
Norvégien, Edvard Munch est né dans une famille bourgeoise quoique modeste, d’un père médecin militaire. Sa mère meurt à une trentaine d’années après avoir donné naissance à cinq enfants, Edvard, alors âgé de cinq ans, étant le second. Sa tante, soeur de sa mère décédée, prend en charge l’éducation des enfants. La famille suit le père dans ses déplacements professionnels et déménage souvent.
Munch décide à l’âge de seize de devenir peintre. Il prend ainsi la relève de sa soeur aînée morte deux ans plus tôt. Son père cependant l’oblige impérieusement à entreprendre des études techniques qui selon lui seront plus lucratives. Le jeune Edvard obtempère durant deux ans, puis abandonne pour se consacrer au dessin et à la peinture. Il obtient une bourse et est admis à l’âge de vingt-deux ans à l’école Royale de Design.

Edvard est de santé fragile depuis sa naissance. Les décès de sa mère et de sa soeur Sophie, toutes deux atteintes de tuberculose, marquent son environnement mental et physique d’une ambiance de tristesse, de mélancolie et d’angoisse. La mort est tôt présente à ses côtés. Durant un séjour en 1889, il apprend par hasard à Paris dans un journal norvégien la mort de son père. Il se souvient alors que celui-ci, requis par un patient, avait finalement réussi à se libérer pour lui crier son nom et lui adresser par geste un ultime salut, un père minuscule et au crane chauve s’éloignant sur le quai tel qu’il le vit depuis le haut pont du navire. (wikipedia)

Le naturalisme norvégien et l’impressionnisme français sont ses premières influences. Il s’inspire ensuite des nabis, est touché par le japonisme, puis s’intéresse à l’approche du mouvement des futuristes. Le symbolisme n’est jamais loin de son art non plus.
Durant la seconde moitié des années 1880, Munch fréquente un groupe anarchiste par le biais de son ami ami écrivain Hans Jaeger. Il dessine et peint les aléas de la vie de son temps, constellée d’éléments biographiques. Après une exposition dans la ville de Kristiana, en 1889, il obtient une nouvelle bourse d’artiste pour trois ans.
« Je ne peins pas d’après nature – Je ne peins pas ce que je vois – mais ce que j’ai vu » EM
Les impressions de l’âme sont sa grande préoccupation artistique: sa série La Frise de la Vie, un assemblage d’oeuvres (Le Cri, Madone, La Danse de la Vie, Les Trois Âges de la femme, La Mort dans chambre de la malade,etc.), traite de l’amour, de l’angoisse et de la mort. Elle sera exposée intégralement en 1902 à la Sécession berlinoise.

« La Frise est conçue comme une série dont l’ensemble constitue un panorama de la vie. Tout au long courent les ondulations du même rivage. Au delà s’étend la mer, en perpétuel mouvement. Sous les arbres, la vie se déroule émaillée de joies et de souffrances. » EM


Munch pratique volontiers l’auto citation ou reprend ses sujets pour de nouvelles explorations, variantes et adaptations. Il laisse beaucoup d’autoportraits. Sa vie et son oeuvre picturale sont liées, éclairées de nombreux écrits

Lorsqu’il présente en Norvège le fruit de ses trois ans de bourse et de son séjour parisien, il se fait taxer de provocateur anarchiste. L’exposition, jugée scandaleuse, doit fermer ses portes. Le public et les peintres académiques conspuent son travail.

C’est à Berlin qu’il trouve refuge où il rejoint un groupe d’artistes et d’intellectuels passionnés d’occultisme, de psychologie et de philosophie (dont August Strindberg). Il y expose en 1893. Le poète et pianiste polonais Przybyszewski réalise en 1894 la première publication sur l’œuvre de Munch. Il la décrit comme relevant du « réalisme psychique ».

