Mitra Farahani (1975) § Femmes iraniennes

318856.1Mitra Farahani est née à Téhéran, Iran. Elle est cinéaste et peintre.

Elle obtient une bourse en 1998 après des études artistiques à Téhéran et entre à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris où elle suit des cours de vidéo. Son premier documentaire montre une transsexuelle à Téhéran, « Juste une femme »(2001). Il semble qu’en Iran, dans la République islamique, le changement de sexe soit toléré, alors que l’homosexualité est punie de mort.

« Tabous », qu’elle réalise en 2004, est un long métrage sur l’amour et la sexualité. Elle l’aborde par le biais de la poésie, omniprésente en Iran, en l’occurence un poème du XIXe siècle, interdit, et des témoignages d’iraniens et d’iraniennes. on y découvre la pratique du « mariage temporaire », une autorisation de copuler limitée dans le temps et délivrée par un fonctionnaire!

« Aujourd’hui en Iran, si l’on demande à quelqu’un de définir l’amour, sa réponse commencera immanquablement par une référence poétique. Il ne parlera ni de son vécu ni de ses expériences, mais choisira une métaphore poétique. La poésie est présente partout en Iran, dans le cinéma, dans la peinture, et plus généralement dans la culture de chacun, même les hommes politiques et les religieux y font sans cesse référence. Pour moi, la partie fiction a un sens profondément documentaire(…) » MF

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En 2006, elle réalise « Le temps suspendu », un documentaire-portrait d’une peintre iranienne, Behjat Sadr (1924- 2009),  considérée comme une pionnière de l’art conceptuel en Iran. « J’aimais les contrastes. J’ai très vite laissé de côté le pinceau et je me suis servie du couteau à plâtre. J’aimais, au lieu de mettre de la couleur, l’enlever de la toile… » Behjat Sadr. Plus sur son oeuvre : clicker ici

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Behjat Sadr (1962)

 

 En  2009, Mitra Faharani est arrêtée lors de son retour en Iran et devra sa libération aux médias et réseaux sociaux qui se sont mobilisés pour elle. Un an après, elle retrouve le peintre iranien Bahman Mohassess (1931-2010)  exilé à Rome. Cet artiste peintre homosexuel, sculpteur, poète et metteur en scène de théâtre a détruit lui-même nombre de ses oeuvres, les considérant inutiles. D’autres l’ont été par les Mollahs. Il a traduit en iranien Pirandello, Calvino, Ionesco, Genet, etc. Mitra Faharani réalise un film à son sujet sorti en 2013 « Fifi hurle de joie ». Ce documentaire est une réflexion sur l’art iranien mis à l’épreuve par des régimes politiques particulièrement réactionnaires (monarchique, islamique).

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Bahman Mohassess, « La chute d’Icare »

 

Reprenant des photographies d’artistes iraniens, Mitra Faharani dessine au fusain, entre autres, des victimes des procès post-élections de 2009. L’atroce actualité irakienne (James Foley, août 2014) fait malheureusement écho à ce travail très réaliste. Attention surtout de faire une distinction émotionnelle entre ce drame et l’oeuvre ci-dessous : l’artiste ici a représenté une idée, un concept et non un fait.

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Oeuvre de gauche : 2014 Dessins au fusain sur toile, caisson en métal, Collection de l’artiste, Paris. D’après une photographie de Alfred Yaghoubzadeh. Photographe Benoît Fougeirol

Mitra Farahani, « Prends ma tête mais arrête de me prendre la tête » (2014), présenté dans l’exposition « Unedited History » au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 2014. Cette exposition présente une rétrospective de la scène artistique iranienne des années 60 à nos jours en élargissant notre perception de ce pays et de sa modernité.

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La condition féminine en Iran a connu de nombreuses variations. Le militantisme féminin y est très présent et les femmes s’impliquent pour la reconnaissance de leurs droits par la République islamique. En 1936 fut instauré le droit à l’éducation pour tous (Reza Shah), le droit de vote en 1963. A cette époque, le hijab est exclu, puis redevient obligatoire en 1979 sous Khomeyni (révolution iranienne).  A sa mort, dix ans plus tard, les femmes entrent dans une nouvelle phase d’acquisition de droits. Et ainsi de suite…

Maintenant encore, une femme ne sort pas impunément sans voile, ne peut regarder un match de football masculin dans un stade, doit éviter tout contact avec un homme qui n’est pas de sa famille et Mitra Faharani a été arrêtée à sa sortie d’avion pour avoir parlé de sexe dans son film « Tabous ».

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Etudiantes iraniennes, années 70
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Femmes iraniennes 2013

Les Aryens, les Perses, les Mèdes et les Parthes, Darius, Alexandre le Grand, Mohammad Reza dernier Shah (38 ans de règne), l’ayatollah Kohmeyni, la guerre Iran-Irak, Shirin Ebadi (prix Nobel de la paix 2001), clicker ici pour une chronologie simplifiée…

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Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix 2003

…ou, plus ludique, la bande dessinée autobiographique de Marjane Satrapi et son long métrage d’animation (2007) maintes fois récompensé et objet de polémiques dans certains pays musulmans.

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