Au théâtre de Vidy-Lausanne du 29 janvier au 8 février et dans le cadre du Programme Commun du 27 au 29 mars 2020.
Lorsque vous embarquez pour un spectacle signé Augustin Rebetez, déposez votre manteau et votre intellect au vestiaire, tenez-vous prêts à user de votre rétine et de votre ouïe et installez-vous confortablement: vous allez dérouiller!

En effet, l’auteur est avant tout plasticien. Son imaginaire est sombrement gothique et clairement burlesque. A l’instar d’un Thomas Hirschhorn, il crée un univers fait de récupérations, de matériaux précaires, modestes et éphémères. Augustin Rebetez est un bricoleur de première, un bidouilleur de sons et d’images, d’objets et de lumières, un barde futuriste dont le travail artistique semble jaillir pour secouer le monde, le réveiller enfin de sa léthargie, et partager une dynamique explosive. Ainsi, il a trouvé, en Niklas Blomberg, l’interprète rêvé de ses délires jubilatoires.
Le décor est constitué de sculptures et de mobiles informes qui semblent dégouliner d’une matière cireuse beigeasse, fugacement sublimées par certains éclairages. Une paroi défraîchie sert d’écran à des projections : portraits-collages dérangeants, empreints d’une étrangeté familière, mots-messages quasi subliminaux, monstrueux animaux des abysses. Des empilements sur roulettes composent un paysage chancelant et malgré tout dangereusement électrifié. Aussi habité que la scénographie, l’environnement sonore, mâtiné de techno-rock punk, participe de l’ambiance déjantée, entre onomatopées vocales et rythmes grinçants, douces paroles et stridences électroniques.

Des masques permettent à Niklas Blomberg d’endosser différentes personnalités, métamorphoses à la Rebetez: tête d’oiseau en carton scotché ou figures délabrées. Qu’il saute à la corde ou joue d’un mini clavier piano, sa virtuosité est patente. Il conjugue l’art de tout foutre en l’air avec un savant brio. Seul en scène, il l’occupe sans réserve, tel un faune échevelé et sautillant, un vieux débris bossu, un spaghetti fuyant ou même un poète mélancoliquement dada.
A l’issue de la représentation, après avoir récupéré mes esprits, je repense au vieux traînant son cerveau derrière lui, aux injonctions rapides sur l’écran, au jus de gingembre énergisant et je me dis que, oui, vitamine et colère manquent à notre monde anémié, oui, ce punch d’essence adolescente est vital!
La spiritualité, il faut l’entendre ici comme quelque chose d’instinctif, que je lie à des chants, à la voix et à la technologie. Ce que je fais relève de la poésie, chacun doit pouvoir l’interpréter à sa façon. Je crée des totems qui s’autodétruisent continuellement. Je cherche quelque chose d’humain dans un univers sans vie. Je cherche à faire naître la force, l’émotion, les réflexions. Je voudrais que l’on trouve cela beau, que ça fasse du sens, que ça encourage à la vie et que ça pète des barrières. Augustin Rebetez
« HERE WE ARE. ALIVE AND MAGIC. FULL OF VITAMINE AND ANGRY. »


Au Festival Antigel, Samedi 15 février 2020, en première partie de l’islandais Asgeir, le groupe suisse La Colère.