En 1896, Munch rejoint Paris après le décès subit de son frère. Il travaille avec un célèbre imprimeur, Auguste Clot. Gravure à l’eau-forte, lithographies en couleurs (ou chromolithographie), gravures sur bois: sa remarquable production graphique en fait un illustrateur recherché, rendant ce marché d’autant plus accessible aux bourses de la bourgeoisie. Les affiches de théâtre qu’il produit pour son compatriote le dramaturge Henrik Ibsen lui offrent aussi la reconnaissance publique.
En 1898, sa soeur Laura est internée pour schizophrénie. Il rencontre Tulla Larsen, fille d’un riche négociant en vin, et entame avec elle une relation houleuse. En 1902, lors d’un jeu morbide avec elle, il est blessé par balle à la main. Ce qui met fin à leur histoire commune.
En 1906 et 1907, il réalise des décors de théâtre pour des pièces d’Ibsen: Les Revenants et Hedda Gabler. Pour ce théâtre de chambre, intimiste, il réalise des études d’atmosphère et des esquisses de mise en scène qui servent de point de départ au jeu des acteurs, Reinhardt, le metteur en scène, décidant de renverser le rôle habituel accordé au décor dans la conception de la mise en scène. (une riche analyse du Centre Pompidou)

En 1908, en dépression et souffrant d’hallucinations, il décide de faire soigner ses problèmes d’alcoolisme et entre en clinique pour plusieurs mois.
Cette année-là naît le terme identifiant le mouvement expressionniste dont il est l’un des principaux précurseurs: la vision intérieure tourmentée de l’auteur, l’expression artistique de sa subjectivité. Edvard Munch sort de sa cure plus apaisé, au moins pour quelques temps, mais sa nature solitaire et angoissée demeure.

Munch s’achète un Kodak et découvre la photographie qu’il considère immédiatement comme un art. Pas si évident pour l’époque. Il recherche les flous et les déformations dues au bougés et réalise des autoportraits à bout de bras. Pourtant, il avance que « L’appareil photo ne peut pas concurrencer le pinceau et la palette tant que l’on ne peut pas l’utiliser au Paradis ou en Enfer. » EM
Au début du XXe siècle, Munch est en passe d’être un artiste reconnu en Europe. Pendant la première guerre, il conçoit et réalise les grandes frises qui ornent l’aula de l’Université de Kristiana. Fortune faite, il achète une propriété à Ekely, près d’Oslo et l’agrandit par l’achat de terrains.

Solitaire, mais cultivé, intéressé par l’actualité, il peint et s’entoure de son travail qu’il suspend aussi bien à l’extérieur, l’exposant aux intempéries, qu’à l’intérieur. Il a d’importants problèmes oculaires, comme la vision de corps flottants. Il les étudie et les reproduit sans pour autant penser cette production en termes d’abstraction. Ces observations sont pour lui bien réelles.

Les nazis jugent son art dégénéré et retirent ses toiles des musées allemands. Edvard Munch décide alors de léguer sa collection personnelle à la mairie d’Oslo, qui s’élève à un millier de tableaux et 4500 dessins et aquarelles. Il meurt à l’âge de 80 ans.

§
Il existe plusieurs types de problèmes oculaires et troubles visuels. Il s’agit notamment de la vision brouillée, des halos, des taches aveugles, des corps flottants, et autres symptômes. La vision brouillée est la perte de netteté de la vision et l’incapacité à voir les petits détails. Des taches aveugles (scotomes) sont de sombres « trous » dans le champ visuel à l’intérieur duquel rien ne peut être vu. Suite…et conseils

Pas bien compris cette phrase : 《 Il se souvient alors que celui-ci, requis par un patient, avait finalement réussi à se libérer pour lui crier son nom et lui adresser par geste un ultime salut, un père minuscule et au crane chauve… 》
J’aimeJ’aime
C’est une citation qui m’évoque « Le cri ».
J’aimeJ’aime
Merci pour ce bel article sur un de mes peintres préférés !
J’aimeAimé par 1 personne
Je trouve l’autoportrait en exergue d’une incroyable modernité. On dirait presque un Hockney! Merci pour le commentaire.
J’aimeJ’aime