Au Théâtre Sévelin 36 du 9 au 20 novembre 2022, puis Yverdon et Genève.
Avec Géraldine Chollet, Yann Philipona et David Zagari
Velvet est le sixième volet des Dispositifs du chorégraphe Philippe Saire, une série de pièces chorégraphiques en lien avec les arts visuels.

D’abord quelques mots sur la création sonore de Stéphane Vecchione. En contraste avec un visuel soyeux, les effets sonores donnent un aspect acidulé au spectacle. Les sonorités classiques de Vivaldi sont froissées, déchirées, découpées et rapiécée avec habileté, créant un environnement exempt de temporalité. Tour à tour scintillants ou caverneux, crissants comme du satin froissé ou lourds comme une draperie de brocart, ces violons déconstruits exacerbent la matière du tissu visuel.
Trois personnages se partagent la scène, narrat.eur.ice.s intermittent.e.s des différents épisodes. S’exprimant tous trois par l’action de leurs corps dansants, l’une chante et un autre parle. Ainsi sont représentés les arts du spectacle vivant, accompagnés comme il se doit par l’indispensable accessoire de la scène: le rideau!
Un petit côté « Bande à part » ou suis-je imprégnée de JLG? Les clins d’oeil cinématographiques ne manquent pas et la visite au musée est chorégraphiée avec art et dynamisme. Les corps statufiés sont aussi sculptés, la peau triturée comme la glaise. Un solo dansé succède au duo remplacé bientôt par un trio. Emaillé de regards et adresses au public, le show est un panorama dansé des arts de la scène. Le rideau n’est plus un accessoire, mais bel et bien partie prenante de la narration et de l’espace. Non seulement il se taille un costume à l’image des trois comédien.ne.s danseu.r.se.s (ou est-ce l’inverse?), mais lui aussi danse et adopte de surprenantes tournures.
Un rideau bleu, océanique et profond, célébré par les vers de Victor Hugo; la semi-opacité d’un blanc surnaturel qui laisse entrevoir des silhouettes flottantes; un noir étoilé qui scintille pour une diva très spéciale; le rouge écarlate d’un rideau de velours lynchéen; l’éclaboussure mordorée et mouvante d’une peinture impressionniste; Un tableau baroque et guerrier; la luxuriance d’un rideau d’or étincelant…et puis l’enveloppante nuit… « Been waiting for the night to fall Now everything is bearable« .
Et tous les rideaux sont tombés.