Bruce Nauman est un sculpteur et vidéaste américain né dans l’Indiana. Il reçoit en 1964 son Bachelor of Science à l’université du Wisconsin. Il y a étudié les mathématiques, la physique et les arts plastiques mais il s’est aussi initié, à la musique et à la philosophie. Il est aussi titulaire d’un Master of Arts de l’université de Californie. Après des débuts en peinture abstraite et une première exposition personnelle en 1966, il explore de multiples moyens d’expression tels que vidéos, néons, performance ou installation pour s’interroger sur le corps, l’espace et le temps, la trajectoire entre la vie et la mort, les passions humaines. Il revendique un art agressif qui interpelle le visiteur : « Un art qui agirait comme un coup de batte de base-ball en pleine face.« . L’acte artistique et la façon dont l’artiste y participe est au centre de sa recherche.
Ici un diaporama de présentation .
C’est en 1965 qu’il cesse de peindre pour se consacrer à ses travaux sur le thème du corps et de ses déplacements. Il installe son atelier à San Francisco et affirme que tout ce qui s’y passe s’apparente à l’art.

« Fondamentalement, mon œuvre est issue de la colère que provoque en moi la condition humaine. Ce qui me met en fureur, c’est notre capacité de cruauté, la faculté qu’ont les gens d’ignorer les situations qui leur déplaisent. Ce qui me fascine aussi, c’est de voir comment la colère ordinaire, et même la haine que l’on peut ressentir pour quelqu’un, se transforme en haine culturelle. » Bruce Nauman
« Clown torture » est une série d’installations vidéos qui mettent en scène un clown dans des situations de stress et d’angoisse.
En 1969, il crée « Live/Taped Video Corridor » qui invite le visiteur à vivre des expériences sensorielles : parcourir un couloir étroit dans lequel une sensation de contrainte et d’angoisse (angustu:lieu étroit) est ressentie physiquement, l’installation de surveillance-vidéo filmant la scène. Le visiteur devient alors acteur, performer. « Hellman Gallery Paralellogram » où le visiteur est baigné d’une éblouissante lumière verte, ce qui implique une vision rose à la sortie.
Le langage devient son médium de prédilection dès la fin des années soixante, médium qu’il expérimente par le biais de dessins, néons, photographies ou vidéos. Bruce Nauman est un des pionniers de l’art vidéo. Le son est un élément important de son travail, ainsi que la répétition jusqu’à l’absurde. Le travail de Nauman fait écho à celui de Samuel Beckett sur les comportements obsessionnels de ses personnages. En mettant les corps à l’épreuve de la répétition, Beckett et Nauman produisent donc un sentiment d’angoisse dont l’enjeu consiste à anticiper et à amortir les chocs (Voir ici une thèse sur Nauman et Beckett). La répétition entraîne une dissolution du sens et la suspension du temps.
Peter Plagens, critique d’art et écrivain, parle de l’art de Bruce Nauman (en anglais).

Sa réflexion inclut son propre corps qu’il morcelle et « fossilise » dans des moules en cire ou en fibre de verre. Ici aussi, la répétition est centrale et entraîne la découverte, à partir d’un élément familier, d’une nouvelle signification.


Bruce Nauman, dans son travail, entretient un rapport intime avec la danse et le théâtre. Il met en scène son propre corps par des répétition de gestes qui rappellent les travaux de Merce Cunningham ou Meredith Monk. Ces gestes, intimes et rendus presque inhumains du fait de leur réitération, peuvent aussi renvoyer à des rituels primitifs.
Durant les années 1970-80, il met en scène des situations violentes ou sexuellement provocantes à l’aide de néons.

En 1989, il acquiert un ranch au Nouveau Mexique. Il y installe son atelier et se consacre au dressage et à l’élevage de chevaux, retiré du monde de l’art. Dix ans plus tard il est lauréat de la Biennale de Venise, puis en décroche le Lion d’or en 2009 pour la meilleure représentation nationale.

Bruce Nauman exprime l’intention d’interpeller le spectateur de manière angoissante pour provoquer sa réaction. Assister aux comportements répétitifs de ses performances crée effectivement le malaise. Pourtant, chacun instaure des rituels personnels dont le but est de se rassurer.

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Dans la vie courante, la répétition compulsive de gestes quotidiens familiers est liée à un trouble mental nommé « Trouble Obsessionnel Compulsif » ou TOC. Il se caractérise par des pensées intrusives ( obsessions ) qui produisent une angoisse. Celle-ci induit alors des comportements répétés ( compulsions) qui ont pour objet de rassurer et soulager la personne.
En savoir plus sur ce trouble : clicker ici
Souvent jugées irrationnelles par la personne atteinte, ces obsessions sont pourtant irrépressibles.
Les causes de cette maladie sont inconnues. Cependant, il pourrait être possible qu’un taux insuffisant de sérotonine en soit la cause (voir Sagmeister§sérotonine). La psychothérapie et les médicaments sont les moyens communément utilisés pour en venir à bout.

superbement instructif. Comme toujours . Bonne semaine.
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A reblogué ceci sur VITRINART.et a ajouté:
Les articles instructifs de Culturieuse : BRUCE NAUMAN (1941)
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J’ai toujours apprécié ses néons ( shaking hands ) , qui m’avaient surpris la première fois que je les avais vus au musée de Bâle 🙂 « Hundred Live and die » est aussi superbe !!!!! 🙂
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Oui, son art surprend. Je ne poste l’article que lorsque je crois avoir intégré la démarche. Pas si simple avec lui … et il y aurait encore tant à dire et à présenter.
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J’avais été surpris par ces néons qui bougeaient alternativement mais j’avais trouvé ça très intéressant , bien qu’à l’époque j’étais entièrement tourné vers la peinture… !! Et depuis je suis attiré par les néons …. ! … par exemple l’installation de Daniel Firman à la biennale 2009 de Venise : » something strange happened here «
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Oh ce Daniel Firman! Je ne connaissais pas! Merci.
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