Sous cet oeil énucléé monstrueux et divin à la fois, va se jouer le drame et la comédie de la tolérance. Au théâtre de Vidy Lausanne du 14 au 24 septembre 2016.
Publiée en 1779,Nathan le Sage est la dernière pièce de Lessing. La parabole des anneaux, au centre du drame, est considérée comme l’un des textes-clé de la philosophie des Lumières sur la tolérance. Nicolas Stemann a mis en scène le célèbre chef d’œuvre de Lessing, complété par un « drame secondaire » commandé à Elfriede Jelinek (au Thalia Theater de Hambourg en 2009). Sept ans plus tard, dans une Europe meurtrie par un terrorisme marqué par l’idéologie religieuse et confrontée violemment à la remise en cause de ses modèles d’intégration et de tolérance, il reprend ces deux textes dans une nouvelle production. (Tiré du Dossier pédagogique Vidy)
Ayant eu l’occasion d’entendre une éclairante introduction à la pièce par Eric Vautrin , le dramaturge du théâtre (voir lien du Dossier ci-dessus), le préambule des comédiens nous mit en joie. En effet, la question de la tolérance y fut illustrée de la meilleure façon: l’un après l’autre, chacun des comédien tente une présentation, inexorablement interrompu par le ou les suivants. Ce qui se termine en capharnaüm…(tiens! le lieu le plus cité dans la bible après Jérusalem…) Jusqu’où et jusqu’à quand accepter cette intrusion de l’autre sur mon territoire?
Il faut se rendre à l’évidence, notre tolérance ne se mesure qu’à l’aune de notre personnelle indulgence, royalement accordée. Ou pas.
La pièce de Lessing nous conduit vers l’idée que la tolérance devrait être une base de réflexion bien plus que la directive morale que nous nous infligeons. Ballotée entre les tentations du cynisme et de l’idéalisme, son apparente évidence (« Moi, je suis tolérant-e! ») devient fort complexe lorsqu’elle est confrontée aux religions monothéistes. Y compris la quatrième, le capitalisme.
Âgée de 250 ans, cette pièce montre bien que la question de la tolérance reste d’une vibrante actualité, qu’elle soit humaine, politique, religieuse ou sociologique.
Initialement tirée du Décaméron de Boccace, l’objectif de la parabole des trois anneaux ( à lire dans le Dossier) est de démontrer que l’Homme est capable de se rendre aimable par lui-même, sans l’aide d’une autre entité, magique ou déique. Gotthold Ephraïm Lessing, avec Nathan le sage, l’inclut dans ce texte, devenu un classique des Lumières en Allemagne. Il y prône la tolérance et dénonce l’aveuglement religieux.
Il est ici enrichi des réflexions de Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature 2004. Son texte écrit suite aux attentats en France, Crassier-Drame secondaire à Nathan (livret Bataclan), se confronte aux réalités concrètes et actuelles de notre société.
La mise en scène de Nicolas Stemann peut sembler de prime abord déstabilisante au spectateur lambda. En effet, dans un premier temps, les comédiens lisent le texte sur des lutrins et sont plutôt statiques. Il s’agit de la volonté de donner le texte littéral à entendre. La liberté de jeu des comédiens, par ailleurs excellents, leur est rendue par la suite pour en interroger l’héritage contemporain. La scénographie de Katrin Nottrodt accentue, sur une surface entièrement recouverte, le réalisme télévisuel des plans filmés en direct.

Ça donne tellement envie ! J’aurai bien aimé voir ce spectacle mais Vidy c’est un peu loin tout de même…
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Oh mais j’ai comme l’impression que vous avez beaucoup à voir dans votre région! Et puis c’est une création qui va voyager, je pense.
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ah ce cher Lessing, dont nous ne comprenions rien en 4e !
Belle idée d’adjoindre Jelinek…. je pense que les textes étaient forts !
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Certainement, intense! J’ai tout de même trouvé trop bavard par moment, au dépend de l’action des comédiens. Mais c’est la position du théâtre dit post-dramatique parait-il.
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Des textes puissants, je regrette juste qu’ils soient si difficiles d’accès. Ils portent des idées qui méritent d’être partagées avec le plus grande nombre. Alors un grand merci pour ton partage 🙂
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Pas si difficile, mais tellement dense!
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