Du 9 au 12 mars 2023, à l’Arena Genève.
Monopolis, capitale de l’Occident bascule dans un régime autoritaire alors que Zéro Janvier, candidat ultralibéral à l’idéologie sécuritaire fait campagne. Il réside dans une tour nommée Naziland. Son adversaire se nomme Gourou Marabout, un écologiste genre new wave. Pendant ce temps un groupe de voyous emmenés par Johnny Rockfort se joint à celui des Étoiles noires, un groupe anarchiste mené d’une main de fer par Sadia, d’apparence féminine, mais de genre indéterminé. Fréquentant l’Underground café, iels croisent Ziggy et Marie-Jeanne, la serveuse automate. A la télévision, l’émission Starmania sélectionne les futures personnalités en vue: «Écrivez-moi, dites-moi votre vie et vos désirs, dis-moi qui vous voulez être, et, qui sait, vous pourriez être la star d’une soirée». Elle est présentée par Cristal. Lors d’un interview, celle-ci rencontre Johnny. Stella Spotlight fut une grande star, elle cède aux dernières lueurs de la gloire sur une proposition de Zéro Janvier. Roger Roger est l’information numérisée, l’intelligence artificielle, la voix off du spectacle.
Hair et Jésus-Christ Superstar, jouées précédemment en France, étaient des transpositions françaises d’oeuvres américaines. Starmania est donc le premier opéra rock créé en français. Il sera traduit en anglais en 1992.
Fabrique de tubes en séries, créée en 1979, la comédie musicale Starmania a plus de 40 ans. La musique de Michel Berger et le livret anticipateur de Luc Plamondon continuent d’emporter les foules. Sur une mise en scène de Thomas Jolly (également directeur artistique des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024), cette mouture 2023 permet aux aficionados de s’y remettre et aux autres de découvrir l’entier d’une oeuvre populaire que l’on peut qualifier d’historique.

La scénographie semble inspirée par le film de Fritz Lang, Metropolis (1927). Un grand module noir divisible et mobile forme la tour, jouxtée d’escaliers, ainsi qu’un autre module ambulant circulaire et de hautes tours, formées de bandes verticales apparaissant ou disparaissant du plateau, sont les éléments principaux du décor. Ces éléments seront habillés au cours du spectacle de lumières extravagantes, intermittentes, fluides, bref d’un lightshow faramineux.
Je n’ai pas l’intention d’en dire plus. Comme en 1979, les interprètes sont des inconnu.e.s, même s’iels ressemblent vocalement aux originaux. Cette comédie musicale populaire, qui ramène les gens vers les salles de spectacle vivant, offre bien plus que ses tubes des années 80. Les thèmes qu’il aborde sont toujours d’actualité, ne serait-ce que la progression de l’extrême droite ou l’emprise des médias. Mandater de grands noms contemporains de la danse et du théâtre lors d’évènements de cette sorte est, pour moi, une façon d’honorer le public du spectacle de variété.

Mise en scène: Thomas Jolly, Samy Zerrouki – Chorégraphie: Sidi Larbi Cherkaoui, Kevin Vivès – Scénographie Emmanuelle Favre – Lumières: Thomas Dechandon – Vidéo: Guillaume Cottet – Costumes: Nicolas Ghesquière
L’air de l’extra terrestre a disparu de la comédie musicale, mais il reste connu car enregistré sur le 33 tours vinyle. (interprété par René Joly)