Charlotte Salomon (1917-1943) § Résilience

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Charlotte Salomon, « Autoportrait », 1940

Charlotte Salomon est une artiste plasticienne née à Berlin d’une famille juive. Elle perd sa mère à l’âge de neuf ans et son père, chirurgien renommé, se remarie quatre ans plus tard. Par le biais de sa belle-mère, une chanteuse lyrique avec laquelle elle noue une relation compliquée, elle fait la connaissance d’Alfred Wolfsohn (clicker ici) qui apparait dans son oeuvre sous le pseudonyme d’Amadeus Daberlohn. Celui-ci la séduit et elle tombe amoureuse.  Une relation qui offrira à Charlotte une reconnaissance qui la guidera et affermira sa confiance en elle.

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© (pour toutes les images) Charlotte Salomon Foundation, Amsterdam

Elle est admise à l’Académie des Beaux-Arts de Berlin, mais la quitte après qu’on lui ait refusé un prix du fait de sa judéité. Son père est interné dans un camp en 1936. Deux ans plus tard, Elle est envoyée en France à Villefranche-Sur-Mer pour rejoindre ses grands-parents. Ils sont accueillis par une riche américaine, Ottilie Moore, qui sauvera plusieurs enfants juifs des griffes de la Gestapo.

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Photo du Musée juif d’Amsterdam

 

La vie de Charlotte Salomon est marquée par la persécution nazie, mais aussi par la révélation de plusieurs suicides dans sa famille, tous féminins (dont celui de sa mère qu’on lui avait dit morte de maladie), ce qu’elle apprend seulement en 1939, peu après celui de sa grand-mère. Une révélation qui la plonge dans une grave crise existentielle et qui donne lieu à ce geste artistique : contrer le désespoir en racontant son histoire.

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Charlotte et ses grands-parents.

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Entre 1940 et 1942, exilée au sud de la France chez ses grands-parents, elle peint plus de 1300 gouaches de petit format (elle en sélectionne 784) qui racontent l’histoire de Charlotte Kann (=peut), son histoire et celle de son temps. Intitulée « Vie? ou Théâtre? », l’oeuvre est composée de trois parties, comme un opéra peint, écrit et chanté. Un geste de remémoration, de résilience artistique, de survie prémonitoire : « afin de recréer les profondeurs de son être », dans lequel elle intègre des textes, des citations littéraires et des créations musicales.

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La mort de sa mère, puis l’attente d’une lettre qu’elle lui avait promise.

La première image de la série représente le suicide de sa tante en 1913, dont elle porte le prénom, et la dernière la représente elle-même face à la mer, le titre de son ouvrage écrit sur son dos. L’oeuvre entière est peinte à l’aide des trois couleurs primaires bleu, rouge et jaune sur papier et calques. Un travail artistique intime et personnel, la transcription d’une vie intérieure, de la fillette à la jeune femme, mais aussi un témoignage historique sur cette période noire.

Charlotte épouse Alexandre Nagler, un juif autrichien, en 1943. Ils sont dénoncés peu après. Enceinte, elle est arrêtée et gazée dès son arrivée à Auschwitz la même année. Elle a pu confier son travail à un proche aux bons soins de Madame Moore. Il a ensuite été remis à son père qui l’a légué au Musée juif d’Amsterdam.

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Dernière illustration de l’ouvrage de Charlotte Salomon.

 » Une personne est assise face à la mer. Elle peint. Une musique est dans sa tête. Elle s’aperçoit que la musique correspond exactement à ce qu’elle essaye de mettre sur papier. Un texte se forme dans sa tête, et elle commence à chanter la chanson avec ses propres mots… » CS

Le lien du Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris : clicker ici

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Sur la vie de Charlotte Salomon, plusieurs ouvrages ont été édités dont celui de David Foenkinos « Charlotte ».

Pour trouver la force de vivre après la révélation du secret de sa famille, Charlotte Salomon, traversant le séisme de la traque nazie,  se plonge corps et âme durant deux ans dans l’élaboration de son récit autobiographique, sorte de story-board du drame de sa vie. Cette création artistique pourrait être assimilée à un acte de résilience:

« La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir en dépit d’évènements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères » (M. Manciaux et coll., 2001, p17).


Le processus de résilience peut intervenir pour tenter de surmonter un traumatisme. Le terme de résilience est à l’origine la capacité d’un métal à résister aux pressions et à reprendre sa forme. Un concept découvert en 1982 par Emmy Werner, une psychologue américaine qui a suivi un groupe de 700 enfants traumatisés à Hawaï durant trente ans. En France, c’est Boris Cyrunik, psychiatre, neurologue et éthologue qui va le développer et le faire connaître au grand public.

Un lien sur le concept de résilience : clicker ici

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