Le mythique canapé de la Factory (la fabrique) ouverte par Warhol en 1964 à New York.
D’origine ruthène (Ukraine), la famille d’Ondrej Varhola (américanisé en Andy Warhol) émigre aux Etats-Unis en 1914. Quatrième fils de la famille, son enfance est marquée par les privations dues à la Grande Dépression et par une maladie (chorée de Sydenham) le forçant à rester souvent alité. ll dessine,écoute la radio et découpe les photos des magazines. Après des études à Pittsburg, il s’installe à New York à l’âge de 21 ans où il travaille dans le dessin publicitaire. Comme Jean Tinguely, il décore des vitrines. Sa première exposition a lieu en 1952 dans une galerie de New York.
L’époque de l’expressionisme abstrait touche à sa fin, le quotidien s’exprime par la bande dessinée, la publicité ou la télévision. Par réaction naît le Pop Art.
En 1962, Andy Warhol participe à l’exposition des Nouveaux réalistes et du Pop Art à NYC.
Le Pop Art, mouvement artistique né en Grande Bretagne dans les années cinquante et quasi simultanément aux USA, s’empare des symboles de la consommation et désacralise l’oeuvre d’art, notamment en reproduisant son image en sérigraphie.
« Le Pop Art […] consiste à seulement prendre ce qui est dehors et le mettre dedans, ou à prendre ce qui est dedans et le mettre dehors, à introduire des objets ordinaires chez les gens. Le Pop Art est pour tout le monde. »A.W.
Campbell’s Soup Cans, 1962© 2013 Andy Warhol Foundation
Ethel Scull, 36 times. 1963. 202,6 cm X 363,2 cm. Acrylique, peinture métallisée et encre sérigraphique sur toiles.
En 1964, dans un loft de la 47e rue, Warhol ouvre sa Factory, son atelier d’artiste. Il montre déjà une démarche différenciée en choisissant une usine désaffectée dont il fait un lieu ouvert à quiconque veut pénétrer dans son univers, sans rang social, artistes ou quidams. La Factory, son utilisation par Warhol, devient une sorte d’oeuvre d’art totale et sociale où l’on travaille, joue et expérimente à tout va.
Il y crée les sérigraphies très chères qui l’ont rendu célèbre, filme ses invités (screen test), produit des happenings multimédia dénommés Plastique qui éclate inévitablement (The Exploding Plastic Inevitable), qui étaient un mélange d’interventions, films, danse et musique. S’y produit le Velvet Underground (Lou Reed, John Cale, Sterling Morrison, Maureen Tucker, Doug Yule Nico):
Il proclame que la personne anonyme qui entre à la Factory en ressort superstar. Son action s’ouvre donc sur la production d’une image sociale où l’art devient le mode de vie et la célébrité un but. Il se charge du discours théorique.
Edie Sedgwick, l’une des superstars de Warhol. Actrice et mannequin, alter ego de Andy pendant un temps, elle a tourné dans plusieurs de ses films. Une artiste sans oeuvre, qui n’était star que de sa propre vie, rejouant son propre rôle d’égérie excentrique et glamour. La première « people » du XXe siècle, morte à 28 ans.
Joe Dalessandro, découvert par Warhol à l’âge de 18 ans (1966), est le seul à avoir fait carrière dans le cinéma.
D’autres superstars de la Factory sur ce lien .
La Factory déménage en 1968 à Union Square West et c’est là que Warhol est grièvement blessé par l’arme à feu de Valérie Solanas. Elle lui avait remis son manuscrit Up your ass qu’il avait perdu. Warhol s’en sort, mais devra porter un corset. Le manuscrit sera retrouvé et la pièce jouée en 2000. Elle reniera plus tard son Scum Manifesto (1967), féroce pamphlet contre le mâle et la domination masculine.

« L’achat est un acte plus américain que la pensée, et je suis américain jusqu’au bout des ongles. ». A.W.


