« Exposure » Alexandra Bachzetsis, Cullberg

Arsenic-Centre d’art scénique contemporain, du 28 novembre au 1 décembre 2024

Interdit aux moins de 18 ans. Le spectacle contient des scènes comprenant de la nudité complète, de la violence et de l’intimité chorégraphiées.

Personnellement, rien ne m’a choqué. Sachant que la nudité est un des « costumes » du spectacle, et ayant déjà assisté à un spectacle de la chorégraphe, nous étions avertis. D’ailleurs, je n’y ai vu aucune vulgarité, mais de la beauté et du sens.

Cullberg, la compagnie de danse contemporaine de répertoire suédoise, collabore ici avec la chorégraphe Alexandra Bachzetsis de nationalités suisse et grecque (ICI chronique de son précédent spectacle).

Le travail de la chorégraphe et de la troupe est une recherche de ce qui fait stéréotype dans nos cultures occidentales en matière de gestes et postures ou même d’accessoires. Les arts, la mode, les médias véhiculent des codes qui nous suggèrent évaluations et préjugés. Habitué.e.s que nous sommes à pratiquer ces codes, ils deviennent coutumiers, biaisant notre regard sur les êtres  (l’habit fait-il le moine…?). Avec ce spectacle, la nudité déplace notre regard vers des postures qualifiées de masculines ou féminines en les rendant neutres. Pourquoi devrions-nous imaginer un homosexuel lorsqu’un homme prend des poses lascives avec un sac à main?

Une partie du spectacle évoque la violence dans une bagarre chorégraphiée impeccablement, comprenant un échange de vêtements renversant. D’autres séquences mettent en scène le désir et la sensualité, toujours esthétiquement cadrées, dont un jeu avec un foulard ou un trio sur peau de bête. Chaussures à plateformes et talons aiguilles sont portés uniformément, les combinaisons roses moulantes de même et les caleçons Calvin Klein changent de sexe. Les corps sont peints en direct, les différents plans filmés le sont également. Le show, composé en chapitres, se termine par une  danse collective extrêmement sportive, filmée caméra mouvante au poing.

photo: carl thorborg

La culture dans laquelle nous baignons suppose de nous des comportement genrés qui nous imprègnent dès la petite enfance. Y réfléchir, les remettre en question est plus que profitable, c’est une question de salubrité, d’équilibre social. Et c’est en bonne voie.

Les chorégraphies hyper techniques, les corps sculpturaux, les recherches scéniques, l’éclairage finement étudié et les thèmes abordés font de ce spectacle puissant une oeuvre contemporaine de grande qualité. Ne la dédaignez surtout pas!

Danseureuses: Anand Bolder, Eszter Czédulás, Katie Jacobson, Owen Ridley-DeMonick, Noam Segal, Lilian Steiner, Vincent Van der Plas, Antoine Weil, Johanna Willig-Rosenstein. Coach cascades et coordination d’intimité: Nilla Hansson.

 

 

 

 

 

 

 

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