Un réveillon d’expositions à Paris (III): Prix Marcel Duchamp 2022

Les concurrents du prix Marcel Duchamp 2022 au Centre Pompidou

Giulia Andreani, Iván Argote, Mimosa Echard et Philippe Decrauzat

Les trois installations vidéo d’Ivan Argote, j’avoue ne pas m’y être arrêtée. Il y a beaucoup à voir au Centre Pompidou et il faut quelquefois faire des choix. Trois écrans (Paris, madrid, Rome) et une place, que l’artiste désigne comme agora, meublée de piedestaux roses accueillants et confortables, où l’on peut prendre place et engager la conversation sur ce que l’on voit à l’écran: des monuments extirpés de leur origine circulant en ville. Un art avant-tout socialisant et participatif incitant à la réflexion partagée.

Ivan Argote, Air de jeux

La recherche artistique de Philippe Decrauzat (1974) prend forme dans l’optique. La forme et l’espace en sont les principaux vecteurs. Pour cela il expose dans deux salles, un film (Replica) et quatre peintures (Feed Back Loop). Dans la boîte noire, le film diffuse des images abstraites de marbre en couleur cernées de deux miroirs que l’on ne perçoit pas immédiatement, au risque de les percuter. On peut jouer avec son ombre face à l’écran. Les peintures sont des sortes de labyrinthes en relief. Suivre ces parcours du regard nous donne envie de les toucher du doigt, ils évoquent autant l’espace que la temporalité du déplacement.

Giulia Andreani expose peintures grises et sculptures. L’artiste fonde son travail sur des recherches d’archives pour peindre d’après photo. Sa réflexion sur les féminismes aboutit ici à HEX(E), tableaux évoquant la fonction nourricière et de soins attachée à l’image de la Femme et à son réinvestissement en « guérillère ».  Un portrait de petit garçon intitulé Boys don’t cry aborde le côté masculin des injonctions de genre. Une salle très belle et émouvante.

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La pièce que présente Mimosa Echard (1988) est une installation recouverte d’un mur d’eau (Escape More). Ce tableau liquide, fontaine perpétuelle, est laissé à la libre interprétation des regardeu.r.se.s. Un flux continu qui coule sur un « grand verre » (!). Une architecture liquide, un écran voilé, un circuit en boucle, un flux d’informations brouillées, une cascade lumineuse mais floue au travers de laquelle on devine plus que l’on ne voit. Des objets sont posés derrière cette chute d’eau, plus ou moins perceptibles selon leur distance, ne laissant deviner que leur luminosité, leurs contours  et leur couleur. Le son de l’eau ressemble à une conversation ininterrompue. L’artiste y a inclus des matériaux de recherches précédentes, viant ou non-vivant comme des pilules aux hormones, graines, objets neufs à vie limitée, etc. Elle surnomme son oeuvre « machine lacrymale » ou « écran désirant ». Elle a bien bûché son Marcel! J’ai aimé.

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C’est Mimosa Echard la lauréate du prix MD 2022!

ESCAPE MORE; 2022

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