» Il y a dans toutes mes peintures deux vents contraires qui soufflent, l’un me portant à outrer les marques de l’intervention et l’autre, à l’opposé, qui me porte à éliminer toute présence humaine … et boire à la source de l’absence. » JD
Jean Dubuffet est né au Havre dans une famille bourgeoise de négociants en vin. Il n’est pas passionné par les études et préfère le dessin. Dès l’âge de 16 ans, il s’inscrit aux cours du soir de l’école des Beaux-Arts. Après son baccalauréat, il passe six mois à l’Académie Julian de Paris, puis décide d’apprendre seul. C’est un autodidacte. Il passe alors plusieurs années d’allers et retours vers l’art, de recherches existentielles et artistiques, voyages en Europe, visites aux artistes (Léger, Gris, Valadon, Duffy…). Il fonde un commerce qu’il finira par mettre en gérance pour se consacrer définitivement à son art dès 1943.
Dès 1923, il s’intéresse aux productions artistiques des malades mentaux. Cette année est celle de l’internement de Louis Soutter dont Dubuffet découvre l’oeuvre en 1945, même si son oeuvre ne sera finalement catégorisée Art Brut.


En août 1945, Jean Dubuffet baptise Art Brut ce qu’il collectionne depuis plusieurs années: L’art des « fous » et des marginaux de toutes sortes, prisonniers, mystiques, révoltés, etc. les créations d’adultes psychotiques et autres autodidactes. Il est en contact avec le cercle médical suisse et prospecte les hôpitaux psychiatriques. Il rédige les huit premiers fascicules de l’art brut qui présentent les artistes sélectionnés. Les suivants seront édités par Michel Thévoz, puis, dès 2012, par Lucienne Peiry.
La première exposition personnelle de Jean Dubuffet à Paris date de 1944 (à la Galerie Drouin qui l’expose jusqu’en 47). Elle suscite de vives controverses : matière brute et « boueuse », maladresse délibérée, référence aux dessins d’enfants… Jean Dubuffet affirme sa volonté anti-culturelle, il ne cherche ni à plaire, ni à vendre (son commerce et la fortune familiale lui assurent un revenu). La création est pour lui affaire de « main heureuse » et non de don inné. Il désire faire table-rase, se déconditionner, se libérer des influences. Lorsqu’il traite, par exemple, les portraits d’une cinquantaine d’artistes et intellectuels, c’est sans besoin d’exactitude, en s’attachant à les décrire à la manière d’un paysage :
Les gens sont bien plus beaux qu’ils croient. / Vive leur vraie figure / à la galerie Drouin / 17, place Vendôme / PORTRAITS / à ressemblance extraite, / à ressemblance cuite et confite dans la mémoire, / à ressemblance éclatée dans la mémoire de / Mr. JEAN DUBUFFET / Peintre.

Il voyage trois fois au Sahara entre 1947 et 49. Il amalgame sur ses tableaux toutes sortes de matières telles que sable, gravier, goudron, plâtre, etc., puis dessine dans ce mélange avec un outil ou ses doigts.

Avec la série des « Corps de Dames », Jean Dubuffet s’attache aussi à s’affranchir des critères esthétiques et à désacraliser le corps humain. Ses théories et ses expériences vont marquer l’art des années 50 et 60. Il admire nombre d’écrivains, dont Céline avec lequel il se compare dans la radicalité du style (et partage certaines idées nauséabondes). Les titres de ses oeuvres dénotent d’une poésie qui suggère, questionne ou contrarie le sens.

Viennent ensuite différentes recherches aboutissant à des séries telles que « Sols et terrains, pates battues, assemblages d’empreintes, petites statues de la vie précaire, vaches, topographie, texturologie, etc. »

En 1962, il renonce à ses matériaux expérimentaux et débute son cycle de « L’Hourloupe »qui s’étendra jusqu’en 1974. Un langage artistique entre le figuratif et l’abstrait qu’il a découvert dans les dessins semi-automatiques qu’il griffonne lorsqu’il téléphone. L’invention du mot Hourloupe évoque pour lui « Le Horla de Maupassant, l’entourloupe, hurler, hululer, loup, Riquet à la houppe ». Il utilise alors le stylo bille, le marker, les couleurs bleu, noir, rouge, blanc proches du monde du design et de l’industrie.


Jean Dubuffet passe aux réalisations en volume dès 1966. Des objets usuels, puis des bâtiments. Il désire donner à ses graphismes des dimensions monumentales où le spectateur sera dans l’image. Il apprend à maîtriser de nouveaux matériaux comme le polystyrène, la résine époxy ou le béton projeté.


Durant les années 1970, il réalise le spectacle « Coucou Bazar » (Extrait : clicker ici), un tableau animé à partir des sculptures de l’Hourloupe, dont il fabrique les costumes et praticables. La musique d’un compositeur turque et la chorégraphie de Jean McFaddin complètent cette « réanimation des arts statiques ».

A voir du jusqu’au 8 mai 2016 à la Fondation Beyeler à Bâle (Suisse). Intitulée « Métamorphoses du paysage », cette exposition propose une rétrospective d’une centaine d’oeuvres de Jean Dubuffet, dont l’installation spatiale Coucou Bazard. En se basant sur ses représentations du paysage, qu’il soit visage, corps, objet ou tout simplement géographique, elle donne une vision globale de l’importance de l’oeuvre de Dubuffet sur l’évolution de l’art.
« La peinture peut être une subtile machine véhiculer la philosohie » JD
Par art brut, Dubuffet désigne l’art produit par des non-professionnels travaillant en dehors des normes esthétiques convenues, restés à l’écart du milieu artistique, ou ayant subi une rupture sociale et psychologique suffisamment forte pour qu’ils se retrouvent totalement isolés et se mettent à créer. (source wikipedia)
Après des recherches de lieux d’exposition, Jean Dubuffet a finalement décidé d’accepter l’offre de la ville de Lausanne de conserver sa collection. La Collection de l’art brut ouvre en 1976.
Jean Dubuffet était convaincu que des formes d’art étrangères à l’art culturel sont légitimes. Plus de culture équivaut-il à moins de spontanéité? Alors pourquoi la culture ?
La culture est individuelle et évolutive si l’on parle de la construction personnelle des savoirs. Elle n’est pas innée, mais s’acquiert et se conquiert au fil du temps. Et elle n’a rien à voir avec les formes que peut prendre l’intelligence… Elle peut cependant permettre de mieux se connaître soi-même et envisager l’environnement social.
La culture est aussi collective lorsqu’elle est un repère de valeurs, de normes, une identité basée sur l’histoire et l’art d’une collectivité. Cette dernière a une composante plus rigide que la précédente de par sa transmission verticale (parents à enfants). Son évolution résulte d’innovations et de bouleversements internes.
« La culture c’est ce qui rend la vie vivable et la mort affrontable »Aimé Césaire
Site : http://www.artips.fr
Un site pour se cultiver à petites doses sur l’art!
Je ne connaissais pas la gouache » Bib Trompette’s Garden butterfly wings » !! … intéressante , comme l’idée de Dubuffet : » Par art brut , il désigne l’art produit par des non-professionnels travaillant en dehors des normes esthétiques convenues » !
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A reblogué ceci sur VITRINART.et a ajouté:
JEAN DUBUFFET (1901-1985)
avec Caravage ,l’un des artistes les plus importants
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