Depuis les années soixante, l’état du Montana compte la plus grande proportion d’écrivains par habitant. Ils sont réunis aux alentours de la ville de Missoula. Comment s’y sont-ils retrouvés? Au début, peut-être une facilité économique…Et puis l’amour des grands espaces, le refus de la vie citadine. Maintenant , Missoula est une ville estudiantine où les ateliers de « creative writing » abondent. Dans ce pays de cow-boys, cette ville est une île. Plus qu’ un style commun, ces écrivains partagent une philosophie : celle de la nature sauvage et libre et d’une humanité qui la respecterait. Nature et personnages ne font qu’un dans leurs récits, comme l’a exprimé Rick Bass, l’un d’entre eux.
Une liste non-exhaustive : http://ecrivainsmontana.free.fr/
Quelques-uns de mes préférés:
Edward Abbey (1927-1989)
Un récit paru déjà en 1968 qui me semble très actuel dans son discours écologique sur la sauvegarde de la nature. Avec tour à tour humour, colère, rudesse, érudition, Edward Abbey nous entraîne dans sa retraite comme gardien (rancher) dans le désert des Arches au sud de l’Utah (son expérience vécue).
Richard Brautigan (1935-1984)
Après une enfance chaotique marquée par les mauvais traitements, Richard Brautigan, à l’âge de vingt ans, subira un internement psychiatrique et des séances d’électrochocs. C’est à la parution de « La pêche de la truite en Amérique »(1967), qui connait un succès public, qu’il devient un des écrivains et poètes majeurs de la génération hippie. Son oeuvre, éclectique, s’essaie à une multitude de genres tels que le pastiche de polar, la poésie, le western, le haïku, le surréalisme, l’absurde, etc. Sa recherche littéraire, riche de surprises, démontre une fertile imagination, sûrement le contrepied de ses démons personnels. Il travaillait ses phrases avec obstination pour trouver la simplicité de la forme qui lui convenait: « J’aimais cette façon d’utiliser le langage qui consiste à concentrer l’émotion, le détail et l’image jusqu’à obtenir la forme d’un acier semblable à la rosée ».
Rick Bass (1958)
Rick Bass a étudié la biologie et la géologie. Il fait partie de plusieurs associations écologistes. Il écrit des romans, nouvelles et essais basés sur les problèmes environnementaux, ceci avec un art de la narration qui le rend tout à fait passionnant. « Winter » nous raconte son installation avec sa compagne dans la vallée du Yaack et le premier hiver qu’ils y passent. Une initiation à la vie dans la nature sauvage qui demande courage et persévérance et qu’il relate avec humour et passion.
Louise Erdrich (1954)
Issue d’une mère amérindienne et un père germano-américain, Louise Erdrich raconte le quotidien des premiers immigrés et du peuple indien. Cette chorale, c’est la recherche d’une harmonie, ce difficile équilibre qu’il faut trouver pour vivre ensemble. Les personnages féminins sont particulièrement mis en exergue. Les mille et une anecdotes qui émaillent ce récit nous font passer du rire aux larmes et l’écriture ciselée de l’auteur n’en est pas la moindre cause.
Jim Harrison (1937)
Un dyptique de toute beauté qui raconte la saga familiale en plusieurs générations du personnage de Dalva, une femme métisse indienne de quarante- cinq ans, et qui se passe dans le Nebraska. Jim Harrison a choisi de donner la parole à ses personnages. Le profond respect de la nature qu’ils éprouvent, leurs doutes, leurs souffrances, mais aussi leurs espoirs et leurs joies, toutes ces émotions sont relatées dans une langue poétique, lyrique, célébrant autant la vie que la mort. L’histoire dramatique de la culture indienne et les destins personnels se trouvent ainsi mêlés. Cette richesse d’écriture empreinte des nuances les plus fines font de Jim Harrison le « Grand Maître » des écrivains du Montana.
Ces deux-là sont les plus connus, mais chacun des livres de Jim Harrison se déguste avec délice et jubilation. Faites donc un tour sur son site, vous trouverez un bonheur de lecture :
Thomas McGuane (1939)
Après ses trois premiers romans et un interlude hollywoodien tapageur, Thomas McGuane publie « Panama », qui marque un tournant dans le genre, jusqu’alors plutôt drôle, de ses écrits. « La source chaude » décrit, non sans humour, le dilemme de Lucien Taylor qui hésite entre deux femmes et donc deux vies totalement différentes.L’auteur critique le rêve américain avec verve, mais aussi compassion.
And so on.
Pour conclure, un lien vers le site du WWF pour la protection des forêts :
Que de bonnes références 🙂 Il faudrait que je lise du Jim Harrison un jour.
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Mais j’ai vu que vous-même n’en manquiez pas! De très beaux articles pertinents et bien écrits, merci, je vais m’abreuver chez vous. Et merci pour le tuyau à notre précieuse Livrophage!
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