Au Théâtre de Vidy, Lausanne, du 21 au 24 mars 2024

Est-il envisageable d’archiver un patrimoine culturel de danse? Serait-il pertinent de stocker des mouvements chorégraphiés dans une base de donnée? Et pour quelles bonnes raisons? Ce mode de transmission serait-il utile?

Autant de questions que se sont posées Rohee Uberoi et Simon Senn lors de leurs échanges à distance par vidéoconférence.

La première, danseuse indienne de bharata natyam, pratique cette danse ancestrale depuis son enfance. Le second est artiste et  travaille le sujet des effets de la technologie virtuelle sur les relations humaines. (précédents ici et Là)

La question du mouvement humain est au coeur du récit de leurs dialogues, prospectant leurs pratiques respectives de la danse et de la course à pied. Simon Senn numérise sa propre mobilité particulière en course à pied (pensée pour les travaux photographiques de Muybridge au XIXe). Quant à la danse de Rohee Uberoi, elle possède un caractère sacré qui entremêle spiritualité, tradition et dévotion. Digitaliser une telle pratique, transmise habituellement par héritage matrilinéaire, ne serait-ce pas la vulgariser, l’appauvrir?

Entre tradition et innovation technologique, les protagonistes démontrent les difficultés philosophiques et anthropologiques qu’iels ont rencontrés lors de l’élaboration de leur projet. De la marche, mouvement inné et banal, à la danse traditionnelle, gestes et postures apprises bien que personnellement formulées, c’est toute la question de l’expression de l’individualité qui est posée.

Le spectacle reste vivant, malgré et avec l’écran, aussi ludique dans sa forme que passionnant dans ses questionnements.