Lee Miller, modèle et photographe américaine.
Après une enfance américaine marquée par des abus sexuels, Lee Miller étudie le théâtre et les arts plastiques à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Cette femme d’une beauté sculpturale eut une vie mouvementée et palpitante. Elle vécut avec Man Ray, posa comme modèle pour Picasso entre autres, épousa un homme d’affaire égyptien, puis un surréaliste (Roland Penrose), photographia le désert, travailla pour le magazine Vogue, fut correspondante de guerre pour l’armée américaine. Elle n’hésita jamais à changer le cap de sa vie pour une nouvelle passion.
Portrait de l’espace © Lee Miller archives, UK. DR
Lee Miller, du fait de sa beauté, a laissé sa trace dans l’oeuvre de plusieurs artistes. Mais sa trajectoire personnelle en tant que photographe, qui va des expérimentations surréalistes aux reportages de mode, des photos de ses voyages en Égypte à celles réalisées pendant la Seconde Guerre mondiale et à la Libération, démontre un talent particulier qu’il vaut la peine de redécouvrir.
Self-Portrait, 1929
Ci-dessus la voici en modèle, en artiste surréaliste, en icône de la beauté. Cette image de féminité extrême, elle la brisera en devenant correspondante de guerre,la première femme photojournaliste. Elle photographie les gardiens des camps de la mort…
Sur ce lien une analyse de sa série sur les gardiens de Marianne Amar : http://clio.revues.org/1396
…et apporte au monde ses témoignages photographiques de l’horreur nazie.
Sa photo dans la baignoire d’Hitler est célèbre. Son fils, Anthony Penrose, s’est chargé de la promotion de son oeuvre après sa mort, promotion qu’elle-même n’avait pas jugée nécessaire de son vivant. Les milliers de négatifs qu’il a retrouvés dans leur grenier sont gérés par lui au travers du Lee Miller Archives (http://www.leemiller.co.uk/).
À son retour, Lee Miller veut passer à autre chose. Ami Bouhassane, sa petite-fille et curatrice du fonds d’archives Lee Miller, raconte qu’elle revient dans un état lamentable. Vogue lui propose un contrat pour qu’elle puisse de
nouveau travailler pour le magazine en tant que photographe de mode, elle refuse. Comment photographier des accessoires lorsqu’on a été témoin de la mort ? Alors, pour sortir de son état dépressif, de son whiskey et de ses troubles de stress post-traumatique, elle se plonge dans quelque chose qui ne lui rappelle pas cette vie. La cuisine. Et pour ses cinquante ans, elle s’offrit un cadeau à elle-même. Un voyage à Paris pour étudier au Cordon Bleu, l’école de cuisine et écrire un livre. (Les Glorieuses, newsletter du 16 mars 2022)
Une correspondante de guerre actuelle, Anne Nivat :
Anne Nivat, grand reporter, est habituée à travailler dans des conditions de reportage extrêmes, voire dangereuses, puisqu’elle couvre la guerre de Tchétchénie pour le quotidien Libération de 1999 à 2001. Elle complète son travail de reporter d’un travail d’écrivain et livre en 2000 un témoignage sur son expérience en Tchétchénie et les ravages de la guerre dans Chienne de guerre (Fayard), qui obtient le prix Albert-Londres. L’équivalent français du prix Pulitzer. Elle revendique le doit à la lenteur et effectue ses reportages en vivant comme une femme locale.
Une bande dessinée racontant la complexité de son travail et de ses interrogations.
Les reporters et photographes de guerres méritent le plus grand respect pour le travail d’information qu’ils entreprennent de nous transmettre au péril de leur vie. Ils oeuvrent pour la liberté d’expression de la presse eux aussi. Les photos et témoignages poignants qu’ils ont eu le courage de récolter, acceptons d’y faire face: ils nous ouvrent les yeux.
« Je suis un messager. Je ne veux pas les gens se préoccupent de moi. Je veux qu’ils se préoccupent des personnes sur les photos. J’essaie d’utiliser tout ce que je sais sur la photographie pour rendre service aux gens que je photographie. J’essaie de ne pas créer de photographies que les spectateurs regardent et disent: « Quel bon photographe » ou « Regardez quelle intéressante composition » Je veux que le premier impact, et de loin, l’impact le plus puissant, soit une réaction émotionnelle, intellectuelle et morale sur ce qui arrive à ces personnes. Je veux que ma présence soit transparente. » James Nachtwey (war photographer)

Ecoutez James Nachtwey parler de son travail et présenter quelques-unes de ses extraordinaires photographies: clicker ici
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