
Egon Schiele est un artiste peintre et dessinateur autrichien né près de Vienne. D’un père chef de gare et d’une mère venant d’une famille paysanne, il a deux soeurs dont l’une meurt à l’âge de dix ans. Il montre très tôt son intérêt pour le dessin et ses premières peintures datent de 1905, au décès de son père. Il entre à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne en 1906, mais refuse son dictat et la quitte bientôt. Il rencontre Gustav Klimt (clicker ici ) à l’âge de 17 ans lors d’une des premières exposition de la Sécession viennoise. Leur admiration est réciproque. Schiele expose, mais la critique de l’époque, très partagée à son sujet, le trouve excessif.


En 1911, il rencontre Wally Neuzil, une jeune femme indépendante d’esprit, qui devient son modèle et sa compagne. Ses toiles audacieuses et érotiques sont controversées et il purge une peine de trois semaines de prison en 1912 pour outrage à la morale publique. Il s’estime victime d’une injustice et peint, par provocation, sur le modèle du « Baiser » de Klimt, Le Cardinal et la nonne en 1912.

Dès 1913, sa renommée devient européenne et il expose en Allemagne, en France, en Italie et en Belgique. Il apprend la gravure sur bois et l’eau-forte, mais préfère se consacrer au dessin et à la peinture, techniques plus spontanées.

Grâce à des admirateurs influents, il fait son service de guerre, en 1914, dans l’administration. Il épouse Edith Arms en 1915. Elle le suit dans ses transferts militaires et il peut même passer du temps dans son atelier de Vienne. Ses productions semblent plus paisibles.


A la mort de Klimt, il fait son portrait sur son lit de mort.

L’oeuvre d’Egon Schiele emporte l’adhésion lors de la 49e exposition de la Sécession viennoise en février 1918. Un succès qu’il ne savoure que peu de temps. Son épouse Edith, enceinte de leur enfant, meurt durant l’épidémie grippe espagnole en octobre et il la suit trois jours plus tard.

Egon Schiele a peint une centaine d’autoportraits.


Il existe plus de 3000 dessins, aquarelles ou gouaches signés d’Egon Schiele. Ils se caractérisent par la sobriété et le dépouillement de la composition. Au contraire de son Maître Klimt, ses sujets se détachent d’un fond sans ornement. Leur traitement, d’une couleur paraissant morbide, et leurs positions torturées, laissent transparaître une angoisse intérieure profonde. Une place dominante est accordée aux mains, très expressives.

Les nus ont une place privilégiée, Schiele étant fasciné par le corps et ses pulsions. Ses dessins érotiques et provocants évoquent un univers d’angoisse et de jouissance pulsionnelle. En représentant des modèles qui se masturbent, il transgresse un tabou extrême pour la société viennoise du début du XXe siècle. « Toujours souffrir de la torture sexuelle » dira-t-il dans son journal. Au même moment que son contemporain Sigmund Freud, il relie l’être au le sexe, en réaction au puritanisme public ambiant. Pour lui, les corps lisses de la peinture traditionnelle n’ont plus lieu d’être. Ils exhibent leur animalité dans la jouissance et l’impudeur, avec affront et fierté. La sensualité et l’érotisme qui s’en dégagent restent d’une éclatante modernité. Plus sur « Egon Schiele, entre Eros et Thanatos » : clicker ici

Le mot érotisme vient du grec éros qui fait allusion à la passion appliquée à l’amour et au désir de nature sensuelle. En français, il représente ce qui a trait au désir sexuel. L’amour érotique peut se différencier de l’amour romantique (sentiment) ou y être lié. L’excitation émotionnelle et sensuelle provoquée par l’érotisme est mentale et physique. La sexualité, elle, n’est que physique. L’érotisme en art est l’exaltation de l’amour physique. Il provient d’un jugement personnel esthétique, conscient ou non, qui accompagne l’attrait sexuel. L’érotisme se différencie de la pornographie en faisant appel à l’imagination et à la suggestion. Cependant, ce qui peut être qualifié d’obscène ou de pornographique dépend de la culture et de l’époque, s’il existe une frontière entre érotisme et pornographie, elle est subjective.
« L’érotisme, c’est lorsque le vêtement baille. » Roland Barthes
1833, lettre de Georges SAND à Alfred De MUSSET:
Cher ami,
Je suis heureuse de vous dire que j’ai
bien compris l’autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser, je conserve le souvenir de votre
baiser et j’aimerais beaucoup que ce soit
une preuve que je suis aimée et désirée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul et si vous voulez vraiment me voir
vous dévoiler sans aucun artifice une âme
toute nue, daignez au moins venir chez moi,
nous bavarderons franchement entre nous.
Je vous prouverai que je suis la femme
capable de vous apporter l’affection
la plus étroite et aussi la plus profonde,
l’épouse la plus fidèle et la plus sure
que vous puissiez imaginer. Oh! Comme votre
amour me sera doux car la solitude qui m’ha-
bite est longue, dure et sûrement bien
pénible et mon âme en est fortement é-
branlée. Venez vite vous pourrez me la
faire oublier, et à vous je peux me sou-
mettre entièrement.Celle qui vous aime
(relire tout ça une ligne sur deux à partir de « Je suis heureuse…)
Curieu(x)se d’Eros ? http://cabinetsdecuriosites.fr/
Bonne pioche, encore ! Voilà un artiste fascinant, dérangeant aussi, au regard de son époque surtout et de la brièveté de sa vie !I Mais au de là de sa représentations des corps, impudiques, torturés, morbides, j’aime, j’admire profondément l’immense dessinateur qu’il était, son trait m’époustoufle de virtuosité.La puissance de son trait,son sens du corps m’émerveille toujours autant ! Merci une fois de plus
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Oui, talentueux jusqu’au génie. Et les photos que j’ai trouvés de lui sont à l’image de son trait, puissantes. Vivement une expo!
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Trés beau document. J’adore ce peintre qui a donné à voir sa « vérité » sur l’humanité à laquelle nous appartenons. Il a sorti nos corps du carcan dont la société a toujours serré étroitement les liens. C’est important, cette sincérité là…
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La sincérité, et la crudité, voilà le mot que je cherchais tout à l’heure !
L’humanité toute crue !
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…Donc « à croquer »….dans tous les sens y compris pictural, du terme?
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tout à fait !
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J’aimais déja G. Klimt et là je découvre un autre artiste avec un talent très particulier, un coup de crayon ou de pinceau fabuleux. Merci pour ce partage, (nr).
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