Georges Mathieu (d’Escaudoeuvres) est un peintre français né dans le Pas-de-Calais(biographie). Issu d’une famille de banquiers, il étudie le droit, la philosophie et les lettres et commence à peindre à l’âge de 21 ans. C’est à la fin de la guerre qu’il prône une peinture gestuelle et milite pour un art libéré des contraintes traditionnelles. Le mouvement de l’abstraction lyrique, en opposition à l’abstraction géométrique, nait en écho à l’action painting états-unien (Pollock…). Fondé sur l’improvisation, la vitesse et la spontanéité, le dynamisme en est le concept principal : « La liberté, c’est le vide. »déclare Georges Mathieu. Pour lui, le signe précède le sens et l’image précède l’idée.
En 1947, il expose à Paris et, trois ans plus tard, au Japon et aux Etats-Unis (ce dernier pays refusera par la suite toute exposition ou performance de sa part. Concurrence?). Il voyage ensuite dans toute l’Europe et ailleurs.

En 1954, utilisant la peinture à même le tube et sans esquisse préalable, il peint en public (introduisant le happening en France) en 80 minutes l’oeuvre « Les Capétiens partout », tableau participant d’une série de batailles et de titres historiques. Il nomme ses performances publiques « Manifestations de combat ». Un film tourné par Frédéric Rossif en 1971, « Georges Mathieu ou la fureur d’être », sur la musique de Vangelis, témoigne de la chorégraphie intense qui présidait à la création de ses tableaux. Il édicte les quatre critères de l’Abstraction Lyrique : la primauté accordée à la vitesse d’exécution, la non préexistence des formes, l’absence de préméditation des gestes et la nécessité d’un état second de concentration.



Les oeuvres sont souvent titrées postérieurement à leur exécution.

De 1953 à 1963, il est rédacteur en chef de l’United States Lines Paris Review. Une querelle a lieu à cette époque avec André Breton, les rapports entre surréalisme et abstraction lyrique devant être clarifiés. Le musée d’Art Moderne de la ville de Paris lui consacre une première rétrospective en 1963.
Dans les années 70, le peintre s’est fait graphiste, architecte et designer. Il est persuadé de la nécessité de créer des harmonies plus heureuses entre l’homme et son milieu, il pense que l’artiste a un devoir envers la cité et veut créer un style plus qu’un langage artistique. Il crée la pièce de dix francs (1974), le trophée des 7 d’Or, le logo d’Antenne Deux, dessine des timbres-poste, les plans d’une usine, des affiches pour Air France, des bijoux, des meubles et des tapisseries.
Il expose plus de cent cinquante fois dans le monde entier et conçoit des sculptures monumentales. Pour lui, « L’artiste est maintenant appelé, pour réduire le risque du naufrage social, à quitter sa tour d’ivoire pour la tour de contrôle de la société. »(citation de Galbraith). Il s’engage donc dans une croisade visant une éducation qui renforcerait la sensibilité plutôt que la raison et l’économie. En 1976, il est administrateur de la Société d’encouragement aux métiers d’art mais aussi membre de la Commission pour la réforme de l’enseignement artistique ( Ministère de l’Education ).

Dans l’ouvrage ci-dessus, Georges Mathieu déclare : « Si l’impressionnisme est la libération du réalisme photographique, le fauvisme la libération du réalisme de la couleur, le cubisme la libération du réalisme des formes, (…) l’abstraction lyrique incarne l’ultime libération, celle de toutes les références. »
Georges Mathieu est passé durant sa vie du statut d’artiste novateur à celui de peintre officiel de la France bourgeoise de Pompidou, puis destitué et ignoré par certains. Il se revendiquait monarchiste et catholique et affichait un dandysme provocateur. Le paradoxe de cet homme, entre idées aristocratiques rigides et art sans aucune concession à l’académisme, en a fait une contradiction vivante. Ce dandy révolté cesse de peindre en 1991.


Ce pertinent article sur l’art et publicité démontre que les deux sont liés « L’art et la publicité sont deux phénomènes culturels intimement liés entre eux. Le ciment de cette relation n’est rien d’autre que la créativité. L’artiste puise dans la créativité pour donner corps à son œuvre tandis que le marketeur va l’associer à un sujet (ce pourquoi il communique) pour donner vie à sa publicité. « (http://demeteretkotler.com)
Toulouse Lautrec a initié l’affiche publicitaire d’artiste :



Andy Warhol s’est inspiré de la publicité pour la réinterpréter :

Puis c’est la publicité qui s’est emparée de l’art pour vendre ses produits, que ce soit par citation, allusion ou imitation (diaporama sur ce site cliquer ici )


La rue est le lieu le plus visible et le plus fréquenté. Pourquoi la publicité devrait-elle être la seule à bénéficier de l’espace public? Nous subissons ses injonctions au quotidien sans même nous en rendre compte, ne serait-il pas temps de s’insurger et donner plus d’espace à l’art dans nos milieux urbains? Le Street Art dénonce cet état de fait:

« Nous sommes des rats de laboratoire pour les publicitaires qui exploitent nos peurs et nos insécurités via le consumérisme. Je suis un être humain, pas un consommateur. Alors en reprenant ces panneaux, nous reprenons juste ces espaces. Si Sao Paulo au Brésil a pu bannir la publicité en extérieur, nous le pouvons aussi ». Bill Posters

Comme toujours chez toi, une richesse inouïe d’informations – merci !
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houlà, si tu savais comment je me restreins…
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super super super ! Que veux-tu que je rajoute ? Une mine de connaissances, vraiment ! Comme on se le disait avec ma cop’ Béa et la Fée Kali, on ressort toujours plus intelligentes de la lecture de ton blog, et ce n’est pas là vile flatterie ! 🙂
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Merci! moi aussi j’apprends en même temps. Le travail de Mathieu m’avait toujours intrigué et je suis plus attirée par l’action painting que par l’art concret ou l’abstraction géométrique.
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J’aime bien les titres de ses tableaux ( ça me fait marrer ! Les capétiens partout ! ) et celui, le bleu, Ksanti est superbe.
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Ahah, c’est aussi mon préféré!
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