
Danseuse, chorégraphe, comédienne, ou encore vidéaste, Kaori Ito ouvre le champs aux expressions artistiques et corporelles les plus diverses.
Née à Tokyo de parents sculpteurs, elle suit une formation de danse classique de cinq à seize ans. Ensuite, Londres, New York (Université de Purchase, section danse), un diplôme de sociologie à Tokyo et elle s’installe à Paris en 2003. Elle tient un premier rôle dans un spectacle de Philippe Découfflé « Iris « . Dès lors, elle collabore avec de grands noms de la scène contemporaine tels que James Thierrée, Alian Patel, Angelin Preljocaj et Aurélien Bory.
Sa première création « Noctiluque » (plante ou animal qui répandent de la lumière dans l’obscurité) a lieu au théâtre de Vidy, Lausanne, en 2008.
Le sublime Plexus , spectacle-portrait de Kaori Ito par Aurélien Bory, est une ensorcelante installation-performance.
« Je danse parce que je me méfie des mots », tel est l’intitulé du dernier spectacle de Kaori Ito (2015). Un titre ambigu, puisque ce sont les mots qui entament la représentation. Plus particulièrement des tonnes de questions que pose l’artiste à son père. Banales, drôles, existentielles, ces questions tout d’abord enregistrées, elle les écoute, amusée. Son père, Iroshi Ito, immobile sur une chaise, reste impassible. Comme ce monolithe sculpté de tissu noir, seul décor sur scène.

Se débarrassant de son masque et de sa tenue traditionnelle colorée pour apparaître dans la même tenue noire que celle dont est vêtu son père, Kaori Ito semble tenter de saisir les émotions paternelles que sa culture japonaise lui rend impossible à communiquer. Ses innombrables questions n’en dissimulent qu’une, la seule importante : « Est-ce que tu m’aimes?« . La scène dépouillée, montrant ses cordages et ses spots, est à la mesure de sa volonté de sincérité. Celle qui lui permettrait d’accéder à cette figure si importante pour chacun de nous : le père.
« Il ne faut pas que tu bouges dans l’espace, martelait son père, mais que ta danse fasse bouger l’espace »
Des moments très forts, comme celui où elle semble naître, apprendre à se déplacer, à quatre pattes, puis debout, malhabile et enfin sûre d’elle, harmonieuse. Celui où elle invite son père à imiter telle ou telle personnalité, pour le voir enfin se relâcher, se libérer. Celui où elle entreprend de mettre à jour une petite partie de ce monolithe mobile pour laisser entrevoir une partie de sa structure. Et cette danse de couple, trop courte à mon goût, où père et fille sont en symbiose et partagent leurs équilibres.

Kaori Ito parle de son père comme figure de l’autorité. Le rôle du père, traditionnellement gardien de l’autorité et de la socialisation, a actuellement bien changé puisque les deux parents ont souvent tous deux des fonctions économiques au sein de la famille. Les familles sont de structures beaucoup plus variées (familles recomposées, mono-parentales, adoptives, procréations médicalement assistées, homosexuelles ). Ce qui est nécessaire à l’enfant pour sa construction psychique serait un « référent paternel « . Les rôles que remplirait cette figure pourraient être le tiers séparateur, la figure identitaire, le porteur de la loi, le rôle de modérateur. La redéfinition de l’image du père est en construction…
Rendre un spectacle dansant est une gageure. Mais votre article donne envie.
J’aimeAimé par 1 personne
A reblogué ceci sur VITRINART.et a ajouté:
KAORI ITO (1979)
7 février 2016 · par CultURIEUSE
J’aimeJ’aime
J’adore! Tu as réussi à faire danser les mots et à donner envie à en savoir un peu plus.
J’aimeJ’aime