Constantin Brâncuși est un artiste sculpteur né en Roumanie de parents fermiers. Après les arts et métiers, il est diplômé de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Bucarest en 1902, classe de sculpture. Trois ans plus tard, il entre aux Beaux-Arts de Paris. Auguste Rodin l’engage comme assistant, mais il ne restera qu’un mois : « Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres » dit-il. Rodin travaille la terre ou le plâtre et ses assistants en font des bronzes ou des marbres. Brancusi, lui, pense que la forme doit sortir de la matière et non être imposée de l’extérieur.
Il se lie avec Modigliani, Léger et le Douanier Rousseau. Il se met à travailler la taille directe dès 1907 et réalise, entre autres, la première version du « Baiser ». Il cherche à révéler « l’essence cosmique de la matière ».


« J’ai voulu évoquer non seulement le souvenir de ce couple unique, mais celui de tous les couples du monde qui ont connu l’amour avant de quitter la vie ». Constantin Brancusi
Entre 1909 et 1925, il reprend inlassablement les thèmes majeurs de son oeuvre. Ses références viennent d’Asie et d’Afrique, d’un art archaïque ou primitif.

En 1910, il participe au Salon des Indépendants pour la première fois et réalise la Maïastra, première sculpture d’oiseau. Les socles de ses sculptures, auxquels il apporte une grande attention, en deviennent parties intégrantes, finissant même par devenir des oeuvres autonomes.
1913, première exposition à New York. Brancusi sculpte sur bois. Amitiés avec Marcel Duchamp, Man Ray, Tristan Tzara.

1918, première « Colonne sans fin ». Il en réalise de nombreuses en bois avant celle de Roumanie recouverte de bronze.
Il découvre que l’espace de l’atelier est l’endroit privilégié pour la perception de ses sculptures. Celui-ci deviendra une oeuvre d’art à part entière. Brancusi en remanie quotidiennement l’arrangement pour trouver une unité spatiale.

1920, scandale de « Princesse X » qualifiée d’obscène et de phallique. Cette sculpture sera retirée du salon des indépendants de 1920, puis réintégrée suite aux protestations d’artistes. Il pense, avec cette oeuvre, rappeler l’unité de l’être inscrit dans un symbole androgyne. En effet, on peut y voir un buste de femme ou un sexe masculin.

Dès les années vingt, il photographie ses sculptures qu’il met en scène dans son atelier, ce qui fait ressortir les matériaux, les formes et la lumière.
Le 20 octobre 1926, Marcel Duchamp retourne à New-York, accompagné d’une vingtaine de sculptures en marbre et en bois de Brancusi (avec leurs socles) et des dessins. Il a lui-même préparé et emballé le tout. Le lendemain, les douanes américaines saisissent le chargement, sous le prétexte que les objets transportés ne sont pas des objets d’art, mais de simples objets manufacturés soumis à une taxe de 40% de la valeur déclarée.

Les oiseaux font partie d’une recherche importante et centrale de Brancusi. Ce n’est pas tant l’oiseau que l’envol (ou l’essence du vol) qu’il cherche à traduire.
Après le Ready Made, ouvrant les esprits sur un art dont le concept est central et non plus l’imitation de la nature, le procès de1927 fait éclater les limites juridiques des critères définissant l’oeuvre d’art.
1938, inauguration de l’ensemble monumental de Târgu Jiu, en Roumanie ( » la Colonne sans fin, la Porte du baiser et la Table du silence »).
Brancusi vit à Paris pendant la guerre, puis prend la nationalité française en 1952. Expo au Guggenheim de NYC en 1955.

Brancusi, par sa quête de l’essentiel et de la pureté, a révolutionné le monde de la sculpture.
“La simplicité n’est pas un but dans l’art, mais on arrive à la simplicité malgré soi en s’approchant du sens réel des choses” Constantin Brancusi
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Richard Serra, artiste contemporain américain, étudie la littérature, puis les Beaux-Arts à Yale University jusqu’en 1964. Il travaille alors dans une aciérie pour financer ses études. Lors d’un séjour à Paris à l’Académie de la Grande Chaumière (école d’art), il découvre l’oeuvre de Brancusi, une rencontre décisive pour sa carrière artistique, qu’il va fonder sur la gravité.

« One Ton Prop » est constituée de quatre plaques de plomb qui tiennent debout grâce à leur propre poids, en s’appuyant les unes sur les autres. Plus besoin de socle ou de fixation.
Pour ses sculptures, Richard Serra utilise un acier spécial (corten) auquel il fait prendre une couleur flamboyante en appliquant une solution corrosive. Les matériaux, la couleur, le poids, l’équilibre, la hauteur, l’espace sont pensés avec minutie.
Son travail est une recherche sur l’espace organisé et transfiguré, sur l’équilibre et la perspective. Il explore le rapport entre l’objet artistique, le site et le spectateur. Des détails sur l’oeuvre de Serra? cliquer ici

Le visiteur entre au coeur d’une oeuvre qu’il ne peut voir entièrement. Il s’y déplace et le mouvement change la perception du lieu, procure une sensation de vertige ou même de danger, le sens de la gravité en est troublé.


« I consider space to be a material. The articulation of space has come to take precedence over other concerns. I attempt to use sculptural form to make space distinct. » Richard Serra

Une exposition Brancusi / Serra a eu lieu à la Fondation Beyeler de Bâle (Suisse) en 2011.

Constantin Brancusi et Richard Serra recherchent l’essence des choses plutôt que leur apparence, leur pureté, l’équilibre des formes, l’organisation de l’espace, la synthèse : la simplicité.
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La simplicité volontaire (ou sobriété heureuse) consiste en un mode de vie qui permet de réduire sa consommation et ses impacts pour mener une vie centrée sur des valeurs essentielles, de faire le choix de privilégier l’être plutôt que l’avoir. C’est un engagement personnel ou associatif qui préfère les valeurs écologiques, familiales ou communautaires. Ce courant se développe depuis les années 1980.
Un site pour en savoir plus : http://simplicite-volontaire.wifeo.com/
Parmi les voix actuelles qui prônent ce type de philosophie de vie, Pierre Rabhi (1938), philosophe, agriculteur, biologiste, écrivain, poète français d’origine algérienne.
A reblogué ceci sur VITRINART.et a ajouté:
CONSTANTIN BRANCUSI (1876-1957) / RICHARD SERRA (1939)
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trouver ( ou retrouver ) l’essence des choses…vaste programme…Bel article, j’aime beaucoup Brancusi, je découvre Serra et on n’écouta pas assez Rabhi…
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Supers articles chere maraine!
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A reblogué ceci sur L' Atelier de Biarritzet a ajouté:
Bel article:)
je cite: »Brancusi, par sa quête de l’essentiel et de la pureté, a révolutionné le monde de la sculpture. » J’aime
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