Le quartier des arts lausannois Plateforme 10 propose en ce moment une rétrospective intéressante concernant le mouvement surréaliste. Ses trois lieux d’exposition, MCBA, mudac et PhotoElysee présentent chacun une face de cette thématique jusqu’au 4 août 2024.
Les photographies de Man Ray s’exposent au musée cantonal pour la photographie PhotoElysee. Man Ray (1890-1976, bio ICI), artiste expérimentateur de génie, proche de Dada et des surréalistes, grand ami de Marcel Duchamp côtoya le monde artistique de son époque, immortalisant leur image. Les clichés exposés datent des années vingt et trente.

les aficionados de la photographie pourront comparer épreuve, épreuve originale, tirage contact, tirage d’époque et contretype, dont les définitions se trouvent ci-dessous:

Débutant l’exposition avec les clichés des années 20, inutile de dire que je me suis régalée de ceux concernant mon idole, Marcel Duchamp!

Expérimentations, portraits de célébrités, photographe de mode, ses quatre films, les photographies de cette époque intéressent par leur sujet autant que par leur originalité. Des cimaises sont consacrées à ses modèles de prédilection comme Lee Miller, Meret Oppenhiem, Juliet Browner ou Kiki de Montparnasse.

Les photos, rassemblées par thèmes et dates sont très ressérées, mais permettent de s’attarder selon son propre intérêt. Les cartels sont clairs et précis, bien que placés bas dans certains cas. L’exposition se déroule dans une seule salle cloisonnée. Le sol en damier bleu et jaune rappelle la passion des surréalistes pour les échecs liée à cette époque.

Cliquez sur ce lien vers 👉🏼 un entretien réalisé en 1964 avec Man Ray.
Le mudac présente Objets de désir, une exposition du Vitra Design Museum, où années trente et objets contemporains se fréquentent avec pertinence.
Mobiliers d’artistes et designers, quelques peintures, des photos de lieux d’exposition (comme la galerie de Peggy Guggenheim, Art of this Century), objets surréalistes, une exposition captivante, telle un cabinet de curiosités, à découvrir absolument.
Au Musée cantonal des Beaux-arts, MCBA, l’exposition est intitulée Surréalisme. Le Grand Jeu
« Tout bien examiné, je crois en effet qu’il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j’avais d’abord employé. Le mot “surréalisme” n’existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes »
Guillaume Apollinaire (mars 1917)
A l’occasion des 100 ans du premier Manifeste du Surréalisme 1924 par André Breton, sont rassemblées, au premier étage, des oeuvres historiques autour du thème du jeu (échecs, cadavres exquis, devinettes, etc.).


Les femmes ne sont admises dans le groupe qu’à la fin de la guerre! L’exposition actuelle montre de nombreuses oeuvres d’artistes femmes, une heureuse initiative dans l’air du temps (enfin!). Des plus connues, comme Dorothea Tanning, Leonora Carrington, Claude Cahun, Leonore Fini, Meret Oppenheim, Unica Zürn, à celles qui le sont moins, telles Gladys Hynes, Henriette Grindat (lausannoise), Sonia Sekula ou encore Jane Graverol, il vaut la peine de les citer puisque largement invisibilisées auparavant.
Gisèle Prassinos, poétesse et plasticienne, est acceptée pour ses « qualités de femme-enfant » (!). Elle est publiés dans le premier numéro de la revue Minotaure. Son frère Mario Prassinos est peintre non figuratif. Ayant quitté le mouvement surréaliste en 1939, il créera, hormis son oeuvre picturale, des décors et des costumes pour Jean Vilar.
Ci-dessous en vrac, quelques-unes des oeuvres exposées. A noter: Leonor Fini représente Atalante, seule femme Argonaute (1936); Jane Graverol expérimente le collage et représente une figure féminine monstrueuse mais puissante (1967); les autoportraits de claude Cahun brouillant les genres et les sexes; les thèmes fantastiques de Leonora Carrington; Marcel Duchamp représenté en accordéoniste aveugle par sa soeur Suzanne; L’illustration de Guy Fawkes par la féministe et pacifiste Gladys Hynes; l’ensemble « On ne joue plus » de Giacometti.
Quelques « choses », comme il les nommait, de Marcel Duchamp, lequel n’a jamais adhéré à aucun mouvement même si, Dada avant l’heure, il fut le point de départ de bien des pratiques surréalistes, d’un certain esprit du mouvement avec son intérêt pour l’aléatoire. « Un coup de dé jamais n’abolira le hasard » a écrit Mallarmé, auteur lu par MD dès 1911 et dont il dit qu’il était un grand personnage. Il est mis à contribution pour les catalogues et les scénographies des expositions surréalistes dès 1938. (Sur ce lien narration et photos de l’exposition surréaliste de 1938 par Margaux Van Uytvanck).
Rotoreliefs (1935): de 1 à 12 , ils s’intitulent Corolles, Œuf à la coque, Lanterne chinoise, Poisson japonais, Escargot, Eclipse totale ou Spirale blanche. « Divertissements visuels », selon MD, d’une taille de 20 cm de diamètre pour les plus grands, ces disques colorés aux motifs psychédéliques avant l’heure s’utilisent sur un phonographe
Obligations (1925): « J’aimerai forcer la roulette à devenir un jeu d’échec.(…)Vous voyez, j’ai arrêté d’être un peintre, maintenant je fais des essais sur la chance. »MD (clic pour plus)
Prière de Toucher: Couverture du catalogue de l’exposition »le Surréalisme en 1947″, galerie Maeght. Dépasser le sens de la vue au profit du toucher.
Why not sneeze, Rose Selavy? (1921-1964): 152 cubes de marbre avec un thermomètre, un os de seiche, petit récipient en porcelaine. Readymade aidé. Trompe-l’oeil: la maîtrise-la science-la mort-le poids-la création-la durabilité.
Cliquez sur ce lien vers 👉🏼 un entretien avec Marcel Duchamp

Au deuxième étage, 👀 :::: pas encore visité, il faudra revenir!

