« Dispute » exposition

Au Château de Nyon jusqu’au 28 avril. Entrée gratuite tous les dimanches avec visite guidée à 14h30.

Après Ugo Rondinone et Wim Delvoye au Musée d’art et d’histoire de Genève, c’est le Musée du château de Nyon qui invite un artiste à mettre en scène une exposition. Choisissant des oeuvres anciennes et nouvelles de la collection, Pierre Schwerzmann convie le public à confronter son regard à un accrochage saisissant, mêlant toiles et photographies, peinture académique et abstraction ou installation contemporaine du 19e siècle à nos jours.

Maquette de l’exposition, Pierre Schwerzmann, 2024

« Pourquoi « Dispute » pour titrer cette exposition? Ce mot à double sens signifie aussi bien débat, discussion, échange que conflit, désaccord. Il me paraissait convenir à l’idée de confronter les oeuvres de la collection dans leurs diversités relatives au temps de leur création, aux thématiques, aux styles. C’était aussi une façon de mettre en scène une histoire de générations, de goûts et de couleurs, dont il ne faudrait, en principe, pas discuter. Alors discutons-en, disputons-nous! » Pierre Schwerzmann, peintre, Nyon

Le lieu lui-même, intelligemment rénové, propose des cimaises anciennes ainsi que des panneaux de couleur amovibles. L’artiste commissaire d’exposition a conçu une maquette très précise avec le choix et les dimensions des oeuvres qu’il a choisies parmi la collection du musée. Pas moins de 350 objets en font partie, une sélection de travaux d’artiste en lien avec la ville de Nyon, par leur origine, leur résidence ou leur activité. Pierre Schwerzmann en a sélectionné 150, produites par 80 artistes, pour cet accrochage.

Vue de l’exposition

Les dilettantes sont même conviés à assembler des reproductions miniatures des oeuvres exposées selon leur choix sur un petit tableau blanc aimanté. Un jeu par lequel il est possible de combiner de nouveaux jumelages entre les images et d’inventer une nouvelle histoire.

Je n’ai pas envie de spolier l’imagination des futur.e.s regardeur.euse.s en leur montrant trop d’images. Il faut vraiment aller sur place pour goûter à l’originalité de cet évènement. Voici cependant deux brefs exemples d’accrochages parmi d’autres:

Vue de l’exposition

Un grand monochrome cyan de l’artiste Sylvain Croci-Torti côtoie deux petites toiles réalistes, une scène de genre et une vue proche du château de Nyon (désolée de n’avoir pas noté les signatures). Quel pourrait être le lien entre ces trois oeuvres? Le lac, dont on aperçoit le bleu étale sur les deux petits tableaux anciens, renvoie à sa couleur changeante, que ce soit durant les jours d’été, comme le suggère la scène des pêcheurs, ou ceux d’automne du paysage aux arbres dorés. Ce bleu plus sombre, dont le rouleau du peintre a sillonné la surface de la toile, engage la pensée vers l’étendue lémanique d’un jour d’orage ou vers les abysses mystérieuses de ses profondeurs, ou encore vers les allers retours des vagues inondant partiellement la plage, comme l’évoquent les fins détails non recouverts par le mouvement du peintre.

Un autre exemple avec la réunion de ces quatre oeuvres, deux photographies, une peinture et une sculpture. Peut-être est-il ici question de la vue. En effet le buste est une tête aux yeux fermés, le portrait de la personne de gauche se cache son regard tandis que l’artiste a découpé des lunettes sur celle de droite. La peinture quant à elle évoque une énorme pupille ou une cible, et que fait-on lorsqu’on visite une exposition sinon cibler ce qui nous attire? Les coulures pourraient  des rêves de larmes et rappellent aussi l’aspect mouillé de l’oeil.

Finissage expo Schwerzmann

Aucune oeuvre de Pierre Schwerzmann dans l’exposition de Nyon, mais un oeil et un geste artistique créant des tableaux avec les tableaux. La Galerie 10, avenue des Alpes 10, Lausanne, clôture aujourd’hui une session d’exposition à son nom où deux grands formats et plusieurs petites toiles formaient un ensemble saisissant. Il est habituellement représenté par la galerie Skopia à Genève.

 

 

 

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