« Une autobiographie de Nina Childress » par Fabienne Radi

1024 — Autoportrait au pince nez — 2019 — huile sur toile — 50 x 40 cm

Ce sont deux livres qui se consultent, se lisent et se regardent simultanément. Le premier, vert fluo, raconte la vie tumultueuse de l’artiste peintre Nina Childress. Ecrite par la formidable écrivaine Fabienne Radi, cette biographie se lit comme un roman. L’astuce en plus? au gré de la lecture, on est renvoyé à une oeuvre (➜page du catalogue) qui correspond à l’épisode temporel que l’on est train de lire dans la bio. Une façon passionnante de consulter un catalogue raisonné.

Partant des enregistrements de conversations avec l’artiste, Fabienne Radi[A] a transcris ses propos dans son style truculent, où s’insinuent les digressions culturelles d’un supposé vérificateur[V], précisant certains évènements, faits ou personnages qui apparaissent au cours du récit de l’artiste[N].

Les 1081 peintures de Nina Childress(site) répertoriées dans ce catalogue se déclinent du début des années 80, temps où elle signait de son nom punk  Nina Kuss, jusqu’aux « Suites de chaises » de 2020. C’est d’une diversité folle. Autodidacte, elle a peint des aliments, des bébés, des tupperwares, des savons, des chevelures, des intérieurs, des nudistes, des stars, des jumelles, des cantatrices, des Simone de Beauvoir (et ses pensées!), etc. Elle est passée par le pop art et l’art  cinétique, la figuration libre, le collage, le portrait, avec des escales hyperréalistes ou encore images floues. Son travail fait autant penser à Filliou (« bien fait, mal fait », auquel elle ajoute vite fait!) qu’à Warhol, Richter ou Picabia, tout en restant extrêmement personnel.

Elle le dit elle-même: obsessionnelle, elle a appris en faisant. Comme Marcel Du…champ, n’est-ce pas? (j’ai moi aussi mes obsessions…). Impossible de passer à côté d’un homme pareil, même si c’est grâce à Peggy G.

Peggy G. faisant tourner le méchanisme de F.Kiesler et regardant défiler 14 reproductions de la « Boîte-en-valise » de Marcel Duchamp (1942). Fusain de Nina Childress, 2005.

Elle a tant bien que mal réussi à en vivre, jusque dans les années 2000. Ayant trouvé « son » galeriste en 2007 (Bernard Jordan) et un poste d’enseignante à Nancy, ses peintures de nudistes mettent le feu en 2014.

Et il y a le texte de Fabienne Radi. Comme à son habitude, il est constellé d’infos, pas seulement sur Nina Childress, mais aussi sur la pop culture et ses icônes. Son art de conteuse est infaillible, j’ai déjà conseillé ses publications sur ce blog.

Fabienne Radi, Nina Childress, Susanna Shannon
Nina Childress: 885 — Having coffee — 2013 — huile sur toile — 38 x 46 cm

Fans de peinture, des 80’s et 90’s, de variété, d’art populaire et d’artistes hors-normes, ne manquez pas cette publication d’une richesse incomparable puisqu’elle tient lieu de roman, de biographie, de monographie, de référence à la pop culture et d’album décalé!

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Une autre autodidacte : Agnès Turnhauer

Le musée des beaux-arts de la Chaux-de-Fonds (mbac) propose une traversée de l’œuvre de Nina Childress sous l’angle de l’évocation du corps par une de ses parties, une partie justement particulièrement liée à la représentation de soi : la chevelure.

Exposition jusqu’au 11 avril 2023 au musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds
Nina Childress, Gravity (Shelley), 2022

2 réflexions sur “« Une autobiographie de Nina Childress » par Fabienne Radi

  1. Chère Martine, ça faisait si longtemps que je n’avais pas rendu visite à ton blog, encore plus beau qu’avant, toujours aussi riche. Mais comment, moi, suivre tout ça, tous ces artistes qui ne sont pas visibles par chez moi? Alors je vais trouver un peu de temps pour continuer à m’instruire, comme on disait au XXéme siècle ! En tous cas, merci Martine

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    1. Très chère Simone, ne t’inquiète pas, je sais mieux que personne que les intérêts et les occasions sont tellement diversifiés sur internet qu’il est impossible, à moins de passer son temps sur l’ordi, de tout suivre. Il faut picorer et toi, ton temps de lecture est déjà énorme! J’ai moi-même plusieurs livres en route, mais ce sont des bio ou des essais et l’oeuvre de Marcel Duchamp, qui me passionne infiniment, m’est chronophage. J’adore lire tes chroniques parce qu’elle sont si riches qu’elles me permettent de goûter à un roman comme une dégustation oenologique. Même si je ne les lis pas, leur parfum m’atteint à travers tes mots et ton style. Je t’embrasse!

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