de théâtre.

3 réflexions sur “« La Gioia » Pippo Delbono

  1. De Pipo Delbono dont j’ignorais tout alors, je me souviens d’un labyrinthe, une installation dans le forum du centre Pompidou (lors d’une rétrospective, je crois) et d’une représentation avec la chanteuse Camille le même jour. Ce labyrinthe m’avait fort marquée, il m’aurait fallu y retourner pour approfondir. Mais je m’y étais prise trop tard.

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s