Andy Warhol a exploré les mille et une facettes de la société de consommation en utilisant les recettes de l’industrie commerciale. Par la peinture, la photographie, la vidéo, le cinéma, la sérigraphie, il a été reconnu comme un « miroir de notre époque ». Il disait qu’il voulait être une machine, qu’il voulait être plastique. Son visage est mondialement connu. De quel autre artiste peut-on dire cela?


» Dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale. « A.W.
(Fame : renommée, gloire, célébrité)
§
La télé-réalité d’aujourd’hui semble faire suite à ce qui se passait à la Factory de Warhol. Depuis Loft Story en 2001, les émissions se suivent avec de légères modifications pour fidéliser et appâter le public. Pourquoi un tel succès pour ce genre de programme? Les téléspectateurs voudraient-ils se rassurer, se moquer, se comparer aux candidats, pas si différents d’eux-même finalement? Et ceux-ci ne cherchent-ils que leur « quart d’heure » de célébrité? Exhibition, narcissisme, voyeurisme, amour factice, images artificielles de l’existence. Au final, la télé-réalité occulte la dimension de patience. Cette quête de soi, si longue dans la réalité, est présentée de façon raccourcie. Plus sur ce lien.

Issu d’une forme de télé-réalité, ou plutôt télé-crochet (Pour mémoire, le petit conservatoire de Mireille naît dans les années soixante), Julien Doré est un auteur-compositeur-interprète atypique. Après un bac littéraire, il fréquente l’école des Beaux-Arts de Nîmes. Lauréat de l’émission Nouvelle Star en 2007, il démontre une réelle démarche artistique, ainsi qu’une personnalité originale dont l’authenticité et l’ironie décalée émerge de la foule des prétendants à la notoriété.
Que ce soit les titres musicaux d’ambiance pop assumée, les paroles quelquefois d’un lyrisme exotique dans le paysage audiovisuel, les clips vidéos qui nous invitent à une découverte au second (ou xième) degré de la chanson, Julien Doré fait preuve d’une sensibilité artistique et d’une créativité hors du commun.
Sur mon étagère chanson française, je le mets entre mes vieux Thiéfaine et Stefan Eicher.

Excellent !
J’avoue n’avoir été que rarement intéressé par Warhol, en tant que personne et artiste. En tant que fan de rock (pardon, ça existe…), je le connaissais pour le Velvet, bien sûr. Et pour Marilyn aussi…
Mais, ton topo est top. Et l’ouverture de fin en forme d’étagère française est intéressante.
Mais, concernant J. Doré, j’avoue n’avoir été que rarement intéressé…
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as-tu reçu ma réponse? réseau fluctuant hier soir…
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Nan, pas de réponse. Enfin, je ne vois pas…
Mais j’ai vu que tu avais aimé mon dernier article : merci 😉
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J’avais écrit que, oui, Warhol pouvait être vu comme artificiel et intéressé, mais qu’il a ouvert la voie à de nouvelles formes d’art et de communication artistique, et donc pour cela je le trouve passionnant. Que, étonnamment, J.D. m’ a intéressée dès le début par l’originalité de sa démarche personnelle (pourtant j’aime plutôt le rock et le jazz). Lis ses textes, tu seras surpris. Et aussi te remercier pour ton commentaire, bien sûr!
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Joli topo sur Warhol ! Je ne m’y connais pas vraiment en Pop art, mais en ce moment les occasions ne manquent pas à Paris de découvrir ce mouvement artistique, alors merci d’apporter ta pierre 😉 !
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Ah oui, Liechtenstein. En fait ce n’est pas mon mouvement préféré, mais l’histoire de l’art permet de mieux comprendre ce qu’on voit et ce qui en découle. Merci pour le commentaire!
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Très bel article, notamment concernant Andy Warhol. Je partage ton point de vue sur l’artiste, malgré son côté avide d’argent et superficiel il est précurseur pour de nombreuses visions artistiques. Les techniques utilisées dans ses œuvres sont très diverses (sérigraphie, vidéo, photographie, etc.), difficile de s’en lasser !
Très intéressant le lien qui peut être fait entre « Fifteen Seconds of Fame » et la télé-réalité. En bref, merci pour ce bel article !
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C’est moi qui te remercie!
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