Ecrivain américain
Philip Roth, petit-fils d’immigrés juifs, passe son enfance à Newark dans le New Jersey à proximité de New York. Après des études dans plusieurs universités, il enseigne les lettres et la composition jusqu’aux années soixante et continuera d’enseigner de façon intermittente la littérature comparée. C’est avec Portnoy et son complexe, son troisième roman paru en 1969, qu’il acquiert une renommée internationale. L’histoire d’un homme d’une trentaine d’année qui livre les évènements de son enfance et de son adolescence à son psychanalyste. Le récit s’organise autour de sa famille, du milieu juif américain et de ses rapports difficiles avec les femmes. Alexander Portnoy y relate son obsession pour le sexe, sorte d’échappatoire à une mère toute puissante, avec un humour corrosif et une verve d’une délicieuse incorrection.
« Elle était si profondément ancrée dans ma conscience que, durant ma première année d’école, je crois bien m’être imaginé que chacun de mes professeurs était ma mère déguisée. »
Portnoy annonçait Nathan Zuckerman, un des « doubles » fictionnels de Philip Roth. Un cycle de neuf livres où il apparait en tant que personnage principal ou secondaire. Cet archétype du romancier américain, assailli de problèmes existentiels et amoureux, apparaît en 1979 dans L’écrivain des ombres (The Ghost writer). On suit, sur trente années, le parcours de Zuckerman. Depuis ses débuts d’écrivain et le conflit avec son père (qui finira par le répudier sur son lit de mort) et la communauté juive, en désaccord avec la parution de son roman. En décidant de publier tout de même, il conserve sa liberté d’artiste créateur, mais se met à l’écart de la culture qui l’a construit. Sa vie en est bouleversée. La trilogie de Zuckerman est réunie sous le titre de Zuckerman enchaîné, c’est l’image d’un écrivain enchaîné à son oeuvre et isolé de sa communauté. Dans trois autres romans de Philip Roth (Pastorale américaine, J’ai épousé un communiste, La tache), Zuckerman devient observateur et narrateur, une distance mise à profit d’une fine analyse de la société américaine. Le dernier opus (Exit le fantôme, ici en téléchargement), paru en français en 2009, referme le cycle et montre un homme dégagé de ses idées politiques (contrairement à Philip Roth) et qui se « désintègre » du monde après avoir tenté le retour à New York et rencontré la génération des jeunes écrivains incarnée par un biographe! « New York avait eu sur moi l’ effet qu’il a sur tout le monde: il avait ouvert le champ des possibles.«
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/philip-roth-jubile-a-new-york_823736.html#MrRB954HHAZbIxki.99
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/philip-roth-jubile-a-new-york_823736.html#MrRB954HHAZbIxki.99
« Némésis », le tout dernier (31e) roman de Philip Roth est publié en langue française en 2012. L’histoire se déroule en 1944. Bucky Cantor est un professeur de gymnastique bourré de bonnes intentions (mais l’enfer n’en est-il pas pavé?). Il se dévoue pour le bien-être sportif des enfants, culpabilisant de n’avoir pas été enrôlé dans l’armée pour cause de vision défaillante. Mais une épidémie de poliomyélite ravage la région. Cantor finira par se découvrir porteur du virus , ayant contaminé nombre de ses élèves. Incapable d’accepter son destin, sa vie brisée par une immense culpabilité, il se mortifie et s’interroge sans fin sur les raisons pour lesquelles la maladie touche certains, cherchant absolument une raison et un fautif (Dieu ou lui-même) à ce cataclysme qu’est cette épidémie. Les foudres de Némésis, déesse grecque chargée de punir l’excès de bonheur, les outrages ou l’orgueil, il se les inflige lui-même.
§
Les ouvrages qui mêlent autobiographies et fictions sont qualifiés d’autofictions (cf « autofiction et autres mythomanies littéraires » Vincent Colonna). Ici, l’auteur est à la fois l’acteur et le metteur en scène. A ne pas confondre avec le roman autobiographique.
« Je ne crois pas que la biographie d’un écrivain ait à voir avec ses livres.(…) Il serait trop simple de croire que l’écrivain n’écrit que sur ce qui lui arrive. La plupart du temps, j’écris sur ce qui ne m’arrive pas parce que je suis curieux. » Philip Roth
L’autoportrait artistique, que révèle-t-il?
Peut-être le plus ancien : Jan Van Eyck, 1433
Peut-être le plus prolifique(une centaine) : Rembrandt, 1661
Légèrement amélioré…? Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun(1790)
Exhibitionniste : Egon Schiele (1912)
Douloureux : Frida Kahlo (1944)
Méconnaissable : Francis Bacon (1969)
Aujourd’hui, l’autoportrait populaire a pour nom selfie !
Aki Hoshide, astronaute japonais (2013)
A la biennale d’Art contemporain de Lyon : « (…)Un homme déambulant de salles en salles, et s’arrêtant pour se photographier avec son téléphone. Mais se photographiant avec soin, en prenant des pauses. Au fur et à mesure de sa déambulation, l’homme se déshabillait, jusqu’à finir tout nu, et continuant de se photographier. Cette performance est une œuvre de l’artiste américaine Xavier Cha et elle s’intitule « Desembodied Selfie » « Selfie désincarné ». Je dis« Selfie » (il est entré dans le Oxford Dictionnary), car c’est le nom donné à cette pratique : l’autoportrait au téléphone portable.(…) » Xavier de la Porte
Sur France Culture une émission de 2013 : Le selfie, nouvel art de l’autoportrait?