« C’est la danse qui rend claire la conscience du moment présent, partagé à la fois par le danseur et le spectateur. Le corps est l’événement et cet événement n’existe qu’une fois (…). Il est frustrant que l’art du peintre ou du sculpteur ne puisse jamais approcher ce présent toujours changeant, ne dise jamais rien de cette vie du corps indépendant de l’art… »
En 1953, Robert Rauschenberg, jeune artiste de 28 ans, a le culot de demander un de ses dessins à Willem de Kooning, alors au sommet de sa carrière, dans le but de l’effacer! Ayant obtenu son consentement, il passe un mois à effacer l’original (fusain et huile) avec diverses gommes et crée ainsi une nouvelle oeuvre. Vandalisme ou trait de génie? Un geste fort et ironique qui va ancrer le jeune artiste dans la mouvance du Néodada américain.

Après avoir découvert l’art moderne français à Paris en 1948, puis exploré le monochrome, Rauschenberg participe au tout premier Happening en 1952 au Black Mountain College avec John Cage, Jasper Johns (cliquer ICI) et Merce Cunningham.
Collages, dripping, readymades et assemblages dadaïstes se retrouvent dans ses Combine painting, à l’instar de Braque et Picasso (1912, toile cirée, corde) et Schwitter et Höch (1920, collages). Il s’agit de convoquer le réel dans l’oeuvre.

Constituée de son propre garnissage de lit, l’oeuvre Bed est éclaboussée de peinture telle un « pouring » à la Pollock. Elle pourrait s’apparenter à un autoportrait de l’artiste où ordre et chaos se rencontrent. Un nouveau concept d’art qui fit d’abord scandale (du linge sale!) avant que la critique n’y voie un symbole de la création (engendrer, concevoir) et du rêve.
Explorateur infatigable de l’art et de ses techniques, découvreur de nouvelles catégories artistiques, peintre, photographe, sculpteur et danseur, Robert Rauschenberg est un curieux insatiable doublé d’un inaltérable humaniste.

Suivront les sculptures en boîtes de carton, les impressions d’images sur coton (soie et satin d’apparence givrée), les sculptures de détritus métalliques et les panneaux peints (aluminium, cuivre bronze) ou encore les fresques traitées à l’antique. Un foisonnement d’idées et des réalisations saisissantes.
Ayant acheté un bouc empaillé dans une brocante, il l’utilisera nombre de fois avant de le figer dans Monogram, son oeuvre la plus connue, brouillant les frontières entre sculpture et peinture. (voir ICI ces différents états)

Son projet Roci (Rauschenberg Overseas Cultural Interchange) lancé en 1981 a pour but de promouvoir la paix dans le monde et l’interconnexion entre cultures en collaborant avec des artistes de pays pauvres ou sous régimes totalitaires. Il le finança lui-même jusque dans les années 90 pour éviter toute pression politique.

Lien pour en savoir plus sur les performances et chorégraphies de Robert Rauschenberg, ICI.
J’adore ! Ce culot, cette absence de limite, cet humanisme… J’avoue, j’aimerais oser ne serait-ce qu’un dixième 🙂
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Comme tu as raison! Est-ce du courage ou la passion insurmontable de la création? Il faut dire, sans rien enlever à son aplomb et la richesse de son travail, que l’époque était en pleine effervescence et renouveau artistique. Bises et bel été!
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