Olivier Saudan (1957) au musée Alexis Forel

Six affichettes sont offertes aux visiteurs: des photos personnelles du peintre et les acrostiches du poète Antonio Albanese.

J’ai repris cette idée en tentant d’y transcrire mon ressenti au sujet de cette formidable exposition au musée Alexis Forel de Morges, près de Lausanne. A voir du 30 septembre au 4 décembre 2022.

Site de l’artiste.

S comme Saisissant : découvrir cette exposition est comme poser le pied dans un univers prolifique, où les petits formats parfois envahissent les monumentaux sous peine d’être submergés. Ils trouvent d’ailleurs leurs places avec bonheur au coeur d’un éclectisme qui, pourtant, garde la cohérence du style de l’artiste.

A comme Abandon : l’oeuvre nous suggère d’abandonner toute référence, tout préjugé, de se laisser emmener dans l’esprit foisonnant de ce macrocosme. Accrochées aux cimaises, exposées à l’horizontale, déposées au sol, disposées sur des porte-cartes, suspendues au plafond, nappant une table ou simplement enroulées à la verticale, les compositions picturales chahutent autant par leur présentation que par leur propos ou leur esthétique. D’ailleurs certaines nous tournent même le dos!

U comme Umami : les compositions au goût étrange venu d’ailleurs d’Olivier Saudan se dégustent à la louche ou à la petite cuillère, c’est comme vous voudrez. Un crâne extrêmement expressif, un monumental bleu aquatique et dépouillé, des natures mortes en négatif, des tentures-tapisseries chablonnées, des paysages débordant du cadre, des assiettées en attente, de sombres horizons, des visites chez Soutine, quelques chaises évanescentes, de délicates apparitions, trois fleurs dorées, des croix monumentales suintantes et scintillantes, d’énigmatiques sacs à main… De ces mystérieuses saveurs émane un mélange d’inconnu et de familier, d’éprouvé et d’indéterminé.

D comme Dimension : celles des oeuvres, mais aussi celle de l’oeuvre même. Il y a dans ce travail une spiritualité latente. Elle nous parle de la mort et de la vie quotidienne, de l’ombre et de la lumière, du cosmos et des objets. Comme si ces coulures, ces traces venues d’en-haut, nous engageaient à retrouver leur origine.

A comme Atelier : c’est là que tout commence, dans l’atelier du peintre. Entrer dans les salles anciennes du musée, au coeur de cet incroyable accrochage, c’est boucler la boucle. Voici l’origine de ce monde. Ce décor est celui de sa naissance. Cette scénographie est celle de la créativité débordante de l’artiste affirmant son exultation de peindre.

N comme Nomade : une vidéo, produite par Saudan lui-même, entraîne le spectateur dans certains de ses voyages. A voir en dernier au deuxième étage. Est-il si étonnant qu’on y retrouve l’atmosphère de sa peinture? Des images d’un pays du nord, de neige et de brouillard, de repas et de pérégrinations.

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L’extraordinaire scénographie de cette exposition est le fait d’autres artistes : Yves Zbinden, Christelle Kahla et Francis Volken.

Je ne peins pas un verre, une chaise, un sujet quel qu’il soit. Je fais de la peinture, c’est-à-dire que ce que je cherche à peindre et à comprendre, c’est justement la peinture. Olivier Saudan

Aux côtés d’autres chercheurs en peinture, Olivier Saudan prospecte, explore et s’interroge. L’exposition du musée Forel offre une occasion exceptionnelle de plonger dans ce travail intime et luxuriant, les traces visibles de l’esprit d’un artiste édifiant son oeuvre.

Dans le même temps, la galerie Ligne Treize à Carouge, Genève, présentait, plus sobrement, une autre partie du travail d’Olivier Saudan.

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