Beatrice Romaine Goddard, devenue Romaine Brooks est une artiste peintre américaine née à Rome lors d’un voyage de ses parents, de riches américains. Mal-aimée par sa mère, elle est confiée à une famille pauvre new yorkaise à l’âge de 7 ans pendant que sa mère voyage avec son frère. Son enfance est très dure. Sa mère, Ella, entre autres abus, lui interdit le dessin, ce qu’elle outrepasse en secret. A 19 ans, elle part à Paris, Rome et Capri pour y étudier et chanter dans des cabarets. Elle rentre en 1901 aux USA pour s’occuper de sa mère et de son frère qui meurent tous deux peu après. Romaine hérite de la fortune familiale et s’installe à Paris.

En 1903, elle épouse un pianiste bisexuel, John Ellington Brooks. Elle quitte avec joie le nom de sa famille dysfonctionnelle. Son mari ne tarde pas à désapprouver ses tenues vestimentaires et ses cheveux courts. Dégoûtée par son conformisme, elle passe alors un accord avec lui : vivre séparés, ne pas divorcer pour respecter le code social et lui verser une pension.

Elle commence à travailler les gris de ses portraits dès 1904. Le travail sur les ombres de Whistler l’impressionne et elle s’en inspire. Elle ignore les tendances artistiques de son temps pour leur préférer le symbolisme et l’esthétisme du XIXe siècle. Sa préférence va aux portraits grandeur nature. Elle est alors liée à Ida Rubinstein, d’une beauté anguleuse, qui devient son idéal artistique et son modèle.

Elle rencontre Natalie Clifford Barney (1876-1972) en 1915, une écrivaine américaine qui tient salon mondain littéraire et saphique à Paris tous les vendredis. Salon que fréquenteront nombre d’artistes tels que Joyce, Colette, Rilke, Cocteau, etc. Romaine Brooks, bien que n’appréciant pas vraiment cette ambiance, fera le portrait de plusieurs d’entre eux. Les rares hommes à y figurer seront les poètes Jean Cocteau et Gabriele D’Annunzio. Sa relation avec Natalie Barney durera cinquante ans, que cette dernière entrecoupera de diverses aventures. « Il l’aime plus que les autres, mais il lui faut les autres pour s’en rendre compte. » Natalie Clifford Barney


Elles publient ensemble le livre « The One Who Is Legion », écrit par Barney et illustré par Brooks.
Avec son art de la palette sombre, Romaine Brooks a mis en lumière le fait qu’une femme puisse être l’objet d’un désir féminin et demeure complétement indépendante du regard masculin. Tout comme Natalie Barney l’a fait en adaptant le genre littéraire de l’amour courtois aux amours lesbiennes. Des rôles importants pour la construction du Paris de la Belle Epoque, ainsi que celle de l’image moderne de l’identité féminine. A mettre en lien aussi avec l’oeuvre de Claude Cahun à la même époque.

La figure du dandy, symbole de modernité du XIXe siècle, devient, un siècle plus tard, une perturbante image de l’identité sexuelle par rapport à la conception traditionnelle de la masculinité. En se mettant elle-même en scène dans cet appareil, Romaine Brooks rend clairement hommage par ses choix vestimentaires et artistiques à tout un panthéon de décadents et de dandys célèbres. Comme d’autres historiens de l’art l’ont déjà observé, l’autoportrait de Brooks de 1923 peut être considéré comme une revendication lesbienne de cet esthétisme décadent. (voir la référence dossier Clio)

Une biographie détaillée en anglais sur ce site : Natalie Clifford Barney & Romaine Brooks
Après 1925, Romaine Brooks cesse quasiment de peindre pour se cantonner au dessin. Ceux-ci, inspirés de son enfance malheureuse, peuvent être considérés comme une préfiguration du dessin automatique que pratiqueront les surréalistes.

Romaine Brooks, Natalie Barney et beaucoup d’autres ont permis qu’aujourd’hui la communauté LGBT soit reconnue dans le monde, même si elle n’est pas encore acceptée partout,
Le drapeau arc-en-ciel (rainbow flag) évoque traditionnellement la paix, la diversité et l’harmonie. il est principalement reconnu aujourd’hui comme représentant la communauté LGBT (lesbiennes, gay, bisexuelle, transsexuelle). On peut quelquefois y trouver l’ajout du I pour intersexué et du Q pour queer ou en questionnement. Cette représentation a été utilisée pour la première fois en 1978 à San Francisco, conçue par un jeune graphiste, Gilbert Baker. Le drapeau contenait 8 bandes à ses débuts, il n’en arbore plus que 6 actuellement: le rouge pour la vie, l’orange pour le réconfort, le jaune pour le soleil, le vert pour la nature, le bleu pour l’art et le violet pour la spiritualité.
Le samedi 27 juin 2015 a marqué le grand rendez-vous de la communauté pour la désormais (depuis les années 70) traditionnelle Gaypride à Paris, New York, Londres ou Dublin. Appelée aussi Marche des Fiertés LGBT, deux ans après l’adoption du mariage pour tous en France et celle des Etats-Unis cette année, certaines revendications sont encore d’actualité (droit des personnes transidentitaires, procréation assistée). Ce qui prime malgré tout est le besoin de faire prendre conscience de l’homophobie et de la discrimination.

Je ne connaissais pas. J’adore le premier autoportrait que tu a mis, ton article tout entier aussi !
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« The cross of France » – on dirait une esquisse pour un dessin/peinture de Bilal…. ce bleu bilalesque….et moi j’adore les azalées….!
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Bleu bilalesque! ça me parle!
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Et c’est vrai, le style lui ressemble beaucoup.
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Vous Bilez pas z’êtes pas les seuls …!!!
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Absolument! En découvrant ses portraits, notamment « The cross… », j’allais commenter que cette artiste a dû influencer Bilal. Voilà c’est fait.
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A reblogué ceci sur VITRINART.et a ajouté:
ROMAINE BROOKS (1874-1970)
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