Le Palais de Tokyo expose le premier chapitre (HUMPTY) de l’exposition de l’artiste plasticien Cyprien Gaillard (1980). Le second (DUMPTY) est exposé à Lafayette Anticipations. Intitulée Humpty/Dumpty, c’est l’entropie que cible cette exposition. Le passage du temps, ses traces, ses effets, et les relations que l’humain noue avec lui. Le geste humain s’échinant à éradiquer les effets du temps semble dérisoire.
En ce moment, Paris restaure ses monuments en vue des prochains jeux olympiques tentant d’en effacer l’usure du temps. Face à ce besoin d’ordre et de maintenance, le projet de l’artiste est de révéler les restes à peine visibles de ce qui persiste inévitablement de l’évocation matérielle du passé sur certains territoires, structures ou encore les espèces animales.

Ici, l’oeuvre de Chirico est mise à distance du monde extérieur pour éviter sa dégradation, comme sous respirateur artificiel. Elle évoque l’amitié indéfectible des deux personnages qui sont eux-même emplis de l’architecture de la cité.
« Ocean II » est un vidéo descriptive de stations de métro pavées de marbre à l’intérieur duquel sont imbriqué des fossiles millénaires. Paradoxe entre modernité et antériorité. Une autre partie du film montre de vieux wagons du métro de New York jetés volontairement dans l’Océan Atlantique dans l’espoir de voir s’y former des récifs artificiels pour la faune et la flore marines.
Des dessins de jeunesse de l’artiste Robert Smithson, l’un des fondateur du Land Art et grand inspirateur de l’artiste, sont exposés en vitrine, retenus par de l’amiante vitrifié. Sa vitrification rend l’amiante inoffensive par inertage. Les dessins n’ont rien à voir avec l’oeuvre connue de Smithson (Earthworks).
Créé d’après L’Ange du Foyer de Max Ernst, cet hologramme vu à la biennale 2019 est totalement fascinant. Comme dans un mouvement auto dévorant, il renaît de lui-même dans une danse faite de métamorphoses immarcescibles, image sans cesse renouvelée à l’identique.
Je n’ai pas vu le second volet , »DUMPTY », montrant cette horloge à automate parisienne, « Le Défenseur du Temps », que Cyprien Gaillard a fait rénover et nettoyer.
Cyprien Gaillard interroge la trace de l’homme dans le monde et le passage du temps. Une obsolescence propre à la nature vivante que son travail magnifie tout en rendant attentif, focalisant sur un sujet parmi un quotidien que nous ne voyons plus. Aussi beau qu’intéressant!
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Guillaume Leblon (1971) est un sculpteur qui envisage l’exposition comme une expérience plutôt qu’une simple présentation d’objet. Son installation Parade peut dérouter, malgré ses rails! Il invite à une déambulation sur des plaques de récupération formant un parquet hétéroclite.
Des choses suspendues, d’autres sur les rails, suggérant un va-et-vient, des tableaux d’empreintes, une vitrine de paysage onirique…
Je ne sais qu’en dire, c’est pourtant un travail évocateur et mystérieux plutôt plaisant.