
Comme emmaillotés dans les plis artistiquement drapés de cette camisole (de force?), ces visages d’enfants au regard fixe et déterminé semblent scruter le regardeur. Sans animosité, mais avec pénétration. Aucun mouvement ne leur est possible, leurs membres sont invisibles. Qui les a si amoureusement ligotés?

Toujours ce regard planté sur le visiteur… Groupe de jeunes filles assises. Libération en cours? des individualités se discernent, par le vêtement, par la position. Une peinture contemporaine et académique à la fois. Un fond neutre et des personnages en pleine lumière, l’éclairage est frontal et pourtant il règne une certaine pénombre.


Ceux-ci ont l’air moins grave, certains même regardent ailleurs, ne nous affrontent pas. L’amorce d’une fuite? C’est fou comme l’absence de sourcils élimine l’expressivité. Ils sont gaiement vêtus et tournent le dos à l’enfer. Lesquels s’adapteront? Lesquels se réaliseront?
Très jeune, Claire Tabouret a cru se noyer dans les Nymphéas de Monet. Une impression physique qu’il lui fallait exorciser par le dessin immédiat. Elle ne s’arrêtera plus. Peintre depuis toujours, ses années aux Beaux-Arts de Paris changent son approche, questionnent sa pratique. Elle efface sa production et reconstruit sa démarche. Elle travaille alors à partir de photographies pour en faire ses « prosôpons » (visage et masque à la fois, puis aussi présence, apparence).
Durant plusieurs années, elle commence ses journées par un autoportrait sur papier de riz, comme une mise en bouche pour entrer la résistance de son sujet.
Allez voir son site, les accrochages de ses expositions paraissent superbes : http://www.clairetabouret.com/

« Il est absolument impossible d’obtenir d’un enfant qui entre dans ce désir de poésie, d’art, qu’il se soumette déjà. C’est une activité qui apprend l’insoumission, vraiment. »
Pierre Guyotat, Explications, Entretiens avec Marianne Alphant, 2000
Les photos (sauf les insoumis) proviennent de l’exposition « Les Veilleurs » visible à la Fondation Lambert d’Avignon jusqu’au 24 juillet.
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Faut-il abandonner une partie de soi pour s’adapter au milieu que l’on fréquente? Faut-il refuser de se soumettre pour sauvegarder son être profond?
Cliquer sur le titre pour voir la pièce J’abandonne une partie de moi que j’adapte vue au festival off d’Avignon. Elle en vaut la peine!
En psychologie, l’adaptation est la modification du comportement de l’individu qui maintient sa vie en relative harmonie avec les nouvelles données du milieu ou un nouveau milieu. Au contraire, s’il s’avère une difficulté d’évolution, sans possibilité de retour au milieu antérieur, des troubles de l’adaptation peuvent apparaître.
A reblogué ceci sur VITRINART.et a ajouté:
21 juillet 2018
CLAIRE TABOURET (1981)
par CULTURIEUSE Biodiversité artistique.
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Coucou – on dirait que le lien ne mène pas à « J’abandonne une partie de moi que j’adapte »
Besitos !
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Oh merci, je vais voir ça…
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Voâââlà, réparé!
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Magnifique mais terrifiants ces groupes d’enfants mort-vivants.
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Impressionnant, oui. Peut-être moins « vivant » en photo que dans l’expo. Merci pour le commentaire!
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